Interview
Le 12 nov 2015

Jacques Vandroux, auteur de best sellers de l’auto édition

Auto-édition-best-sellers-Jacques-Vandroux-et-Jacques-Line-VandrouxJacques Vandroux écrivain et Jacqueline Vandroux, son « éditrice » personnelle.

Il écrit, elle soigne la publication et la promotion. La stratégie de Jacques Vandroux, auteur à succès de l’auto édition, c’est son association avec Jacques-Line son épouse. Au départ, il écrivait pour son seul plaisir, elle l’a convaincu de tenter l’aventure de l’auto édition en ligne. Et depuis 2012, chacun de ses romans a trouvé ses lecteurs. Alors que le mouvement des auteurs indépendants s’amplifie, ils soulignent d’une même voix la nécessaire professionnalisation des auteurs, donnent quelques conseils à ceux qui se lancent et dévoilent même des scoops sur les ouvrages à paraître.

Question: 

Jacques Vandroux, derrière votre nom, vous ne manquez jamais de le rappeler, il y a deux personnes actives : vous-même, romancier, et votre épouse Jacques-Line qui prend en charge tous les aspects de la publication de vos titres. Nos questions s’adressent donc à vous deux et nous vous remercions de vos réponses.

Réponse: 

Merci à monBestseller de nous inviter à nous exprimer sur cette plateforme. Il est vrai que dans notre intervention, vous verrez du « je », vous verrez du « nous », on ne sait jamais vraiment qui parle :-). Mais une chose est certaine, sans le travail de Jacques-Line, les livres ne seraient jamais sortis du disque dur de mon ordinateur.

Question: 

Vous êtes un écrivain indépendant à succès, pionnier de l’auto édition. Depuis 2012, date à laquelle vous avez auto édité votre premier roman, vous en avez publié d’autres, en France et à l’étranger. Au départ, pour quelles raisons avez-vous choisi de vous autoéditer ?

Réponse: 

Il n’y a pas eu de choix à proprement parler. J’avais écrit, surtout pour me faire plaisir, deux livres, un roman-fleuve puis une histoire courte. J’en avais proposé la lecture à des membres de ma famille et à des amis. Les retours avaient été dans leur ensemble très positifs, certains me poussant à aller plus loin.
Quelques recherches sur Internet m’ont rapidement découragé. Me faire éditer n’était pas de toute façon un but en soi, et je n’avais pas la motivation nécessaire pour envoyer de toute part un manuscrit de plusieurs kilos pour une issue plus qu’incertaine (ou sans doute trop certaine).
Est alors arrivée une émission de Capital dans laquelle David Forrest, le vrai pionnier de l’auto-édition, racontait son succès. Ce fut le déclic pour Jacques-Line qui s’est chargée de me convaincre… tout particulièrement en réalisant toute l’activité de mise en ligne. Tout a commencé là. Nous nous sommes lancés dans l’aventure sans aucune préparation préalable, en amateurs complets. Le travail pour rendre mes livres plus « professionnels » est venu ensuite.

             "Nous nous sommes lancés dans l’aventure en amateurs complets.
         Le travail pour rendre mes livres plus « professionnels » est venu ensuite."

Question: 

Aujourd’hui, vous enchaînez les best-sellers. Avez-vous été approché par des éditeurs ? Quels sont les avantages que vous apporte l’auto-édition et qui vous ont motivé à continuer sur cette voie en tant qu'auteur indépendant ?

Réponse: 

Il est vrai que mes trois gros romans ont trouvé leur public, chaque nouvel ouvrage amenant également des lecteurs à découvrir les plus anciens. Projet Anastasis, ma dernière parution sortie fin 2014, s’est ainsi vendu à 25 000 exemplaires. Mes titres secondaires ne sont pas en reste, même si les ventes sont plus modestes.
Ces résultats auraient sans aucun doute été difficiles, voire impossibles, à atteindre au départ dans l’édition traditionnelle. Au vu du nombre pléthorique de manuscrits soumis tous les ans, quel éditeur aurait parié sur un inconnu proposant un thriller fantastique de plus de cinq cents pages ? L’auto-édition nous a ainsi offert la chance de mettre le livre à disposition d’un large panel de lecteurs, tout en conservant les commandes : c’est nous qui décidons de tout. C’est à la fois très contraignant, et extraordinairement valorisant quand le succès est là. Il devient alors un peu plus difficile de confier son bébé à d’autres.

