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Le 09 mar 2017

Autoédition. Bêta-lecture : mission possible

"Votre mission de bêta-lecteur, si vous l’acceptez, consiste à lire ce texte. Vous avez carte blanche pour dire tout ce que vous en pensez. Vous pouvez annoter, commenter, critiquer, émettre des suggestions. Vous n’aurez qu’un seul impératif : toute information adressée à l’auteur doit l’aider à donner le meilleur de lui-même. Comme toujours, votre rémunération sera la reconnaissance éternelle de l’auteur et son affection indéfectible. Ce message ne s’autodétruira pas dans cinq secondes." C'est l'auteur Catarina Viti qui vous parle.

La relecture ? Mais c’est bien sûr !

Avant que je lise Lâchons les chiens de Brady Udall, il ne m’était jamais venu à l’idée que des « bêta-lecteurs » puissent débarquer dans mes textes pour y déclencher le grand chambardement.
Seulement voilà, j’ai lu ce magnifique recueil de nouvelles et j’ai découvert, à la fin, les remerciements de l’auteur. J’ai appris que ce remarquable écrivain admettait, avec reconnaissance, avoir été lu et relu, critiqué, corrigé, et qu’à la lumière de ces retours, il avait réécrit et réécrit certains passages, voire carrément des nouvelles entières.
L’image romantique que je me faisais de l’auteur tout puissant, solitaire et merveilleux dans son inaccessible tour, venait de voler en éclats. La fameuse phrase d’Hemingway : « Tout premier jet est de la merde » prenait son sens.
Dès cet instant, j’ai eu la certitude que je devais, moi aussi, trouver de tels êtres généreux et compétents. Les supplier au besoin, d’accepter le pensum consistant à relire mes scribouillages.

Trouver les bonnes personnes

Une fois mon désir clairement identifié, il ne me restait qu’à trouver les personnes capables de me rendre cet immense service.
J’ai eu de la chance. Les deux lecteurs à qui je me suis adressée ont accepté sans l’ombre d’une hésitation.
À ce moment-là, j’étais en train d’écrire Femme au bord du Monde. Le thème de ce roman me confrontait à toutes sortes de difficultés. Malgré les apparences, en effet, cette histoire n’est pas une fiction. Je craignais de me planter. Ce texte pouvait à tout instant glisser vers le théâtre Guignol. J’aurais vécu cela comme un drame, non pour moi-même mais pour les merveilleuses personnes dont parle ce livre. Je n’avais pas seulement peur des fautes d’orthographe, des expressions maladroites ou de la ponctuation aléatoire, je tremblais de devenir illisible ou pis encore, de proposer une histoire indigne.
C’est dans ces circonstances que j’ai découvert l’étendue de la générosité et de la compétence de mes bêta-lecteurs.

La première fois

Quand mon texte m’a été retourné, annoté par un de mes relecteurs, j’ai crû défaillir. Mes premières réactions ont été de le remercier poliment et, pendant quelques heures, laisser tout cela de côté.
Je pensais avoir soumis un texte, certes imparfait, mais correct. Or, pas une seule page n’avait échappé à son Stabilo, il y avait du jaune partout ! J’ai dû me ressaisir. C’était à prendre ou à laisser ; j’ai pris. Le lendemain, je me suis mise au travail, et force m’a été de constater que les remarques de mon relecteur étaient fondées à 95 %. Dès lors, il ne me restait plus qu’à tout réécrire.

Tout seul on va plus vite, ensemble on va plus loin

Tout réécrire. Tout reconsidérer. Reprendre plusieurs fois le même passage, faire différents essais. Étudier les remarques, les soupeser. Défendre un mot, une formulation ou en changer. Admettre son erreur, refuser la suggestion du relecteur pour finalement trouver une troisième formulation, plus juste. Se rendre compte qu’on ne sait pas écrire (aussi bien qu’on le croyait). Travailler. Ne pas perdre ses objectifs de vue. Ne pas perdre son « style », rester soi, se trouver à travers le regard de l’autre. Accepter les remarques, toutes les remarques. Ne rien lâcher. Savoir que ce n’est pas cela encore, qu’il faut continuer à explorer, s’améliorer.
Eh bien voilà, l’information est rendue publique : Catarina EST MASO !

