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Le 04 mai 2016

Face à Face d'auteurs : Dany B. et Marguerite Rothe

Dany B. et Marguerite Rothe se sont biens lues : on sent la précision des regards aiguisés sur leur travail réciproque. Mais on sent aussi une empathie de femmes, un respect sans indulgence. Elles ont l'impression de se connaître mais se surprennent. Hasard ou quête inconsciente, elles introspectent toutes deux la face cachée de deux destins complexes, le journal d'une morte pour l'une, la psychothérapie pour l'autre. Par dessus tout, elles donnent envie de lire leurs livres. Un très bon Face à Face d'auteurs lecteurs.
Deux bons auteurs traitent de la compréhension de l'autre et de soi-même.Les chemins pour comprendre l'autre et soi-même sans se perdre.

Roman.
Dany B. pour Le Journal d'Amaia ou les Synchronicités d'un ange de Marguerite Rothe

L’histoire… Qui ne s'est jamais posé de question sur la concomitance de deux phénomènes successifs ?
Synchronicité ? Hasard ? Polo, en panne d'auto, se retrouve seul, au bord d'une route à attendre un ami. Dans cette attente, son regard va tomber sur un carnet enfoui dans les herbages. En le parcourant, il s'aperçoit que c'est un journal intime, celui d'une inconnue, celui d'Amaia. Quelle ne fut pas sa surprise d'apprendre par la bouche de son ami qu'une femme avait perdu la vie dans un accident de voiture à cet endroit précis. Pour Polo, cela ne peut être dû au hasard et va donc poursuivre sa lecture pour découvrir le fin mot de l'histoire.

J'ai aimé l'entrée en matière avec le périple d'Amaia le temps d'un week-end parisien puis les multiples rebondissements après son retour. Cette écriture nous amène dans ses pensées intimes, dans son cheminement personnel, ses interrogations et ses doutes, comme tout à chacun. Cette introspection par les notes inscrites dans son carnet nous invite à être proche de l’héroïne et de son vécu. Quand on commence la lecture, on la poursuit jusqu’au bout d'abord pour le personnage et ensuite pour comprendre comme Polo.

Le charme et la précision des écrits de Marguerite Rothe sont une fois de plus au rendez-vous. Que choisir : écriture poétique, affûtée, douce, généreuse, piquante, gourmande ( en lisant vous comprendrez ce qualificatif). Oui, on y est, l'ensemble est un savoureux mélange qui donne du piment au récit.

En revanche, cette tranche de vie racontée est trop courte. J'ai été frustrée de connaître la fin si rapidement, la curiosité est croissante sur plusieurs pages et retombe presque comme un soufflé. Non pas sur l'effet de surprise (auquel on ne s'attend pas au passage) mais plutôt par la rapidité de sa connaissance. Ce récit aurait mérité quelques chapitres en plus, car quand on aime, on ne compte pas et moi, j'ai adoré !! Merci Marguerite pour ce partage.

Dany B.

Nouvelle.
Marguerite Rothe pour Une vie pas commode de Dany B.

L'histoire. Une vie pas commode, c’est l’histoire de Solange. La pauvrette, elle qui est si patiente avec les autres, elle est dépressive ; pour tout dire, elle en a marre d’être si mal considérée, la plupart du temps. Alors elle se dit qu’il est grand temps pour elle d’entamer une thérapie ; une vraie de vraie, oh ça oui, elle va tout dire, TOUT ! Parce que parler, ça soulage, paraît-il. C’est qu’elle en a vu, des choses, Solange. Et comme sa vie est longue, alors il y a de quoi raconter, croyez-le ! Imaginez ce que pourrait relater Gaston, votre fauteuil préféré, si aujourd’hui on lui donnait la parole, comme à Solange qui, elle, est une commode…

