Interview
Le 21 déc 2015

Autoédition. Prix Concours 2016. Gilles Elana nominé

Gilles-Elana-nominé-Prix-Concours-de-l-auteur-indépendant-2016"... je n'ai pas abandonné l'idée d'une écriture de l'émotion, qui saisit le lecteur"

Gilles Elana ouvre la liste des nominés au Prix Concours monBestSeller de l’auteur indépendant 2016. Sélection de décembre, il signe Monsieur Malatesta, un roman d'apprentissage, un récit sur le deuil de la candeur repéré par le mCL -le Club des Lecteurs- et suivi par les lecteurs du site et mBS. Rencontre avec un jeune auteur autoédité à l’écriture très mature qui disperse au fil de son texte quelques belles références littéraires et philosophiques et affirme « qu'on s'amuse bien plus avec un personnage médiocre qui suscite aussi bien la pitié que le rire qu'avec un personnage véritablement héroïque qui, lui, doit se montrer digne de son rang ». Démonstration réussie.

Question: 

Vous êtes jeune, et « Monsieur Malatesta » est votre premier roman. Cependant, vous faites preuve d’une grande maturité d’écriture. Et déjà d’un vrai savoir-faire dans la répartition des rôles de vos personnages. Vous, vous définissez comme un « écrivaillon hédoniste ». Vous pouvez nous en dire un peu plus sur votre rapport à l’écriture ?

Réponse: 

J'aurai bientôt vingt-six ans mais j'ai commencé à écrire il y a huit ans déjà. À l'époque, je ne lisais que de la science-fiction et de la littérature fantastique. J'écrivais des nouvelles dans la lignée de celles de l'américain Howard Phillips Lovecraft (1890 - 1937) qui a créé une œuvre ésotérique où se croisent les dieux qui errent aux portes de la Terre et les hommes qui leur vouent un culte secret. Même si je me suis depuis éloigné de ce type de littérature, je n'ai pas abandonné l'idée d'une écriture de l'émotion, qui saisit le lecteur. Je crains toutefois que mon écriture soit incompatible avec les grandes descriptions de lieux et de personnages qui peuvent occuper plusieurs pages dans les romans que nous ont laissés les grands noms de la littérature. J'ai tendance à privilégier l'action et le dialogue à la description.

Je me définis comme « écrivaillon » par jeu, car j'ai parfaitement conscience que ni ce premier roman ni ceux qui suivront à l'avenir ne révolutionneront le monde des Lettres. Si j'ai pu penser (à une époque lointaine) que je deviendrais un grand écrivain, je me suis heureusement délesté de cette vanité depuis quelques années.
Enfin, je me définis comme « hédoniste » car l'écriture est un plaisir qui me permet de créer des histoires dans lesquelles je m'oublie moi-même pour un temps donné. Comme le héros de mon roman, j'ai tendance à fuir la réalité au lieu d'y faire face. C'est peut-être la seule chose qui me rapproche de lui.

Question: 

Votre récit mêle à la fois des références littéraires et philosophiques fortes, et un réalisme plein d’affection. On sent par exemple une part de réalité dans l’affection du héros pour ce lieu quelque part dans le sud, et les rosiers de sa mère… Avez-vous marié une part d’inspiration et une part autobiographique ?

Réponse: 

Les références auxquelles vous faites allusion sont prépondérantes car, comme n'importe quel individu, je suis le fruit d'influences diverses. En tant qu'auteur, ce sont essentiellement mes lectures qui ont façonné mon identité et ce que j'ai de style. En dispersant quelques références au fil du texte, je rends en quelque sorte hommage à ceux qui m'ont précédé et influencé, j'affirme mon appartenance à une civilisation érigée tout au long des siècles.

J'ai pris pour cadre un environnement champêtre car c'est encore le décor que je connais le mieux étant donné que j'ai passé la majeure partie de ma courte existence à la campagne. L'affection du héros à l'égard de sa terre natale est celle que j'ai moi-même à l'égard de la mienne. Afin d'accroître le réalisme du personnage, je me suis évertué à me remémorer ce que m'inspirait l'environnement de mes jeunes années. Nous n'avions malheureusement pas de jardin et je n'ai jamais eu la main verte.

En revanche, je n'ai pas l'impression d'avoir fait mon portrait à travers celui du héros, pas même de manière inconsciente, car tous mes personnages sont plus ou moins des médiocres et j'espère valoir mieux qu'eux. Je suis d'avis qu'on s'amuse bien plus avec un personnage médiocre qui suscite aussi bien la pitié que le rire qu'avec un personnage véritablement héroïque qui, lui, doit se montrer digne de son rang.

Question: 

Au cœur de votre roman, une question : comment quitte-t-on la candeur de l’enfance ? Quelle réponse apporte-t-il ?

