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Le 29 Jan 2013

Ecrire, c'est partir d'histoires vraies pour en inventer des folles.

Francesca Calvias écrit pour ses enfants, et maintenant pour les enfants. Ils irriguent ses pensées, aiguillonnent sa plume. A travers sa nouvelle « le peuple des souris », conte où le fantastique s'invite dans le quotidien d'un petit garçon, c'est tout l'amour d'une mère dont on se fait les témoins. Mais peut être aussi tout l'amour des mères.
Le peuple des souris de Francesca Calvias sur monBestSeller.comLe peuple des souris de Francesca Calvias sur monBestSeller.com

-  Aviez-vous vos enfants à l'esprit, lorsque vous rédigiez les prodigieuses aventures de Florent ?

J'ai presque toujours mes enfants à l'esprit lorsque j'écris des romans pour enfants ou pour adolescents : ils sont les héros de mes textes. Ils sont toute ma vie et je les aime plus que tout. Je mêle mes enfants à mon écriture en romançant leur vie, la nôtre. Par exemple, la famille de mon histoire vit dans un petit village du Vaucluse, c’est un vieux rêve. Dans un roman, on peut se permettre ce qui n'est pas possible ou difficile dans la réalité. Dans certains je conserve leurs prénoms, dans d'autres je les change mais les garde comme modèles d'inspiration.

Florent est un de mes fils, le quatrième sur 5 enfants et le héros principal du livre.  C'est un enfant rêveur et solitaire qui était très tracassé à l'époque par la perte de sa première dent. Le titre original du livre était d'ailleurs "Florent perd sa première dent".  J'ai écrit ce roman au départ comme on inventerait une histoire à raconter le soir à un enfant avant qu'il aille au lit, pour lui faire plaisir et lui rappeler plus tard ce moment important de sa vie.  Aujourd'hui Florent a 18 ans et il est touché, ému en le relisant et en se rappelant le petit garçon qu'il était, il y a 12 ans déjà.

Ce roman a son importance dans mon parcours d'auteure, parce que c'est cette année-là, en 2000, que je me suis décidée à m'axer principalement sur les romans pour enfants.  Le premier a été "Le secret du peuple des souris" dont il est question ici; le second "Mystère dans les Alpes" que j'ai écrit à l'occasion du départ en classes de neige de ma fille Laetitia, durant la même année scolaire.

J’ai écrit ce second livre en quinze jours. Chaque soir j'écoutais "le téléphone vert" : un répondeur qui donnait des nouvelles des enfants et qui expliquait ce qu'ils avaient fait la journée. Je réécoutais plusieurs fois la bande et ensuite je transcrivais. Puis j'y ai mêlé une intrigue romancée et je l'ai offert à ma fille à son retour. 

Le troisième a été "La quête de l'arbre de vie", écrit le mois suivant pour l'anniversaire de mon fils aîné. Nous n'étions pas très aisés et je voulais lui offrir un cadeau "marquant". 

Ces trois livres ont étés le point de départ de mes romans pour enfants. Chaque livre a un enfant différent comme héros, mais les autres y apparaissent même brièvement.

- Pensez-vous que la « littérature pour enfants » soit susceptible de toucher les vieux enfants que nous sommes ?

Je pense que les adultes qui ont gardé leur âme et leur cœur d'enfant peuvent être touchés par la littérature pour enfants, bien sûr. Je pense aussi qu'ils sont plus nombreux qu'on ne l'imagine.  Certains que je connais, lisent en cachette des livres ou magazines pour enfants, pensant que cela ne fait pas "sérieux" et je trouve que c'est dommage d'avoir honte.  Je ne me cache pas de lire, encore aujourd'hui, des romans pour enfants et de relire les séries comme "Le club des cinq", "Bennett" ou "Sébastien" qui ont enchanté mon enfance, ni d'apprécier par exemple les romans de Gudule au même titre que des livres plus "sérieux".

- Vous avez beaucoup écrit. Près de quatre-vingt ouvrages. Naturellement, l'œuvre de l'écrivaine accompagne la femme dans son rapport au monde. Avez-vous le sentiment d'avoir évolué en tant qu'écrivaine, dans la forme comme sur le fond ?

