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Le 22 Jan 2020

Comment réussir un personnage de roman ?

Brouet pour un personnage épicé, haut en couleurs, qui ne laissera pas votre imagination insensible. La question est délicate, car une bonne intrigue ne suffira pas à relever le goût de votre roman s’il manque une touche essentielle : des personnages convaincants. Il n’existe sans doute pas de recette infaillible, mais voici quelques ingrédients de base.

Tout d’abord, pour la pâte du personnage, souvenez-vous des deux émotions fondamentales qui régissent l’être humain, et donc votre lecteur : l’attraction et la répulsion.

Construire un personnage, l'identification reste un principe clé.

Une fois battues en neige, un peu complexifiées, vous observerez que ces deux notions donnent naissance au problème de l’identification du lecteur au personnage. L’identification est à la base de la préparation, mais elle n’est pas toujours à sens unique, dans l’établissement d’un lien d’empathie ou de reconnaissance envers le personnage. Si vous avez déjà éprouvé une quelconque affection pour une créature n’existant que sur le papier, vous conviendrez que créer un personnage que le lecteur trouvera insupportable au plus haut point tout en adorant le détester est tout aussi efficace. Le bon personnage jouera sur vos nerfs et vos papilles.

Rester nuancé. C'est la complexité d'un personnage qui lui donne corps.

Puis, réfléchissez aux différents ingrédients de composition de votre personnage, n’hésitez pas à piocher dans divers bocaux, à user d’arômes exotiques. L’une des difficultés tient au dosage des informations qui contribueront à faire exister le personnage dans la tête du lecteur : trop d’ingrédients, que ce soit informations biographiques, sur son milieu, ou bien une psychologie si complexe qu’elle en devient absolument impénétrable, transformeront à coup sûr votre préparation en étouffe-chrétien, ou en manuel de bricolage. Des ingrédients trop similaires, et votre personnage sera fade. Pas assez de matière, il sera inconsistant, et ne pourra faire le siège de l’esprit du lecteur.

Le bon dosage entre dialogue et narration, un peu de vous ; la meilleure chance de faire exister votre héros.

Trouvez-lui une couleur, une saveur, elles peuvent surgir en différents points : il suffit de la justesse d’une métaphore, d’un détail relevé, d’un soupçon d’ironie… Les variations sont infinies. Essayez surtout de le démarquer par sa voix dans les dialogues, et par un style qui imprime un rythme aux passages narratifs.

Une fois coulé dans le moule adapté, vous aurez de grandes chances d’obtenir ce que le romancier anglais E.M. Forster appelait un « round character », un personnage en rondeur et en relief, et non un « flat character », un personnage dont la force de persuasion du lecteur est équivalente à celle d’un soufflé raté.

Vous pouvez saupoudrer le tout de quelques miettes d’inconscient, il paraît que cela donne du goût, et de lamelles biographiques également. Le personnage de roman peut alors être un étrange miracle à mi chemin entre le subjectif et l’universel, dressant un pont entre la conscience de l’auteur et la réceptivité du lecteur, né de l’un pour toucher l’autre.

Amusez-vous dans la préparation : selon la recette tchèque d’un dénommé Milan Kundera, le personnage est une sorte « d’ego expérimental » confronté à différentes situations existentielles. Cependant, ne vous inquiétez pas si, malgré le strict respect des proportions, votre personnage n’a pas tout à fait l’allure attendue, comme dirait Stephen King,  "ce que j’ai découvert de plus important, c’est que la perception qu’a l’auteur de ses personnages, au départ, peut être aussi erronée que celle du lecteur."

Pauline Guillier

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