Événement
Le 16 juin 2015

Sondage monBestSeller : auteurs et protection des livres numériques.

Les DRM* sur les livres électroniques font débat. Lors de la journée mondiale contre les DRM le 6 mai dernier, monBestSeller a lancé un sondage auprès des auteurs auto édités. Le sujet : leur usage de la lecture numérique, le piratage, et les systèmes actuels de protection de leurs livres. Surprise : leur point de vue diverge selon qu’ils sont dans leur peau d’auteur ou de lecteur ! Acteurs du marché, à vos écouteurs : trois grands enseignements.
Protéger les droits d'auteur et favoriser la libre circulation des écrits. Quelle réponse à ce paradoxe ?Protéger les droits d'auteur et favoriser la libre circulation des écrits. Quelle réponse à ce paradoxe ?

Ce sondage exclusif monBestSeller a été mené en mai 2015 sur le site et hors site. Il comportait 12 questions afin de recueillir le point de vue des auteurs auto édités en numérique sur le piratage des livres, la lecture numérique en tant qu’auteur et lecteur, et les principaux systèmes actuels de protection des livres : DRM et Watermarking.

1. Près de 70 % des auteurs se sentent concernés par le piratage 

Confirmés ou amateurs, les auteurs ont une véritable prise de conscience de « la propriété intellectuelle d’un écrit ». Et le système de liberté absolue de diffusion n’est pas considéré comme une solution de court ou moyen terme.  

Mais, en tant que lecteur, 1 auteur sur 2 milite pour la lecture libre 

Pour près d’un auteur/lecteur sur deux (48 %), la lecture numérique doit être libre de toutes contraintes : techniques, monopole des diffuseurs, non partage des fichiers (…).

2. Sur les DRM*, auteurs et lecteurs sont unis pour dire non 

2 auteurs sur 3 les considèrent comme handicapants (70 %). 

Ils rejettent le système pour la raison même pour laquelle il a été créé : la protection. Ils ont envie d’être lus. 
Et 51 % d’entre eux souhaitent la vente de leurs écrits hors DRM mais « contrôlée ».

1 auteur lecteur sur 2 est contre les DRM.

Spécifiquement :
Près de la moitié (42 %) se plaint de l’impossibilité du prêt d’ouvrage numérique. 68 % des lecteurs contestent la volonté des plateformes libraires de s’arroger des monopoles de diffusion .
67 % critiquent ces écosystèmes qui nuisent à l’usage des écrits numériques : difficultés techniques de lecture et de téléchargement.

Pour preuve : 1 auteur sur 2 seulement achète régulièrement des livres numériques 

Paradoxe !
 L’auteur numérique vit mal les DRM aujourd’hui, d’abord parce qu’il considère qu’ils sont faciles à déjouer (donc retour au piratage) et parce qu’il sait qu’ils sont décourageants pour de nombreux lecteurs (et lui-même lorsqu’il est lecteur).

Pour preuve : 85 % des auteurs accepteraient de vendre leur livre sans DRM avec ou sans système de protection. 

 

3. Watermarking**: "la moins mauvaise" solution pour 2 auteurs sur 3 

Pour deux auteurs numériques sur trois (60 %), le watermarking (filigrane ou tatouage numérique) reste aujourd’hui la meilleure alternative.
C’est une solution par « défaut » pour les auteurs, car si elle dénonce les abus de diffusion des acheteurs, elle n’est en rien un système de protection. Le watermarking est donc considéré aujourd’hui comme la « moins mauvaise solution ».

Pour preuve : 4 auteurs sur 5 accepteraient de vendre ou diffuser gratuitement leur livre avec un système de protection numérique tel que le watermarketing. 

D’ailleurs, 4 auteurs sur 10 diffusent déjà leur livre gratuitement sur le web.

La solution idéale de protection des livres numériques n’est pas trouvée ! 

Le système de protection des ouvrages numériques est loin d’être résolu. Les DRM mécontentent aujourd’hui ces auteurs pour la protection de leurs droits d’auteur mais aussi pour leur propre usage de la lecture numérique. 
L’ambivalence réside dans l’ambiguïté des attentes : la nécessité pour les auteurs numériques de protéger leurs écrits, et leur volonté tout aussi forte de les partager et d’être lus.
L’absence de solutions techniques « raisonnables » renforce ce clivage : fermeture des verrous (et non diffusion) ou ouverture des vannes (et non rémunération). 

Quant au lecteur, il fuit un système qui complexifie ce qui doit être avant tout un plaisir. Pour preuve le faible taux de pénétration de vente du livre numérique.

Maintenant, il faut trouver les techniques qui protègent efficacement les auteurs et non des solutions proposées par des prestataires qui défendent leurs intérêts avant de penser aux causes qu'ils défendent. C'est sans doute des électrons libres du net qui proposeront la vraie solution de demain.

DRM* (digital right management) : ce système dominant la protection des ouvrages numériques est un verrou qui interdit le partage des fichiers numériques et leur impression. L'accès à la lecture du document ainsi protégé n'est alors autorisée que pour l'équipement ou l'identification logicielle certifiée par le fournisseur.

Watermarking** : tatouage numérique qui consiste en l'ajout, à l'intérieur du fichier acheté, des coordonnées de l'utilisateur mais qui n’empêche en rien sa diffusion abusive.

NB : Sondage auteurs auto édités mené par questionnaire auto administré sur le site, relayé sur la blogosphère et webzines littéraires. 156 questionnaires complets sur 254 réponses. (Valeur indicative.)

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Le piratage devient inutile si chaque ebook devient completement gratuit des sa publication. Assez bizarrement, cela avantagera les auteurs edites par des maisons classiques pour lesquelles le livre papier est encore ce qui rapporte le plus (en tous cas pour quelques annees supplementaires.) Par contre pour les auteurs auto-edites, ce sera plus difficile. Et si le piratage se developpe vraiment trop, je crois que beaucoup se lasseront tout simplement d'ecrire juste pour le plaisir de voir leurs romans pirates le lendemain de leur publication.
Publié le 17 Juin 2015
Avec l'invention des serrures, l'invention des moyens pour les forcer, qu'il s'agisse de cambrioler ou de pouvoir rentrer chez soi lorsqu'on a négligemment oublié les clés à l'intérieur. Les DRM, c'est comme acheter un livre papier qu'on aurait l'obligation d'enchaîner dans son salon ou sa chambre. On voudra bien vite le délivrer pour le lire où il nous plaira, comme il nous plaira. Le tatouage numérique, non contraignant, sera bien sûr effacé par des pirates astucieux. Rien n'entravera totalement la circulation illicite des livres. Reste encore sinon à trouver une parade vouée à l'inefficacité, du moins à rendre le piratage inutile...
Publié le 17 Juin 2015