Laissez-moi vous présenter mes trois bêta-lecteurs :

Colette : la bénédiction

Aucun texte de Catarina ne paraît sans la bénédiction de Colette. J’ai trouvé en elle une capacité unique : percevoir quand une histoire est digne d’être racontée. Si, dans les minutes suivant l’expédition de mon texte, je ne reçois pas un message de sa part me disant des choses comme, « je pleure » ou « j’ai envie de hurler » ou « je suis en vrac, tourneboulée », c’est le signe que mon histoire ne vaut rien. Colette est une lectrice du cœur, une émotionnelle. Elle est réactive à souhait et possède une intelligence intuitive remarquable. Elle ne touche jamais à mon texte. Elle se contente de me signaler l’emplacement des coquilles.

« Pour moi, lire et « décortiquer » un ouvrage tout frais est un cadeau excitant, mais aussi une sacrée responsabilité. Rien n’est possible sans confiance et respect mutuels. Ma peur constante est d’outrepasser mes droits ou mes devoirs. Jusqu’où aller pour ne pas risquer de blesser l’auteur, le décourager ? Comment faire passer les messages négatifs ? Quand je suis sûre de ce que j’avance, j’y vais franco. Comme j’ai déjà dit à l’auteur tout le bien que je pense vraiment de son livre, je peux me le permettre. Mais quand je flirte avec le subjectif, je pèse le pour et le contre, je travaille mes explications. C’est là qu’on échange, l’auteur et moi. C’est toujours très fort, car il est dans l’attente, nu, sans défense. Je ne l’oblige à rien, je veux l’amener à « vivre » son livre côté lecteur. C’est ça le truc ! Et que son livre soit correct, propre sur lui, pour affronter ses lecteurs et les éditeurs. En général, je me suis tant creusée pour donner des explications à ce que je sentais intuitivement, que je progresse moi aussi dans l’écriture. C’est une alchimie étonnante. » Colette

Hubert : l’explosion

Quand Hubert me renvoie mon texte, j’ai l’impression qu’un cyclone s’y est déchaîné. Maintenant, je suis habituée. Je dirais même que j’ai besoin de ça. N’est-ce pas ce que je lui ai demandé : pas de cadeau, pas de quartier ! Avec Hubert, il se passe quelque chose d’étrange, c’est comme s’il me donnait l’autorisation et le pouvoir de bousculer mon propre texte. Avant son intervention, le texte m’apparaît comme une bulle hermétique. Je suis incapable d’y pénétrer pour opérer les changements nécessaires. Ses surlignages au Stabilo me galvanisent, me permettent de trouver le courage pour remonter à l’assaut des pages.

« Faite avec sincérité, rigueur, et sans tabou, cette expérience est particulièrement enrichissante. On y croise des sensibilités différentes de la sienne. On y progresse réciproquement, tant au plan technique qu’au niveau de la sensibilité littéraire, voire de la maturité affective. La mutualisation des expériences et techniques d’écriture engendre aussi des amitiés qui dépassent les écrans et vont au-delà du mode épistolaire…
Bref, on progresse en se sentant moins isolé… Royal, non ?! »
Hubert

Jézabel : le polissage

Elle est venue à ma rencontre, tout récemment, notre « entarteuse » littéraire.
Le polissage, voilà bien un concept auquel je n’avais jamais pensé, et pourtant, si évident. Jézabel me retourne un texte annoté couleur fuchsia. Alors que je m’étais bercée de l’illusion d’avoir atteint un résultat correct, elle me pointe les rugosités, les irrégularités, les maladresses et les arythmies dues à mon impardonnable déficience en matière de ponctuation. En sa compagnie, j’opère le travail de finition, le contrôle qualité final, celui qui déclenche le B.A.T.

« Je vous ai proposé mon aide insignifiante parce que votre texte avait du corps, avait une âme, mais souffrait de quelques faux plis. Je vous ai offert mes services, parce que c'était vous. Comment je savais que c'était vous ? Parce que en plus d'être l'emmerdeuse que vous savez, je sais lire entre les lignes et que vos interlignes plaisaient à mon âme dérisoire. Connaissez-vous de meilleures raisons pour jouer les dictionnaires et les précis de grammaire ? » Jézabel

Love Story

Il n’est pas facile de diffuser ses textes quand on est un auteur inédité et qu’on ne bénéficie d’aucun regard de professionnel.
Je le dis du fond du cœur : sans mes relecteurs, je serais vraiment mal. Non seulement ils m’apportent une aide inestimable, mais ils me donnent aussi une forme de «légitimité », une sorte de courage. Grâce à eux, j’ai l’esprit tranquille, je sais qu’ils ont réussi à tirer le meilleur de moi-même.
Ils ne sont pas mes « nègres » (ou mes « ghostwriters »), mais des lecteurs émérites, des juges sans concession. Je crois qu’ils m’aident à gravir des marches, vers quoi ? Je n’en sais rien. Peut-être vers le plaisir de donner à lire des textes corrects ou vers le bonheur d’écrire, tout simplement.