Cependant, nous avons signé l’an dernier un contrat avec une grande maison d’édition américaine, Amazon Publishing. Elle nous a permis de toucher un vaste public dans les pays anglophones et germanophones, grâce à des traductions de Au Cœur du Solstice. Jamais nous n’aurions atteint un tel succès sans eux. Projet Anastasis est en cours de publication en anglais et devrait paraître au mois de mars.
Côté français, et c’est un scoop, un projet est en cours pour la version audio d’un de mes titres.
Aujourd’hui, le thriller français a du mal à percer en mode « papier ». Il semblerait que les très gros éditeurs limitent les nouveaux venus et préfèrent faire confiance aux valeurs sûres, ainsi qu’aux écrivains anglo-saxons et scandinaves traduits. Nous avons eu, par contre, des appels du pied de maisons plus modestes, mais certainement plus à l’écoute de leurs nouveaux auteurs. Nous y songeons sérieusement.

Question: 

Beaucoup d’auteurs autoédités ou qui envisagent l’auto-édition de leurs ouvrages vous considèrent comme le père de ce mouvement des auteurs indépendants qui prend actuellement de l’ampleur. Et tend à se professionnaliser.
Quelle est votre perception de ce mouvement ? Comment le voyez-vous évoluer ?

Réponse: 

En quatre ans, le paysage a effectivement beaucoup évolué. On voit se développer de nombreuses plateformes d’aide aux auteurs. Au Salon du Livre de Paris, l’accent a été mis sur l’auto-édition par les différents vendeurs de titres numériques, et de plus en plus de gens se laissent tenter. Du fait de l’offre qui devient pléthorique, il y a moins de place pour l’amateurisme. Les auteurs qui veulent se donner les moyens de percer soignent leurs textes et leurs couvertures. Même si l’orthographe reste encore la bête noire de certains acteurs de l’auto-édition, la qualité s’améliore d’année en année.

   "Du fait de l’offre qui devient pléthorique, il y a moins de place pour l’amateurisme."

Question: 

L’image même de l’auto édition bouge dans le public. Elle acquiert une légitimité par le fait que les ouvrages trouvent leurs lecteurs. À côté des primo écrivains, il y a d’ailleurs de plus en plus d’auteurs hybrides. Selon vous à quoi cela tient-il ? Les lecteurs sont-ils en train de (re)prendre le pouvoir ?

Réponse: 

Rappelons que le phénomène d’auto-édition touche essentiellement le secteur de l’ebook. Nous sommes persuadés que de nombreux lecteurs se moquent de savoir si une œuvre est auto-éditée ou non, à partir du moment où l’histoire leur plaît et que le livre est correctement écrit. Comme l’auto-édition se passe d’intermédiaires, les parutions peuvent être offertes à des prix très compétitifs, et c’est un véritable avantage. Ce n’est qu’à la fin de l’histoire, si le lecteur parcourt le petit mot souvent laissé par l’auteur, qu’il découvre l’affaire.
Pour nous, il s’en est suivi de nombreux échanges, des complicités réelles et virtuelles. C’est très touchant de recevoir des messages nous demandant de continuer l’écriture et nous remerciant de proposer des titres bon marché pour ceux qui ont peu de moyens, d’avoir fait oublier la souffrance l’espace de quelques heures à des lecteurs gravement malades, d’avoir redonné le goût de la lecture à des lecteurs qui l’avaient perdu…
Ensuite, ce sont les lecteurs qui, sur les sites de vente, laissent directement leurs commentaires. Un outil d’évaluation qui peut également être très féroce si le livre n’a pas plu. Ici, pas d’éditeur pour arrondir les angles, l’auteur fait face au jury des lecteurs. Cela nécessite d’accepter les critiques négatives. Avec l’anonymat d’Internet, elles peuvent être très cruelles, et certains auteurs ont beaucoup de mal à les recevoir. Il faut réussir à faire la distinction entre l’œuvre et soi-même. A contrario, elles peuvent aider à s’améliorer.