J'ai beaucoup écrit (et lu) c'est vrai. Par rapport à la femme et à l'écrivaine, les deux sont liés : je souffre du Syndrome d'Asperger et l'écriture est quasiment mon seul moyen de communication depuis l'enfance.  Donc l'écriture fait partie de moi et mon écriture a évolué avec moi.  En toute humilité bien sûr.  J'ai commencé à écrire réellement à 8 ans : des petites histoires enfantines.  J'écrivais également mon journal intime.  A l'adolescence j'ai écrit un roman largement autobiographique "Une gamine sans nom".  Ensuite j'ai écrit quelques romans d'amour, mais qui à mon sens ne valaient pas grand-chose.  Maintenant et depuis une quinzaine d'années, j'écris en fonction de mon humeur, du temps qu'il fait.  Je peux aussi bâtir un roman imaginaire sur la base d'un fait-divers lu dans la presse ou encore raconter une histoire qui m'a touchée en changeant le nom des protagonistes et les lieux, comme par exemple "Aucune chance" qui raconte l'histoire d'un jeune garçon accusé à tort de viol, ou bien des "tranches de vie". "L'ombre noire" raconte l'histoire d'un adolescent poussé vers l'extrême droite et le racisme par son grand-père, "Tu n'es pas des nôtres...", raconte l'histoire d'une petite fille née de père arabe et rejetée totalement par sa famille française.  Il y a deux ans j'ai commencé une série pour enfants qui se déroule dans les années '70 : "Florius et Cléopâtre", une série qui se passe à une époque où on se sentait libres et écrite uniquement pour faire rêver les enfants.  Je ne m'attache pas à "moraliser" ni à chercher à faire du politiquement correct, ni dans cette série, ni dans les autres.  
Il y a quelques années, j'ai décidé de "refondre" mes romans "tranches de vie", "romans noirs", "faits-divers", et de créer la série "Le Cercle d'Helyon". Celle-ci se passe dans un pays imaginaire, qui se trouve en Europe mais ne fait pas partie de l'espace européen.  La série débute par le roman "La vie dans les nuages" qui présente les personnages récurrents, en l'occurrence pour la plupart les habitants de la capitale, Ailhaud : notables, policiers, élus corrompus ou non, familles importantes, truands et puis les membres de l'Organisation, sorte de Mafia qui dirige le monde et dont le chef provient d'un pays de l'Est (imaginaire), la Skoldavie.  Mais surtout Léo, une jeune femme dont la naissance cache un terrible secret et qui sait que dans le premier roman, le protagoniste principal ne s'est pas suicidé mais a été assassiné.  Chaque roman est indépendant, la trame principale en est chaque fois l'histoire d'un personnage plus ou moins important (un petit garçon disparu, un adolescent qui tourne mal etc.), mais à chaque fois on peut y rencontrer les personnages récurrents et souvent il y a un lien avec la corruption qui règne dans la ville ou le pays.  Le dernier roman de la série est "Une tombe dans la garrigue" qui dévoile le secret de Leo et l'assassin d'Aubin.
Donc oui j'ai évolué sur la forme et sur le fond, au fil du temps et de mon évolution personnelle.
Il y a aussi le fait que lorsque je traverse une mauvaise passe j'ai plutôt envie de faire rêver les gens et d'écrire des romans ensoleillés, tandis que lorsque tout va bien, j'écris plutôt des romans noirs, tristes.
Je me suis aussi "réessayée" il y a peu, à écrire des romans d'amour, mais je n'en suis encore qu'au premier chapitre.

- Écrire peut aussi bien être un passe-temps qu'un besoin, une impérieuse nécessité. Quelle est votre approche de l'écriture ?

Mon approche de l'écriture est tout cela : une impérieuse nécessité quand je vais mal, de coucher sur papier ce qui ne va pas (et généralement je garde cela pour moi ou je l'inclue dans un roman noir plus tard), un besoin parce que comme je l'ai dit ci dessus, je suis atteinte du syndrome d'Asperger et l'écriture est mon seul moyen de communication.  Je sais parler bien sûr, mais je m'exprime beaucoup mieux par écrit, je n'ai pas de blocage comme si j'avais une personne en face de moi ou au bout du fil.  Et aussi un passe-temps car j'adore écrire, c'est ma vie après mes enfants.

 

Propos recueillis par Arthur Deming.

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