Catarina Viti

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16 CommentairesAjouter un commentaire

@Catarina Viti
@jezzabel7

Voir partir quelqu'un de grand talent (certains beugleront que je fais du léchage de bottes, mais je les emmerde !!!) est toujours, une faillite. Un désordre. Un vide. Bref, une vraie tristesse. Mais je vous comprends, ô combien. Vous avez mieux à fréquenter ailleurs et le temps que vous consacriez ici, peut-être le consacrerez-vous à écrire, ce qui, finalement, est une excellente nouvelle. Sachez, chère Catarina, que j'ai aimé, ici, votre refus de vous soumettre aux chefaillons et à leurs ordres de roquets. Et sachez aussi, que vous lire a été un réel bonheur. Je vous souhaite le meilleur. Pierrick Blin-paulin

Publié le 15 Mars 2017

Ma chère Catarina, il y avait des jours et des jours que je n'étais pas venue faire un tour du côté de votre tribune... Sur mBS on ne peut pas noter les articles d'actualité, mais voilà : je mets plein d'étoiles pour faire un dôme à votre texte, parce que vous avez écrit votre cœur, avec cœur, et que je le sais. Vraiment je vous en sais gré. Et j'espère vous retrouver sur le site, car je ne suis pas certaine d'avoir compris l'ampleur de vos adieux... Quittez-vous mBS, chère amie ?
Élizabeth.

Publié le 15 Mars 2017

Saluons l'immense courage de ceux qui ont lâché leurs chiens/commentaires avant de les faire rentrer au bercail de sorte que toute la discussion devient presque incompréhensible, confinant parfois à l'absurde (mais laissant admiratif, cependant, devant la plume de Jezzabel). On assume ou on la boucle d'emblée, de préférence la seconde option, surtout quand il s'agit d'un sujet aussi capital, qu'il eût mieux valu ne pas polluer avec une allégresse irréfléchie. Tant pis. Mais que voulais-je énoncer d'à peu près sérieux avant que de me laisser agacer par un fil de commentaires gentiment mis à mal? Qu'on peut toujours se passer de béta-lecteurs, et après tout tant d'autres de par les siècles ont dû se dispenser de tels inappréciables services, mais que cela revient à devoir être son propre bourreau et que cela nécessite, pour obtenir le recul adéquat, soit de perdre un temps précieux (des années, le cas échéant) afin de se détacher totalement de son encore-brouillon (ce, pour le torturer sans états d'âmes), soit d'avoir un esprit particulièrement retors permettant d'emblée de se situer dans une perspective critique refondatrice sans tenir compte de sa propre autosatisfaction devant l'amas de feuilles fraîchement encrées. Mais cette réflexion devait aussitôt être contrée par la conscience que pour une bonne part (grammaire, syntaxe, orthographe) on ne saurait s'en sortir seul sauf à préjuger de ses dons en ce genre de matières, et que pour le reste (maladresses narratives, enfilage de clichés, personnages inconsistants et situations dépourvues de crédibilité) on reste toujours d'une indulgence coupable envers ses propres fautes, même lorsqu'un texte a été mis sous le boisseau durant des mois, même lorsqu'on cherche à être le plus objectif possible. L'exigence de regards extérieurs intervenant avant qu'il soit trop tard (et que le livre se fasse canarder à juste titre) vient donc balayer l'objection faiblarde que j'aurais pu tenter. La béta-lecture est essentielle; d'où que je me désespère un peu de n'avoir pas encore trouvé de béta-lecteurs qui sauraient me secouer assez. "Tout seul on va plus vite, ensemble on va plus loin", oui, et j'ajouterai pour ma part que tout seul, on aura une fâcheuse tendance à dévier vers le fossé le plus proche...

