Actualité
Le 04 mai 2015

TVA à 20 % sur les Livres numériques ? Et si les méchants avaient raison ?

TVA à 20 % sur les livres numériques, on la fustigeait il y a 10 jours. Mais tout dépend de l’angle ou l’on se place. Et pourquoi le livre numérique ne serait pas un service ?
Livre numérique : livre ou service ?Livre numérique : livre ou service ?

Il y a eu le débat autour de la TVA…  En France, prix unique du livre pour l’accès de tous à la culture et TVA de 5 % appliquée aussi sur les ebooks. Une exception française. On a tendance à y souscrire, bien sûr au nom du contenu et de l’égalité des supports. On y adhérait surtout face aux éditeurs qui révèlent moins de talents nouveaux et capitalisent sur les auteurs « bankable ». Alors, les 2 millions de Français qui écrivent ont profité de l’Internet pour éditer leurs ouvrages en numérique sans avoir à supporter tous les frais d’édition papier tout en bénéficiant des moyens de promotion et de diffusion du Net. On les comprend, même si le marketing n’est pas leur cœur de métier, loin s’en faut. Toujours est-il que certains ont émergé, ont trouvé leurs lecteurs et même, du coup, un éditeur.

Mais pour les auteurs auto édités en format numérique, c’est un coup dur, car leurs livres deviendraient plus chers (proportionnellement) en version électronique qu’en version papier.

Le livre numérique ne serait pas un livre mais un service.

Le fond du débat de cette TVA qui devrait passer à 20 % sous couvert que le livre numérique ne serait pas un livre comme les autres mais un service (donc TVA à 20 %) est intéressant aussi. Surtout si on se dit qu’un livre électronique est beaucoup plus qu’un livre.Au delà de la défense des auteurs, on peut voir le sujet du point de vue de la puissance de la dématérialisation des écrits.

Quand on n’est pas auteur, on ne voit pas que cette TVA augmentée aura vraisemblablement un impact sur l’énergie créative et entrepreneuriale de tous les auteurs. Ceux ci tentent d’exister et proposent leurs livres à des prix défiants toute concurrence. Mais on peut avoir un autre regard : la notion de service ouvre d’autres horizons...

Livre numérique : une bibliothèque à emporter partout.

Un livre numérique s’emporte partout, léger, non encombrant, il n’alourdit ni les valises de vacances, ni l’attaché case. Il se lit aujourd’hui sur une tablette mais aussi sur n’importe quel terminal connecté à Internet. Et même sans doute, un jour cette connexion ne sera même plus nécessaire. La bataille est bien plus dans la levée du cadenas DRM, qui empêche de lire sur une autre plateforme que celle où le livre a été acheté, sur un autre support que celui qu’elle impose (Kindle…).

Il y a d’ailleurs eu bien des exemples dans d’autres pays où les lecteurs abonnés ont perdu toute leur bibliothèque le jour où la plateforme a mis la clé sous la porte. De ce point de vue, on passe de l’objet livre électronique à la notion de bibliothèque (un « Cloud »), un espace de stockage accessible partout, un service donc.

Livre numérique : un service pour les plus démunis ?

Tous égaux pour l’accès à la culture. L’ebook militerait contre le handicap de la malvoyance, de la dyslexie, de tous ceux qui, pour une raison ou une autre, ont du mal à déchiffrer. Comment ? En offrant une voix synthétique par exemple, par l’epub qui permet des zoom pour les malvoyants. La plupart des futurs objets connectés en seront équipés -montres, téléphones, lunettes…- pour écouter son livre dans ses écouteurs en se baladant, en faisant ses courses ou son jogging. Ces quelques points de TVA permettraient t’ils de les financer ?

Le livre numérique un service de santé publique, un service social ?

La fin des cartables de huit kilos, du mal de dos des écoliers, des colonnes vertébrales qui souffrent…

Les bibliothèques, plus accessibles, plus rapides qui laisseraient leurs employés se concentrer sur les contenus et les technologies d’accès plutôt que sur les manipulations. Créer des bibliothèques entières dans les zones rurales, dans les banlieues, partout où les services publics rapportés au nombre d'habitants sont les plus faibles de France, n’est ce pas une fin en soi ?.

Sous un certain angle, le livre numérique est un service public. Il faudrait pour cela répondre aux aspirations des lecteurs qui ne lisent pas aujourd’hui parce que rebutés ou privés de livre papier. Les livres augmentés sont une ouverture : sons, vidéos, sources… Une façon de dépasser le livre, une manière de conquérir les derniers rétifs !

Une TVA à 20 % sur un livre numérique à 8 €, c’est toujours moins qu’un livre papier à 20 ou 30 €. Et quoiqu’il en soit les prix bas pratiqués pour la plupart des ebooks n’affecteront pas les décisions d’achat. Celui qui a vraiment envie de lire un livre qui coûte 3€ (avec une TVA à 5,5 %) mettra bien 40 cts de plus si la TVA passe à 20 % (…). Il y a quelques exemples surprenants ou un produit s'est bien mieux vendu en multipliant son prix (…) en changeant sa valeur "perçue". A méditer.

Isabelle de Gueltzl et Christophe Lucius

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Si on suit votre raisonnement jusqu'au bout, puisque l'e-book est un service publique, il devrait donc être....gratuit! ;)
Publié le 10 Mai 2015
Encore une fois, ce n'est pas une taxe a 20% qui empeche les francais de lire des ebooks. C'est simple a demontrer puisque la France et le Luxembourg (plus un troisieme pays il me semble) etaient les derniers pays europeens a avoir une tva reduite sur les ebooks. Or la France est loin d'etre a la pointe quand a la proportion de lecteurs d'ebooks! Elle est loin d'etre a la pointe quant a la proportion de lecteurs tout court d'ailleurs. Quand a une tva a 20% au lieu de 5%, ca fera surtout des degats pour celles et ceux qui vendent des ebook a 15 euros! Pour un ebook a 0.99 euro vous imaginez bien que la difference de qqes cents entre la ta 5% et 20% ne va certainement pas empecher un lecteur d'acheter.
Publié le 06 Mai 2015
monbestseller, vous soulevez de vrais points de réflexion que je partage. Notamment sur les DRM (car au même titre que l'on a tous prêté et emprunté des bouquins papier, pourquoi ne pourrions-nous plus le faire avec les e-livres ?). Et si le dé-verrou des DRM s'accompagnait d'une TVA à 20%, qu'en dirait les auteurs ?
Publié le 04 Mai 2015