Ce que j’aimé. Une vie pas commode est l’un des premiers textes que j’ai lus sur monBestSeller. Tout d’abord, j’ai fait comme vous tous avant d’ouvrir le livre, j’ai lu la « bio » de Dany B. ; j’y ai fait la connaissance d’une jeune femme, Normande de naissance, qui se présentait naturellement, simplement, sans chichis.
C’est avec la vision de cette jeune femme, en train d’écrire penchée sur son bureau, quelque part en Normandie, et réellement passionnée par ce qu’elle faisait, que j’ai ouvert et lu Une vie pas commode.
Intriguée, je me demandais comment l’auteur allait s’y prendre pour capter mon attention sur un thème aussi simple, aussi improbable. En fait, dès les premières lignes, la question que je me posais une demi-minute auparavant est tout de suite tombée aux oubliettes. C’était Solange qui venait de m’embarquer pour un voyage dans le temps ; vite, comme s’il y avait un train à prendre, et qu’il ne fallait surtout pas le manquer.
Tout au long de son récit, Solange parlait d’elle, de ses émotions, de sa perception du monde, de ses rêves, de ses tristesses et de ses joies, mais surtout, c’étaient ses rencontres avec le monde qui primaient dans la narration de ses aventures au pays des humains. Un univers complexe où le bien et le mal se côtoyaient, se croisaient, se blessaient. Un jeu de vie et de mort. La vie, en somme. Solange voyait le temps s’écouler, long, inéluctable, fait d’oublis, d’amertumes, d’amour, de colère. Tout cela la rendait triste ou heureuse, mais la faisait grandir. Elle avait un merveilleux souvenir de sa jeunesse, disait-elle, mais à mesure que le temps passait, sa vieillesse, plus qu’un fardeau, lui apparaissait comme une belle récompense de l’existence.
En refermant le livre, j’ai pensé que Solange était un vrai et beau personnage, et si d’aventure elle sortait de la fiction, personne ne remarquerait sa condition de commode.

Ce que j’ai encore plus aimé. À aucun moment au cours de ma lecture, les petites maladresses et menues imperfections du récit n’ont pu entamer mon plaisir, car en refermant le livre de Dany B., j’ai senti un sourire fugace sur mes lèvres ; je venais de lire une bonne petite chronique, charmante et plutôt bien ficelée ! La mission première d’un auteur de fiction, c’est d’embarquer son lecteur dans une histoire où il va s’évader, rêver, voyager, réfléchir, rire, pleurer, aimer, détester, s’exalter… Si l’auteur parvient à faire éprouver au moins deux ou trois de ces sentiments à son lecteur, alors il a réussi son pari d’écriture. Avec Une vie pas commode, Dany B. a rempli sa mission !
Quelle fraîcheur, ai-je pensé, quel « œil », quelle distanciation aussi, sur ce que sont le monde, la condition humaine. Ses autres textes, que j’ai lus par la suite, ont confirmé mes impressions premières. Car Dany B. est dotée d’une belle sensibilité, bien ancrée dans le réel, ainsi que d’un imaginaire bien développé, et je suis convaincue que ses qualités ne pourront que s’épanouir dans le temps, et son potentiel d’auteur avec.

Plutôt que des réserves, des encouragements et des recommandations amicales. Écrivez, Dany B., encore et encore, tout le temps, à propos de tout et de rien, parce que c’est avec la pratique que s’acquièrent souplesse et savoir-faire ; les écrivains sont eux aussi des athlètes, des artisans ! Il y a également un autre moyen pour se perfectionner, très agréable et qui ne coûte rien : lire. Lisez, beaucoup, vraiment beaucoup, et de préférence les auteurs classiques… Balzac, par exemple – si ce n’est déjà fait –, parce que sa maîtrise de l’écriture et de la langue française est établie depuis fort longtemps, que ses histoires sont à tomber, et que la psychologie de ses personnages est d’une rare profondeur. Les grands auteurs ont tant à nous apprendre. Des profs à disposition, rien que pour soi-même, si l’on veut !

Chère Dany, adessias e amistanço ! *

Marguerite Rothe

* Au revoir et amitié solidaire ! (en Provençal)

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@lamish Bonjour Michèle. Merci pour votre soutien, d’autant que le face-à-face est maintenant « archivé », c’est très gentil et j’y suis très sensible. Écrire un article… si on m’avait dit ça, un jour ! Ce que j’aime sur ce site, c’est les relations entre auteurs et lecteurs qu’il permet d’instaurer, notamment grâce à genre d’action, comme les face-à-face ! Je vous fais mes amitiés, @pluss. Marguerite

Publié le 16 Mai 2016

@Lamish, merci pour votre retour et pour ces quelques lignes fort appréciées de ma personne. Comment pourrait-il en être autrement? Il est encourageant et formateur d'évoluer parmi les bons auteur(e)s qui publient sur ce site. Ce face à face m'a fait peur, mais comme Marguerite, je l'ai pris comme un exercice dont il fallait être à la hauteur. Non, pas pour soi, mais pour l'autre ( en face justement), je suis enchantée si vous êtes réceptive à celui-ci.

