Jean Daigle-Roy

Biographie

Le jour de mon entrée à l’école, les moineaux piaillaient par les fenêtres. Les murs de la classe étaient tapissés de grandes affiches avec de jolis dessins et des signes mystérieux. L’essentiel, cependant, c’est que l’école sentait bon. Ma réussite scolaire était assurée! Je ne remercierai jamais assez ma première maîtresse de ne pas avoir lésiné, à l’époque, sur le parfum! Très tôt, j’ai voulu devenir un sage. Malheureusement, je croyais que cela voulait dire accumuler les connaissances, comme un écureuil compulsif. Longtemps, j’ai ainsi confondu être « savant » et être « sage ». Il a fallu maints écueils dans ma vie, pour finalement comprendre que je devais défricher un « chemin moins fréquenté », selon Scott Peck, pour atteindre le bonheur.

Jean Daigle-Roy a noté ces livres

3
Remarquable! Philippe, vous maîtrisez avec brio l’art de la description et de l’analyse psychologique. À l’égal d’Aurelius, votre personnage principal, vous peignez un portrait admirable, à légers coups de pinceau qui se fondent les uns aux autres, vous déroulez sous nos yeux ébahis une fresque exceptionnelle. En témoigne, aux pages 256 à 268, la finesse d’analyse du cheminement intérieur d’Aurelius, alors qu’il prend « la décision de renouer avec ses rêves d’enfant ». Soulignons aussi la figure de Gaius, père aimant qui réconforte son fils Aurelius sur la voie d’une pleine autonomie, nouveau modèle de masculinité dont les hommes d’aujourd’hui sont en quête. (…) Au fil des pages, je me suis laissé distraire, çà et là, par quelques fautes de grammaire. Une erreur étonnante : le mot « portrait », si important tout au long de votre roman, est amputé à plusieurs reprises d’un de ses « r » pour devenir « portait ». (…) Le dénouement de votre œuvre est stupéfiant. Quelle fin sublime! Les larmes d’enchantement que ce couronnement de votre récit m’a tirées m’ont fait pardonner les quelques distractions orthographiques mentionnées précédemment. (…) Philippe, permettez-moi de vous confier que j’ai cru découvrir, en vous lisant, les mêmes aspirations qui me soutiennent en tant qu’écrivain. J’irais jusqu’à dire qu’Aurelius, vous et moi avons reçu un même cadeau en partage : le don d’émerveillement!
Publié le 18 Mai 2024
3
Amphélicar, balsacier, nécromnésie : ces néologismes ruissellent dans la bouche comme de suaves nectars de poésie… Les mathématiciens ont des cœurs de poètes : n’ont-ils pas créé le nombre imaginaire i, dont le carré égale -1 ? (...) Ce trop court essai politique est un roman en soi. À déguster avec volupté! Une question, cependant : si l’on se fie aux travaux du pôle psychosociohistoire de l’École Nationale des Cerveaux Publics de l’État, se peut-il vraiment que la France ne soit rendue, en 2157, qu’à sa Sixième République?
Publié le 16 Mai 2024
2.01
Trois histoires s’entremêlent dans ce polar débordant de ses cadres. Tout d’abord, un joyeux délire kafkaïen, si vous me permettez cet oxymore, autour d’une disparition, d’un meurtre, d’un procès, où l’on voit à l’œuvre deux personnages croustillants. L’avocat Jean-Jérôme, leader d’un groupe transhumaniste d’inspiration marxiste, prônant la remise des fonctions de l’État à des intelligences artificielles (IA) qui ne connaissent pas de pulsions dominatrices, contrairement aux humains. La juge Weber, imperturbable, préfiguration paradoxale des IA par lesquelles le transhumanisme de Jean-Jérôme voudrait la remplacer. La deuxième histoire qui court à travers la trame narrative de ce polar fait état des relations amoureuses ardues entre Vincent, auteur en quête d’une « bonne idée » de roman dans Wikipédia, et Léa, qui l’a quitté pour… non, non, je ne vous dirai pas pour qui, ni pourquoi. Ce sont, entre eux, des péripéties tumultueuses, parfois un peu lourdes comme au chapitre 18, où Vincent relit les textos qu’ils