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Le 08 Jan 2021

Pourquoi monBestSeller ? Vu par Henri Régnier

Un éloge au dilettantisme énoncé par un passionné : Henri de Régnier
Henri de RégnierHenri de Régnier

La littérature exercée en passe-temps mène à tout. Exercée avec dévotion et exclusivisme, elle condamne à la pauvreté.

 

Henri de Régnier ; Romancier, essayiste, poète.
Aristocrate, il se passionne dès son adolescence pour la littérature.
Ses Iers poèmes, LES LENDEMAINS (1885) sont sous l'influence parnassienne, proche du symbolisme...

Couche-toi sur la grève et prends en tes deux mains,
Pour le laisser couler ensuite, grain par grain,
De ce beau sable blond que le soleil fait d’or ;

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@monBestSeller, s'il fallait en tout premier lieu répondre au thème de l'écriture : « Pourquoi monBestSeller ? », je répondrais : « Parce que je n'ai pas la science infuse, que je ne suis pas monsieur-je-sais-tout, une citation soumise à notre réflexion a le mérite, pour peu que l'on souhaite participer à l'apport d'enrichissement collectif, de nous inciter à en savoir plus sur l'auteur… et de cela je vous remercie. »
A cet enrichissement collectif, ceux qui y ont participé l'ont fait avec pertinence au vu de leurs commentaires et des échanges qu'ils ont suscité.
Cette citation est bien choisie, car Henri de Régnier (1864-1936, reçu à l'Académie en 1912) en a laissé beaucoup, certaines pouvant donner lieu à des sujets de philosophie.
Pour celle-ci, s'il a exercé la littérature en "passe-temps", il ne faut cependant pas l'interpréter dans le sens de dilettantisme. Il n'aurait pas davantage été l'auteur d'une oeuvre aussi riche et diverse, tout à fait singulière, s'il avait exercé la littérature avec dévotion (donc sans la liberté de pensée) et exclusivisme.
Poète, portraitiste, critique, romancier, essayiste, il fut un témoin considérable de son époque, l'auteur écrivain-vedette de plus de cinquante volumes publiés au Mercure de France, l'auteur de discours académiques (réponses aux discours de réception du duc de La Gorce, de René Boylesve, de Henri Bordeaux, de Pierre Benoit), l'auteur de pièces de théâtre, et l'auteur d'écrits intimes.
Permettez-moi un mot sur le personnage : Issu d’une aristocratie foudroyée par la Révolution et qui n’a pu résister à l’ascension de la bourgeoisie marchande, imbue de ses préjugés nobiliaires, d’un catholicisme réfractaire, d’une morgue qui tente de surmonter la réalité du déclassement, il « monte » avec sa famille de Honfleur à Paris. Il fait ses études (médiocres) au collège Stanislas, s’inscrit en droit (sans vocation). Finalement, il se livrera tout entier à la poésie puis au roman, tout en sacrifiant au journalisme alimentaire qui le fera vivre, plutôt bien, compte tenu de ses besoins importants (la société qu’il fréquente est celle du faubourg Saint-Germain : on reçoit, on dépense, on voyage beaucoup).
Merci pour ce choix, et pour l'ouverture d'esprit que ce personnage inspire, ouverture d'esprit d'ailleurs qui lui a habilement été reprochée dans la réponse à son discours de réception à l'Académie.

Publié le 26 Janvier 2021

@Yvar BREGEANT
D'accord ! On attend votre "enquête".
Alexis

Publié le 23 Janvier 2021

@ Alexis Arnaud
Vous avez raison, le maître mot est aussi l'équilibre ! A un moment donné il faut aussi savoir lâcher prise, l'auteur doit lâcher son texte et le lecteur desserrer ses ergots et se laisse porter par le récit, même si ici et là des choses le rebutent.
Concernant Vinci, il gardait ce tableau pour une autre raison bien précise. Ce n'était pas qu'une démarche perfectionniste jusqu'au-boutiste. Elle représentait en effet bien autre chose que cette simple personne. J'aurais l'occasion de vous dévoiler son identité et toutes les preuves afférentes dans le tome 3 sur lequel je suis en train de travailler. Si seulement j'arrive à le lâcher ! ;) Amicalement Yvar