Question: 

Cette progression de l’auto-édition est le fait de primo écrivains, mais aussi de plus en plus d’auteurs hybrides. Qu’en pensez-vous ? C’est pour vous un épiphénomène ou une tendance amenée à se développer ?

Réponse: 

On verra certainement de plus en plus d’auteurs hybrides, c’est-à-dire publiant une partie de leurs œuvres eux-mêmes et passant par des éditeurs classiques pour les autres. Par ailleurs, ceux qui ont pu récupérer leurs droits sur des titres anciens publiés en version papier les proposent dorénavant en numérique. D’autres, soit par curiosité, soit parce qu’ils sont déçus de l’édition traditionnelle, ont envie de tester ce mode d’édition.
Il ne fait pas de doute que cette tendance va continuer à se développer.

                 "Les auteurs qui veulent se donner les moyens de percer
                           soignent leurs textes et leurs couvertures.
            Même si l’orthographe reste encore la bête noire de certains acteurs,

                           la qualité s’améliore d’année en année."

Question: 

Écrivez-vous actuellement ? Un nouveau roman à paraître ?

Réponse: 

Nous allons sortir deux titres courts début décembre. Un conte pour enfants dont les bénéfices sont reversés à l’association LOCOMOTIVE qui accompagne les enfants malades du CHU de Grenoble. Il est présenté ici. Et une nouvelle assez longue dont la genèse, que je vous encourage à lire ici, est due à une interaction forte avec deux fidèles lectrices.
Par ailleurs, je suis en train d’écrire un « gros » roman. J' aperçois la ligne d’arrivée. Viendra ensuite la partie tout aussi importante des relectures et corrections. Nous espérons pouvoir le proposer aux lecteurs d’ici fin 2016. Deuxième scoop, on y retrouvera le capitaine Nadia Barka, héroïne de Au Cœur du Solstice, dans une nouvelle histoire se déroulant principalement en France et en Italie.

Question: 

À votre avis, que faut-il pour réussir en tant qu’auteur auto édité ?

Réponse: 

Sans faire une liste à la Prévert, et en essayant d’aller au principal, je dirais : maîtriser au minimum Internet et un traitement de texte ; savoir se remettre en question ; ne pas pleurer son temps ni son énergie pour que son texte soit de qualité ; proposer un thème qui saura plaire à un public suffisamment large ; et avoir une bonne dose de chance, car la qualité ne fait pas tout. Et, accessoirement pour ceux qui débutent, découvrir le livre de Jacques-Line Grimpez vers le Top 100. Il ne leur garantira pas le Top 100, mais leur fera gagner du temps et des recherches. Des auteurs qui ont « réussi » dans l’auto-édition pourront en témoigner.
Si j'en ressors quelques idées, on peut noter, en plus de la qualité de l'ouvrage à mettre en ligne -qui est un conseil fondamental- : créer un blog pour permettre aux lecteurs qui ont aimé le livre de pénétrer dans le monde de l'auteur ; créer une page Facebook, mais ne pas assommer les lecteurs/auteurs en postant de la publicité pour son livre à tour de bras (surtout sur les pages des autres) ; et participer à des groupes en rapportant son expérience, même si on débute.
Mais en cas de manque de temps, ce qui est souvent le cas, ne pas oublier que la meilleure publicité d'un livre... c'est le prochain. Écrire est donc plus important que se disperser en tentatives de marketing rapidement chronophages.
Et puis… il faudrait peut-être définir le mot « réussir ». Si vous vous faites plaisir et que votre livre plaît à quelques lecteurs qui vous le montreront d’une manière ou d’une autre, je pense que déjà, vous aurez « réussi » ! Car c’est sans doute la première ambition à avoir.

Question: 

Que pensez-vous de monBestSeller et des services qu’il apporte aux auteurs ?