Publié le 13 Mars 2017

Bonjour @Pascale Lécosse. Qu'est-ce que tu entends par "bêta-auteur" (un bêta-lecteur auteur lui-même ?) ? Et peux-tu préciser en quoi il pourrait il y avoir un conflit d'intérêt (c'est peut-être une question idiote de ma part, mais je ne vois pas bien ce que tu veux dire par là. Par conflit d'intérêt, est-ce que tu entends le fait de vouloir "imposer" ou du moins "encourager" une vision personnelle de l'écriture à l'autre ?) ?
Bonjour @huleuyac. Les ateliers d'écriture sont effectivement un élément de travail intéressant. On peut non seulement y progresser, mais aussi échanger avec d'autres auteurs. Ca peut certainement donner un coup de pouce pour la phase de réécriture. Et puis, on peut tout à fait y rencontrer de potentiels bêta-lecteurs^^

Publié le 13 Mars 2017

@Hubert P-Letiers . Cher. J'ai hésité pour vous répondre ici. Je voulais toutefois vous remercier de votre retour. Lorsque j'étais déçue de ne pas pouvoir écrire comme ceci ou comme cela ou si peu ou si trop mal et que sais-je, la Marguerite, sa petite phrase, elle m'aidait. Etre auprès de ceux pour qui j'avais si grande responsabilité, et bien , c'était cela, vraiment qui était important. Prioritaire. C'est certain. C'est la raison pour laquelle j'ai donné à entendre Yourcenar, Marguerite. J'essaierai de vous en dire quelque chose d'autre si je vous vois au salon. Douce et belle journée à vous et à tous ici.. ChA

Publié le 13 Mars 2017

@Catarina Viti, @jezzabel7. Merci Catarina pour ce partage. Il met en lumière l'intérêt du collectif, du principe de l'addition. Si je ne me suis jamais soumise à la bêta-lecture, moi qui pratique l'écriture avec une légèreté inconvenante, j'ai pour autant intégré un fondamental : l'atelier d'écriture. Trente minutes d'écriture contrainte, lecture à voix haute, impressions, ré-écriture. J'ai également retravaillé la ponctuation d'une longue nouvelle après les remarques justes et au gant de crin de Jezzabel. Les pistes sont aussi nombreuses que l'intérêt de la collaboration est évident. A bientôt.

Publié le 13 Mars 2017

Chère @Catarina Viti, je suis désolé de n'avoir vu votre article qu'hier soir trop tardivement (à la fin de ma semaine de vacances à la montagne) pour y répondre. J'attendais le retour pour apporter ma contribution.
Cet article trouve naturellement son utilité sur cette plate-forme où les auteurs, de plus en plus nombreux (environ 1600 en mai 2015, un peu plus de 2300 actuellement) s'auto-publient pour tester leur audience à la rencontre des lecteurs, de leurs avis et suggestions quand ils en formulent. Cette phase de confrontation est très utile, essentielle. Vous avez très bien illustré la piètre qualité d'un "premier jet" avec la citation d’Hemingway.
Cependant, lecture n'est pas bêta-lecture, d'où l'intérêt de votre article. Le titre "Bêta-lecture : mission possible" n'exprime pas la difficulté. Difficulté d'en donner une définition, tant les approches sont sujettes à polémiques, et difficulté de trouver des bêta-lecteurs qui acceptent d'aider des auteurs bénévolement, en concurrence avec les professionnels.
Partons d'un constat : les bêta-lecteurs sont indispensables, il faut faire appel à eux.
Essayons d'en donner une définition : un bêta-lecteur est un correcteur dont le privilège est de lire le texte de l'auteur avant sa publication, de manière à déceler ses faiblesses. Il a pour but d'aider l'auteur à améliorer son écrit sans se substituer à lui.
Il est évident que l'on entre là dans une autre dimension qui dépasse de loin la simple lecture par le lecteur lambda, même assortie d'un commentaire.
Cependant, quelques commentaires pertinents, structurés, assortis de conseils, signalant des corrections souhaitables, sont des embryons de bêta-lecture. Il arrive que des auteurs saisissent l'occasion de rebondir sur ce type d'avis pour aller jusqu'à la demande de correction. Pour ce qui me concerne, je m'y suis prêté par amitié. Je ne suis probablement pas le seul à l'avoir fait.
Ce qui manque sur la plate-forme monBestSeller est peut-être la possibilité de faire appel à un groupe dédié à la bêta-lecture, tel qu'il en existe ailleurs, sur Facebook par exemple ( Auteurs cherchent avis, chronique ou bêta-lecture). Vous l'avez clairement exprimé : il faut trouver les bonnes personnes. Vous en avez trouvé trois. Je suis certain que parmi les auteurs auto-publiés sur mBS, il s'en trouvera d'autres pour apporter spontanément ou à la demande, leur précieuse collaboration à leurs homologues.
Le nombre de commentaires parfois polémiques et virant aux règlements de comptes, la diversité des avis sur le sujet témoignent de l'intérêt et de la pertinence de votre article, Catarina Viti. Merci d'avoir pris cette initiative.