Publié le 15 Mai 2016

@Elen Brig Koridwen, merci pour votre agréable retour. Vous avez raison ( vous-même et Marguerite), lire est formateur, en plus d'être un formidable bouillon de culture. On ne peut pas écrire si on ne lit pas et on écrit comme on aime lire, je présume. J'espère avoir le plaisir d'avoir un de vos avis sur mes écrits.
@Marguerite Rothe: Je ne veux pas être redondante dans mes propos alors je vais rester sobre: merci Marguerite, vraiment.

Publié le 09 Mai 2016

Merci @Elen Brig Koridwen pour votre gentille intervention ! Oui, les "piles à lire", ah là, là... tout une histoire.Quand je regarde la mienne, j'ai beau la zieuter, je ne la voit pas diminuer ; c'est une habitude de longue date, que ces piles de lectures programmées. Aujourd'hui, ma PAL papier est nettement moins haute qu'autrefois, en revanche, celle des livres électroniques est vertigineuse. Oui, lisez les petites histoires de Dany, elles ont un "je ne sais quoi" de sympathique, de frais et de naturel ; sa petite dernière, "La Chambre de mamie" a été pour moi, un vrai plaisir de lecture. Chère Elen, au plaisir de vous croiser d'autres fois sur mMs, Bien à vous, Marguerite.

Publié le 09 Mai 2016

@Marguerite Rothe @Dany b
Mesdames, quelle cruauté ! Vous me faites sentir plus durement encore mon manque de temps pour lire. Bientôt, peut-être... La liste de mes lectures en retard est désolante, mais vous y figurez désormais ! @Colette bacro m'avait déjà dit grand bien de Marguerite, qui me donne donc d'autant plus envie de découvrir Dany... Excellente idée, décidément, que ces face-à-face !
Marguerite, je ne peux qu'approuver votre conseil à Dany, je le répète souvent à "mes" auteurs : d'abord et toujours, lire, lire, lire ! Nous sommes faits de ce que nous avons lu, et les grands écrivains sont de grands maîtres... Tous les auteurs le sont, d'ailleurs ; écrire, c'est apprendre sans cesse, apprendre sans fin, de nos Pères comme de nos pairs.
Merci à toutes les deux pour cet agréable moment.

Publié le 08 Mai 2016

@Dany b ; J'ai pris la rédaction de ce face-à-face comme un exercice d'écriture que je n'avais jamais pratiqué, et je dois bien avouer que j'avais un peu les chocottes... Très sincèrement, j'espère être arrivée à faire ressentir aux lecteurs ce que moi-même j'ai ressenti en vous lisant. Ce que j'ai lu de vous, entre les mots de vos textes. Je vous dis un grand merci pour cet échange, et pour vos compliments, que je vous retourne, ils me vont droit au cœur ! @Colette bacro ; je n'ai jamais eu de fan, du coup, je suis tout intimidée ! Merci pour votre intervention, comme Dany, j'y suis très sensible. Au plaisir de vous croiser de nouveau sur d'autres fils de discussion. Bien amicalement à toutes les deux. PS : chère équipe mBs, un grand merci à vous tous d'avoir publié notre face-à-face !

Publié le 04 Mai 2016

Merci infiniment Marguerite, je ne sais que répondre face à ces nombreux compliments, au delà, votre bienveillance et votre suivi de mes écrits me touchent, sachez que je prends bonne note de tous vos conseils. J'espère avoir donné envie à des lecteurs de vous lire parce que vous êtes un très bon auteur, j'approuve bien entendu le retour de Colette. Amitiés. Merci également à monbestseller pour ce joli préambule et cette vitrine, à notre disposition.

Publié le 04 Mai 2016