Réponse: 

Notre expérience de monBestSeller est assez réduite.
Nous y avons déposé un extrait du roman Les Pierres Couchées. Notre objectif était de donner aux lecteurs qui avaient apprécié cet extrait l’envie de lire le livre dans son intégralité. Il me semble que beaucoup d’autres auteurs font de même. Il est toutefois difficile d’évaluer les retombées effectives de cette stratégie.
Nous avons, également sur votre site, fait l’intéressante rencontre d’un lecteur/auteur/correcteur professionnel qui nous a bien aidés par la suite en relisant certains textes. Il propose d’ailleurs depuis peu ses services de correcteur.

Par ailleurs, pour des auteurs, votre site peut être une première étape pour proposer leurs écrits et avoir des retours de lecteurs « affectivement indépendants ». Cela leur permet d’avoir une évaluation de leur œuvre et, si nécessaire, d’améliorer leur texte.
J’insiste par contre sur l’aspect « première étape ». En effet, pour en avoir fait l’expérience, nous pensons qu’il vaut mieux éviter d’offrir ses titres gratuitement sur le long terme. En disant cela, nous risquons peut-être d’en faire réagir certains, mais nous n’allons pas lancer le débat. Nous avons déjà largement abusé de l’hospitalité de monBestseller.

     "Pour des auteurs, votre site peut être une première étape pour proposer leurs écrits
                   et avoir des retours de lecteurs « affectivement indépendants »"

Merci donc à monBestseller d’avoir mis à notre disposition cette tribune. À ceux qui ont eu la patience de lire cet article jusqu’au bout, je résumerai notre intervention en disant : « Proposez un texte qualité, faites-vous plaisir sans placer la barre trop haut, et profitez de tout ce qui vient »

Propos recueillis par Isabelle de Gueltzl

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Après 40 ans de lectures de polars, thrillers et romans noirs je vous découvre avec le projet Anastasis" grâce à Glenn Tavennec et je pense que nous allons avoir une longue histoire ensemble. Vous avez vraiment un talent exceptionnel. Merci à vous.

Publié le 12 Juillet 2017

Après 40 ans de lectures de polars, thrillers et romans noirs je vous découvre avec le projet Anastasis" grâce à Glenn Tavennec et je pense que nous allons avoir une longue histoire ensemble. Vous avez vraiment un talent exceptionnel. Merci à vous.

Publié le 12 Juillet 2017
Je vous cite : « Et puis… il faudrait peut-être définir le mot « réussir ». Si vous vous faites plaisir et que votre livre plaît à quelques lecteurs qui vous le montreront d’une manière ou d’une autre, je pense que déjà, vous aurez « réussi » ! Car c’est sans doute la première ambition à avoir. » Mille et mille fois OUI ! Écrire est une aventure intérieure fantastique, mais celle-ci ne trouve sa finalité que lorsque ce qui a été écrit est lu. L’aventure devient alors bonheur. Même dans le cas d’une lecture unique. Merci à vous deux pour ce partage d’expérience, et bravo pour votre réussite !
Publié le 15 Novembre 2015
Merci à Jacques, Jacqueline et l'équipe mBS pour cette interview :-)
Publié le 13 Novembre 2015
Dans le monde de l'édition en général, mieux vaut viser les grandes plateformes comme Monbestseller, Amazon, KOBO pour l'autoédition et Gallimard Plon ou Lafon pour les rares élus. Je dis ça car les "petits" sont en souffrance en terme de visibilité et de moyens financier pour l'être. D'ailleurs, l'éditeur Bookstory et la plateforme Narcissus-Me, ont fermé leurs portes, (fenêtres web). L'argent est bien le premier des pouvoirs pour obtenir une couverture professionnelle, une correction de qualité, un publireportage, une large diffusion chez les libraires... La moralité pourrait être "pour bien vendre son livre, il faut dépenser pour qu'il rapporte, sans la certitude qu'il rapportera. Sauf que "personnellement" je repousserai le succès s'il venait. L'idée d'écrire sans pression, sans que personne ne m'attende me séduit. Il faut pouvoir s'exprimer à un micro, faire la promo, ce n'est pas donné à tout le monde. Félicitations à Jacques Vandroux et à JacqueLine. (J'ai lu l'interview jusqu'au bout).
Publié le 13 Novembre 2015