Publié le 12 Mars 2017

@ jezzabel7
Vous ne seriez pas de la famille de Doomsday, ce personnage de BD de l univers DC comics qu on envoie au casse pipe et qu' on ressucite pour qu' il puisse finalement faire sa fête a Superman? Qui est votre Superman sur ce site?

Publié le 10 Mars 2017

@Hubert-P LETIERS : "C’est aussi pour ça Yannick, qu’à mon sens, il ne faut pas avoir peur de ferrailler avec ses bêta-lecteurs, même si ce qu’ils nous disent a pour conséquence un important travail de réécriture.
Ce sera au contraire l’amorce d’une réelle complicité.
Un bêta-lecteur engagé ne peut en aucun cas être complaisant. Un vrai éditeur, lui, ne l’est jamais. Quant à la bienveillance d’un « cercle restreint d’amis-lecteurs », elle n’est guère contributrice de progrès."
Je suis tout à fait d'accord avec vous, Hubert ! C'est bien la confrontation (bienveillante) et l'échange (sincère et honnête) qui permettent d'avancer. Et tant mieux si le travail de réécriture qui en résulte est important. Cela sera le signe que l'échange aura été riche et la remise en question de l'auteur réelle. La complaisance est anti-productive et même souvent stérile. Pour la bienveillance par contre, je ne suis pas d'accord. Elle est à mon sens une très bonne source de progrès, et même une base essentielle pour pouvoir progresser, surtout sur la durée. Entre bienveillance et complaisance, il y a tout un monde. Je reconnais toutefois volontiers que mon expérience de l'édition est encore bien mince, que je manque donc de recul et que je souffre probablement aussi d'une vision assez naïve des choses.
@Catarina Viti : j'aime bien votre image de l'oignon^^

Publié le 10 Mars 2017

@catarina viti.
Et comme c'est tout frais, dans ma petite caboche, dans mon cœur aussi, j'en dirai bien quelque chose. Je suis rentrée chez vous, je veux dire, sur ce site, parce que j'avais à y faire quelque chose de très nouveau. Donner à voir. A lire donc. Et pour la première fois. Non pas que j'étais chichiteuse jusqu’ici mais écrire restait de l’intime.
Hubert dit: "Parce qu’il passe beaucoup de temps avec eux, l’auteur croît souvent maîtriser les mots et la manière de les emboutir pour restituer une image ou communiquer un ressenti.". Je ne le sens pas comme cela. Je le comprends mais je ne fonctionne pas ainsi. Chacun, celui et celle qui écrit, est unique. Ce n'est pas qu'une question de style. C'est aussi dans la façon d'être de l'écrivant, avec ce qu'il fait. Peut-être, même, pourquoi il le fait. La maitrise des mots, personnellement, je ne connais pas. Cela ne passe même pas par la case réflexion. Ça s'écrit. C’est ma manière d’être. Et faire. J'ai passé une heure trente à écrire mon Maupassant. Sur la table de ma cuisine. Avec un verre de Chablis. J'étais gaie et joyeuse. J’avais eu une bonne journée et je me suis dit "Tiens donc, et si je leur parlais de mon zigoto?". Et je l'ai envoyé, comme ça, direct. Puis l’on m'a demandé, "Vous n'auriez pas un texte à ajouter? un roman, une nouvelle?" Ma fille, j'ai pensé, va donc voir dans la malle quelque chose qui pourrait faire. Et j'ai envoyé RENTRER écrite, la nouvelle, il y a des dizaines d'années. Et pour tout vous dire, durant les années où le sida brulait des milliers de jeunes gens. Ben dites donc! C’était un sacré événement pour moi. Je ne l'ai même pas relu, ni même j’ai pensé aux fautes d'orthographe. Pas du tout. Et le retour m'a fait un choc. On me disait de bien gentilles choses, mais j'avais aussi le retour style copie rendue par le prof qui ne laisse rien au hasard. C'était très impératif pour moi. Je ne m’y attendais pas du tout.
Qu'en est-il deux semaines après? Me faire lire, avoir ces retours, les doux et les pas doux m'ont formidablement été bénéfiques. Et puis, pour moi, "la chose" est publique, oui. Je pense que, à l’avenir, j’apprécierai d’être lu et relu, corrigé. J’apprécierai les critiques, les fautes d’orthographe reprochées, et je chercherai, même, à ce qu’il en soit ainsi. Bref, la mariée est déflorée.
J’aurai toutefois bien apprécié, vierge sur le site, une façon de faire moins…plus…enfin…qu’on y mette plus les formes quoi ! J’ai éprouvé le même sentiment que si, arrivant chez des hôtes, il me soit dit combien j’étais mal fagotée. A présent je comprends la démarche mais il y a encore deux semaines non.
Je garde toujours dans ma tête la voix de Yourcenar « Au fond, l’écriture, c’est pas si important. ». Et j’aime cette phrase qui m’a toujours permis d’écrire, d’aimer le faire. Et de ne pas en faire toute une histoire. Bien à vous, très chère Catarina....et tout les autres.

