« Il vous faut rendre ce livre à la Bibliothèque le 15 du mois prochain... »
Une Bibliothèque, quoiqu’immense, ne peut être infinie
Willard Van Orman Quine est un philosophe et logicien américain. Dans un petit essai sur la Bibliothèque de Babel (la bibliothèque de tous les écrits), il devise : « Cette Bibliothèque, quoiqu’immense, ne peut être infinie ».
Cette Bibliothèque de Babel, on le devine déjà, montre que l’horizon de la culture est presque infini, mais que nos capacités à l’assimiler, non. Avec Kindle unlimited qui offre Pour 9,90 € par mois 700 000 titres, on pressent le débat philosophique, mais surtout éthique, qui lève l’éternelle question de la culture de l'abondance, de la rémunération des auteurs, mais aussi du droit des lecteurs à qui l’on offre un horizon mirage sans cesse renouvelé.
Comment décider ce que les gens liront ?
Ce débat est relancé aujourd’hui avec la Mairie de Paris qui sort son programme de prêt de livre numérique en bibliothèque (PNB) assorti de prêt de liseuses. Elle implique évidemment pour les bibliothèques la notion de contrôle de fichier. À l’inverse d’un prêt sur un bien restituable, le prêt sur un bien immatériel duplicable à merci devient bien délicat. La solution du PNB (prêt numérique en bibliothèque) part d’une bonne idée populaire pour le lecteurs, mais elle est trouble dans ses applications.
Facturées au nombre d’emprunts de livres, les bibliothèques prêtent les ouvrages numériques sur un crédit de lectures, qu’elles achètent... et qui s’autodétruisent une fois le crédit épuisé !
Bien sûr, en cas de bons livres plébiscités, elles arriveront vite aux limites de leurs crédits. En un mot, elles ne pourront rapidement plus pourvoir les lecteurs dans ce qui est sensé être leur vocation : le prêt de livres, et de bons livres en particulier.
Dans un monde où l’on veut diffuser la culture, rémunérer les auteurs, proposer aux lecteurs un espace libre de choix avisés et de partage, le numérique qui devrait faciliter la tâche, tâtonne et nous la rend complexe.
C’était si simple quand on devait rendre son livre à la bibliothèque le 15 du mois suivant, même si l'on devait payer une pénalité le 16… N'est-ce-pas ?