Réponse: 

Mûrir, c'est perdre ses illusions et faire face aux déconvenues et aux douleurs, quelles qu'elles soient. Le personnage principal ne parvient pas à dépasser le stade de l'enfance en ce sens qu'il n'accepte pas la souffrance. Il préfère se réfugier dans la colère et la révolte pour noyer son chagrin. Le changement qui s'opère en lui à la fin du chapitre final est un contre-modèle, son état d'esprit traduit son incapacité à accepter les désillusions.
C'est en tout cas ainsi que j'ai pensé le personnage, mais certains lecteurs auront sans doute de lui une vision différente.

Question: 

Votre héros construit sa vision du monde et des femmes sur ce qu’il a lu dans les livres. Et vous ?

Réponse: 

Ma vision des femmes s'est développée de manière tout à fait empirique. Les livres de science-fiction que je lisais à l'époque où j'ai commencé à m'intéresser aux choses de l'amour ne traitaient pas du tout de cette question.

L'adolescence est un moment plein d'étrangeté. Les garçons constatent des changements d'ordre physique chez les filles qu'ils côtoient et ne comprennent pas bien d'où ça vient. Dans le même temps, les filles s'éloignent de leurs camarades masculins et les deux sexes qui, jusqu'alors étaient si proches, se scindent en deux camps bien distincts. Au cours de l'adolescence, le regard que l'on pose sur les filles évolue, on se surprend à désirer quelque chose que l'on ne sait pas encore nommer. Quelques uns de nos amis qui savent y faire nous donnent des conseils, et le langage devient alors une arme qui va nous permettre de partir littéralement à la conquête de l'autre. En grandissant, les filles prennent l'avantage sur les garçons en ce sens qu'elles détiennent une offre et boudent la demande. C'est au garçon qu'il appartient d'apprendre la langue de l'échange, de comprendre ce que la fille exige. C'est un processus long et particulièrement difficile. Je suis resté longtemps songeur en entendant les filles que je pouvais rencontrer réclamer des jeunes hommes prévenants alors qu'elles s'enflammaient le plus souvent pour l'antithèse de cet idéal, et je me suis trouvé assez déçu en constatant qu'il me suffisait de contrarier leur modèle pour finalement obtenir ce que je convoitais.

J'ai décidé que mon personnage appréhenderait les choses de l'amour à travers les livres car ce sont des prismes trompeurs. Les relations sentimentales qu'ils décrivent sont souvent idéales : les femmes aspirent à un amour épuré et attendent de rencontrer un homme pourvu de qualités chevaleresques, elles sont dans l'attente, toujours disponibles, ouvertes à la rencontre, et l'homme n'a généralement aucun effort à fournir. La réalité des choses me semble être toute différente. Je pense au contraire que les femmes détiennent le pouvoir sur les hommes en matière de sentiments et que ces derniers sont dans l'attente, même si l'on trouvera toujours des séducteurs charismatiques pour ficher ma théorie par terre.

Certains livrent parlent toutefois très bien d'amour, comme, par exemple, Le Rouge et le Noir de Stendhal. Ce roman illustre, à travers le personnage de Mathilde de La Mole, une catégorie de femmes qui se passionnent pour un homme qu'elles dédaignent dès lors qu'elles le savent intéressé, ce qui surprend toujours lorsqu'une telle expérience nous arrive dans la vie réelle.

Question: 

Pour quelles raisons appréciez-vous monBestSeller ?

Réponse: 

J'apprécie monBestSeller pour les retours des lecteurs et l'attention de l'équipe technique qui s'occupe du site et de ses différents auteurs.

Question: 

Que vous inspire d’avoir été élu Sélection mensuelle de décembre et d’être ainsi nominé pour le Prix Concours monBestSeller de l’auteur indépendant 2016 ?

Réponse: 

Cette nouvelle était une véritable surprise. Une agréable surprise. Ce roman étant mon premier, je ne m'attendais pas à marquer les esprits. J'espérais seulement qu'il serait lu et apprécié afin qu'il serve à quelque chose. En publiant ce roman, c'était pour moi une manière de me le sortir de la tête, de passer à autre chose. Tant qu'un texte reste dans un tiroir, il reste à l'état de brouillon. Lorsqu'il est accessible au public, quel que soit le support donné, il peut enfin exister et son auteur peut souffler.

Propos recueillis par Isabelle de Gueltzl

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Merci à vous tous pour ces encouragements. Un deuxième ouvrage ? Eh bien pourquoi pas, mais ça risque d'être un travail de longue haleine. Quand je vois la vitesse à laquelle j'écris, je me dis que ce n'est pas pour tout de suite.
Publié le 24 Décembre 2015
Bienvenue parmi les nominés, Gilles. J'aime beaucoup ton interview. Écrivain hédoniste, belle définition, mais pas inculte ni. Ignorant. Loin de là. Je suis de ceux qui te découvrent, donc on met ton roman en bibliothèque et on dégustera le Premier nominé 2016. Félicitations et bonne route vers la victoire.
Publié le 22 Décembre 2015
Félicitations à Gilles Elana et merci pour cette interview. "Monsieur Malatesta", c'est bien noté pour une prochaine lecture :-)
Publié le 21 Décembre 2015