Publié le 09 Mars 2017

Ma chère Catarina, vous savez bien, vous, comme vos textes me transportent ! J'ai trouvé ce témoignage vibrant, évidemment instructif, mais il y a quelque chose plus que tout que je voudrais souligner, quelque chose qui m'inspire un grand respect, c'est cette façon que vous avez de parler à cœur ouvert. Même pas vraiment question de franchise ou d'honnêteté, -elles sont évidentes-, mais question de partage, réel, d'introspection menée avec un goût réel pour la vie, et avec un réel goût pour la transmission des expériences. Ce n'est pas si fréquent, j'oserais ajouter que c'est même très rare, et pourtant ça ne peut pas manquer de toucher le cœur, de toucher à cœur : ça vise trop bien la cible ! C'est toujours ce que j'essaie de faire de mon côté...
Avec mon amitié,
Élizabeth.

Publié le 09 Mars 2017

@campion

Un vrai bonheur que votre commentaire ! Eh, oui, que voulez-vous, nous sommes en "liberté très surveillée" dans ce beau pays de France (sans doute est-ce l'une des raisons pour lesquelles je vis, HEUREUX, en Amérique du sud). Oui, mille fois oui, l'impertinence alliée à l'intelligence sont, aujourd'hui, montrées du doigt, trainées dans la boue. Comme le disait récemment, à la radio, un écrivain dont j'ai oublié le nom : " Mais quelle misère de vivre dans un monde aussi formaté !". Eh, oui, si tu n'es pas dans le moule, gare à tes fesses. Je termine sur cette magnifique et intemporelle phrase du grand Voltaire : " Il n'y a peut-être rien de si fou que de croire avoir toujours raison". Bien à vous.

Publié le 09 Mars 2017

@Catarina Viti

Infiniment merci pour cet article. Que dire de plus puisque tout y est.
Et merci pour ça : "Je fais, depuis toujours, partie de l'équipe de ceux qui ne se prennent pas au sérieux, qui rient d'eux-mêmes!" Quel bonheur de lire cette phrase, Catarina. Mais ceux à qui elle est (ou pourrait) destinée continueront à jouer les grands Maîtres et Docteurs en littérature. Tenez, je vous embrasse. Amitiés

Publié le 09 Mars 2017

Bonjour @Catarina Viti Merci pour cet excellent article. Je profite de cette tribune pour signaler que les remarques de la douce Jezzabel me manquent. Elle m'a souvent "écorniflé" mais toujours avec raison, justesse et surtout avec un humour dévastateur. Je reviendrais sur votre article plus longuement ce soir. Encore bravo pour votre objectivité, votre humilité et votre justesse.