se sont échangés au fil du temps, ou au chapitre 22, dans un long retour sur les imbroglios amoureux de leur jeunesse. Enfin, troisième histoire qui tresse le récit, une évocation des rapports ambigus, au XVIIe siècle, entre saint Vincent de Paul et quelques dévotes de son entourage. Je n’ai pas trop compris ce que cette plongée lointaine vient faire dans cette intrigue… Rabelais est tombé quelques fois lui aussi dans une certaine forme de prodigalité, ce qui ne l’a pas empêché de me faire rire aux éclats, tout comme vous êtes arrivé, Philippe, à le faire. Bravo pour la fin inattendue de votre roman!
Publié le 14 Mai 2024
2.01
Pas question, ici, de l’Amérique en haillons! On plonge dans l’univers ultrariche, même les personnages issus de milieux modestes parviennent à accéder à la consommation déjantée des produits high-tech et des services raffinés, à la respectabilité sociale, à l’impunité pour les frasques de jeunesse et les magouilles de l’âge mûr. Les rejetons, devenus adultes, des grandes familles de Montgomery, Alabama, dispersés aux quatre coins des États-Unis, ne se doutent pas que leur monde immuable, conventionnel, stéréotypé, est sur le point de vaciller sous les coups de boutoir d’une terrible vengeance. (…) Le style est efficace, il ne s’embarrasse pas d’élans poétiques ou de raffinements psychologisants, il va droit au but, servi par une prose claire et bien maîtrisée, si l’on excepte, dans les premiers chapitres du récit, une certaine confusion dans l’emploi des temps passés de l’indicatif (passé simple, passé composé, imparfait). Je mettrais aussi un certain bémol aux présentations un peu arides des personnages de Chelsea et de Louis, aux pages 61 à 78, ainsi que de l’entreprise Newco, aux pages 79 à 84. (…) Le rythme s’accélère au fur et à mesure que les mailles du piège se resserrent, la lecture se transforme en tourne-page, on voudrait que le « film » s’accélère et atteigne à l’explosion finale, assouvissant ainsi l’enfièvrement de Chelsea, notre héroïne, émoi que l’on aura fait nôtre.
Publié le 11 Mai 2024
2.01
Idée originale. Bonne maîtrise de la versification classique et de toutes ses « aimables contraintes ». Trame scénique présentant un beau crescendo. Aux menus propos gouailleurs de monsieur et madame tout le monde succèdent les considérations philosophiques, religieuses, scientifiques qui s’affrontent avec une pondération courtoise, malgré la situation désespérée des personnages guillotinés. Le ton s’élève lorsque tombent les têtes de Louis XVI et de Marie-Antoinette : le burlesque initial et la comédie morale cèdent le pas à la tragédie héroïque révélant la grandeur d’âme à laquelle le couple royal serait parvenu en ces jours funestes. Bientôt, cependant, la scène bascule dans le drame monstrueux, avec l’apparition de bourreaux aux mains ensanglantées, qui ont livré des cohortes d’hommes et de femmes au massacre, au nom d’un idéalisme intransigeant ou par pure cruauté. La tension s’apaise quelque peu, alors que les dernières têtes roulent dans le panier, avec les voix de deux poètes morts sous le couperet, André Chénier et Jean-Antoine Roucher. Concluons les belles qualités de cette pièce en un acte en mentionnant le défi – notamment pour les acteurs et actrices! – que représente sa mise en scène : il ne faudrait pas moins toute l’inventivité d’un Robert Lepage pour y répondre. Ma seule réserve à propos de cette œuvre réside dans l’accueil que pourrait en faire le public, désemparé par le défilé en mode accéléré d’autant de personnages – pas moins de cinquante-trois têtes! D’ailleurs, le texte s’accompagne de notes de bas de page et d’une annexe, pour que le lecteur puisse s’y retrouver, à moins d’être lui-même un spécialiste chevronné de la Révolution française.
Publié le 10 Mai 2024

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