Actualité
Le 11 mai 2015

Reste-t-il un espoir pour les librairies indépendantes ? Partie 1

Flambée du foncier, gestion délicate, crise économique, émergence du numérique, les librairies indépendantes ont du mal a faire face. Et pourtant, elles semblent fléchir moins vite que les grands espaces culturels comme Virgin ou Chapitre. Quand on est petit, on est agile.
Librairies indépendantes : comprendre ses atouts pour survivreLibrairies indépendantes : comprendre ses atouts pour survivre

Librairies indépendantes : un rapport de force apparemment déséquilibré.

L’émergence et la domination de la concurrence en ligne les met en difficulté, et bien sûr l’érosion du temps de lecture, phénomène chronique auquel on assiste depuis plus de 10 ans. Amazon, le géant planétaire, en imprimant, en fabriquant et en distribuant des livres, des liseuses et des contenus en temps réel, rompt les équilibres et prend le commerce traditionnel de vitesse. En proposant l’exhaustivité, le commerce en ligne satisfait le client en deux jours. Les libraires peinent, et face à une gestion de stock limitée dans l’espace, doivent trouver d’autres solutions. Si l'exhaustivité ne peut être leur réponse immédiate, la qualité de la relation et le conseil sont leurs atouts. Encore faut-il les mettre en avant.

Place à quelques chiffres. Le numérique, surtout dans les pays Anglo-saxons, a fortement détérioré la situation des librairies indépendantes. Aux Etats-Unis, Amazon détient 65 % de part de marché du e-book, Barnes and Nobles 25 %. Reste les miettes pour les pigeons, en l’occurrence les espaces culturels et les libraires indépendantes...

Librairies indépendantes : des chiffres inquiétants en France, pas alarmants.

En France, en 6 ans, c’est près de 200 librairies indépendantes qui ont fermé (sur 2 500). Au Royaume-Uni, plus d’un tiers. Mais si la bataille n’est pas terminée, des noms mythiques ont déjà disparu “Del Duca”, et “La Hune” à Paris, “Travel Book Shop” à Londres, “La Librairie de France” du Rockefeller Center à New York. Et bientôt, de nouvelles : la librairie “Delamain” à Paris, dont un fond Qatari veut doubler les loyers. Car le foncier est bien l’”autre” plaie de cette activité. Par nature même propice aux échanges dans les centre villes, les libraires subissent de plein fouet les coûts fixes que l’augmentation de leurs revenus ne peuvent couvrir. Pour une activité qu’on aurait peine à délocaliser.

Cependant, des signes annonciateurs d’une embellie se profilent. Aux Etats-Unis, après une décade de chiffre d’affaires en baisse, ce chiffre est reparti à la hausse d’environ 5 à 8 % par an depuis 2012.

Les auteurs et les éditeurs au secours des Librairies.

Au même titre que les musiciens et interprètes vivent aujourd’hui majoritairement des concerts, les animations deviennent essentielles pour les librairies indépendantes. La conscience qu’une forme de convivialité, de proximité, d’échanges est leur seule planche de salut face à la machine à fabriquer et à distribuer. Les signatures et dédicaces ont un rôle clé dans cette proximité. Les plus populaires ne s'y trompent pas. Même les Musso, Pancol et autres Lévy... jouent leur rôle et signent souvent dans des petites librairies de province. Ils savent que leurs lecteurs ont une âme et qu'on ne peut la toucher qu'en étant physiquement là. Ils veulent échanger bien sûr, mais aussi freiner l'élan d'un monde qui fonce vers la dématérialisation et l'anonymat.

Ecouter et accueillir les clients, c’est ce qu’on n'aura jamais sur les plateformes numériques, et dans une bien moindre mesure dans les espaces culturels. Il est bien loin le temps des pubs de la FNAC, où un client chantait faux un air déformé, et que le vendeur disparaissait 30 sec pour aller chercher la pièce rare, original de la chanson, dans l’arrière boutique. A l'époque, les vendeurs s'y connaissaient. Et au delà d'un moment de partage, on était sûr de ce qu'on achetait, et de rigoler.

 Pour les libraires indépendants, combiner la connaissance, la culture et l’amour des livres est indispensable. Mais le sens du commerce, et l'aptitude à se muer sont vitaux, car la guerre, si elle est difficile, est loin d’être perdue.

Christophe Lucius

La semaine prochaine : Toutes les armes des librairies indépendantes (Partie 2)

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Merci Hermann:-)
Publié le 18 Mai 2015
Remarque très intéressante. Mais je suis désespéré ! Je vais devoir corriger tous mes manuscrits !
Publié le 14 Mai 2015
Et "reste-t-il" un espoir de lire un titre sans faute d'orthographe? ;-)
Publié le 14 Mai 2015
Et s'ils prenaient à contre-pied le marché actuel en vendant tous ces livres qui n'apparaissent pas sur dilicom et consort ? Il y a du très bon qui faute de moyen ne sont pas sur les catalogues des libraires. Se detacher de cet empire du milieu pour aller vers des contrées plus lointaines et sortir de sous des fagots de nouvelles pépites introuvables à la fnac ou cultura, ça serait sympa ! ^_-
Publié le 11 Mai 2015
Je suis très attaché à ma librairie indépendante ( La Balançoire à Crest dans la Drôme). Pour le moment, dans notre famille, nous lisons encore 80 % de livres "papier". Cette librairie fournit des avis intéressants sur les nouveautés et évite les "grosses cylindrées de l'édition (Style Valérie T). Ils travaillent en concertation avec les professeurs de nos enfants pour faire des commandes groupées des livres au programme (dans des éditions bon marché). J'essaye autant que faire se peut de leur réserver nos achats. Les rouleaux compresseurs FNAC, CULTURA, ETC n'offrent pas la même convivialité et ne mettent pas du tout les mêmes produits en avant. Je pense que nous autres, auteurs anonymes et débutants aurions plus de chance d'être publiés si le nombre de ces librairies indépendantes était resté important. Les grandes surfaces de la vente de livres ne font qu'exercer un nivellement lié au nombre élevé de vente. Il n'y a pas une différence de prix énorme entre cette librairie indépendante et les grandes surfaces, et je préfère qu'une partie de mon argent aille dans la poche de la patronne plutôt que sur les comptes d'actionnaires ou de fonds de pension.
Publié le 11 Mai 2015
Bien sur qu'il existe un espoir pour les librairies independantes. mais il faut que ces librairies proposent un service different de celui des grandes surfaces Internet. Les clients ne feront pas 100km pour aller acheter un livre qu'ils/elles pourront acheter sur Amazon sans frais de port. Donc aux librairies independantes de vendre un service original, sinon effectivement beaucoup disparaitront.
Publié le 11 Mai 2015