Publié le 09 Mars 2017

@Catarina Viti
Cette Jézabel dont vous parlez, est-elle la même que celle dont j'ai condamné à l'époque la pornographie de son livre (dont je reconnais tout de même qu'il était excellemment écrit) mais dont je suis (ou suivais, puisqu'elle semble aujourd'hui avoir été honteusement chassée), sans en manquer jamais un seul, les commentaires drôlissimes ? J'appréciais, en effet, sa verve débridée et bouffonne et son humour ravageur, un humour que certains auteurs auraient bien fait de dédramatiser et d'apprendre à apprécier, ce qui les aurait sauvés du ridicule et de la fatuité. Que lui a-t-on reproché, au fond ? De dire tout haut ce que nombre de lecteurs pensent tout bas ou ne s'autorisent même pas à penser ? Sa prétendue méchanceté, comme j'ai pu le lire ici et là ? Sa méchanceté : quelle absurdité ! Car il faut se remémorer, pour se convaincre du contraire, les commentaires qu'elle adressait à ses propres textes et qui restent pour moi des modèles exemplaires et totalement réjouissants d'autodérision – cette autodérision qui manque tant à tous ceux qui se sont plaints d'elle et ont fini par obtenir son éviction. Quelle victoire ! Quelle gloire ! Honneur aux héros de ce temps ! Il me reste, madame, à m'excuser d'avoir envahi votre tribune, mais si la Jézabel dont vous parlez et celle que j'évoque sont les mêmes, je suis certain que vous me pardonnerez et que vous accepterez de lui faire suivre mon admiration. Avec mes amitiés. PS : Bien que je ne sois pas auteur, j'approuve tout ce que vous écrivez dans votre tribune.

Publié le 09 Mars 2017

Bonjour @Catarina Viti et merci pour ce témoignage. Vous prêchez un convaincu, mais la bêta-lecture est une étape très importante, et je dirais même indispensable, plus encore quand on se lance dans l'auto-édition. Outre la rencontre et l'échange avec d'autres personnes, des lecteurs avertis en quelque sorte, cela permet de travailler efficacement à l'amélioration de ses écrits. Du moment qu'on accepte la critique et les remarques, qu'on a compris que c'est du carburant pour se remettre en question de manière utile et positive, alors on peut tirer le meilleur d'une telle expérience. Vos trois bêta-lecteurs semblent parfaitement se compléter, et surtout, ils jouent très bien leurs rôles. Sincérité, rigueur, volonté d'aider l'auteur dans son travail, confiance, respect, vigilance sur le fait de ne pas blesser l'auteur, générosité et compétence. Autant d'éléments indispensables pour mener à bien une bêta-lecture digne de ce nom. Petit bémol sur deux points que vous avez évoqués, même si c'était sur le ton de l'humour : "les supplier au besoin" la bêta-lecture doit à mon sens relever d'un échange volontaire, d'une réciprocité choisie, si on en vient à devoir "supplier" ou beaucoup insister pour que quelqu'un joue les bêta-lecteurs et qu'il cède, il y a un risque que ce quelqu'un ne se sente pas totalement investi ou ressente une forte pression et responsabilité. Cela peut donner lieu à de beaux échanges comme cela peut compliquer la chose. Je suis personnellement partisan de la recherche des bonnes volontés et des atomes crochus plutôt que de vouloir "forcer la main" à quelqu'un (j'exagère volontairement, mais vous avez compris l'idée). Second point : "émettre des suggestions". A mon sens, ce point précis est périlleux. Cet avis bien sûr n'engage que moi, mais le rôle du bêta-lecteur n'est pas de réécrire des passages à la place de l'auteur. Cela à mon sens présente le risque de biaiser la pensée de l'auteur, qui devrait rester seul maître à bord. Repérer et signaler tout ce qui a plu, gêné, etc. oui ! Suggérer des tournures, mots, etc. différents me paraît dépasser le cadre de la bêta-lecture. Bien sûr, si l'auteur est demandeur, alors ce sera probablement une bonne chose. Il n'empêche que je suis attaché à cet aspect de "non ingérence" dans les choix d'écriture. On signale, on explique le ressenti et la raison de l'intervention, mais on laisse le soin à l'auteur du choix des outils s'il souhaite modifier quelque chose et tenir compte ou non des remarques faites. Chacun sa méthode travail de toute façon. Tant qu'auteur comme bêta-lecteurs y trouvent leur compte, tout va bien ! Je me permets juste de souligner ces deux points potentiellement source de conflit, ce qui serait vraiment dommage quand l'échange entre auteur et bêta-lecteurs est riche, dynamique et respectueux. Merci pour cet article et au plaisir d'échanger sur le sujet si le coeur vous en dit :-)

Publié le 09 Mars 2017