Publié le 23 Janvier 2021

@Yvar BREGEANT
Certains artistes et intellectuels ont même poussé l'idée qu'il ne faudrait jamais publier puisque toute œuvre est perfectible. Mais parfois, ce sont aussi les aspérités dans un tableau ou un texte qui font son charme. Et il y a des tableaux qui se regardent l'oeil rivé sur la toile et d'autres en prenant dix pas de recul.
Alexis
PS : Vinci a peut-être aussi aimé tant sa Joconde qu'il l'a peaufinée durant des années et qu'il se sentait incapable de s'en séparer.

Publié le 23 Janvier 2021

Je rejoins Alexis et Fanny sous l'angle de la nécessité de garder un esprit ouvert, de curiosité permanente, auquel cas le risque est grand en effet que l'"exclusivisme" que dénonce ici entre autres choses l'auteur s'apparente et mène à une pauvreté intellectuelle, une pensée sclérosée, déjà mourante. Dans un tel cas, l'écriture ne s'avèrerait alors, même si propriété d'un génie, au mieux que celui d'un autiste asperger, capable peut-être de prodiges littéraires mais malheureusement sans âme, incapable qu'il serait de toute connexion sociale au travers de ses écrits.
J'ajouterais que l'on peut aussi dégager un autre angle d'analyse, paradoxalement opposé. La question sous-jacente est peut-être en effet aussi celle-ci : le génie doit-il se contenter de son état brut initial ou doit-il avec une rigueur de tous les instants, confinant parfois à une extrême méticulosité, parachever son œuvre ? Est-ce qu'agir ainsi est alors sombrer dans une quelconque pauvreté intellectuelle ?
Je prendrai pour exemple Léonard de Vinci dont le génie s'illustra par des myriades de dessins, avant-projets, dont, si les idées furent géniales, beaucoup restèrent souvent au stade de l'ébauche. Qui contestera son génie ? En revanche, le portrait de Mona Lisa le suivit toute sa vie. Toute sa vie durant, oui, il s'efforça sans cesse par petites touches et par retouches de l'améliorer pour aboutir à la perfection que l'on lui connaît. Nous voyons ainsi que le génie ne peut pas se suffire à lui-même, même pour les vrais génies eux-mêmes. Face au désir de perfection, il est absolument nécessaire d'allier à l'idée pure une rigueur de tous les instants, un travail souvent acharné. Autrement l'œuvre serait incomplète. N'est-ce pas là pour l'auteur la meilleure des richesses ? Souvent d'ailleurs, cette alliance entre génie initial et patient travail s'étendra à tous les autres domaines de la vie et sera un moyen d'enrichissement personnel.
Quand à la pauvreté financière, nous savons bien que la littérature, cet art là, n'a jamais payé son auteur, ou bien qu'une toute petite minorité. Mais est-ce là la vraie richesse que les auteurs recherchent ?

Publié le 23 Janvier 2021

Bonsoir@Alexis Arnaud effectivement la première fois que j'ai lu cette citation je ne l'ai pas saisie. Il faut la décortiquer et je vous rejoins sur votre interprétation de l'adverbe "tout". Je comprends, aussi, le mot "pauvreté" dans le sens de pauvreté d'esprit, esprit étroit, sans curiosité, sans ouverture vers le monde, sans éclectisme dans l'écriture ou la lecture. Combien d'auteurs se cantonnent dans un même genre littéraire, tout comme certains lecteurs qui ne varient pas leurs genres de lectures qui permettent de s'enrichir de nouvelles pensées, de nouvelles réflexions, de nouvelles connaissances (en dehors de wiki), de nouvelles aventures ? Écrivante à mes heures perdues, je le sais pertinemment qu'un texte est mauvais lorsque mon écriture est comme arrachée aux forceps, quand mon crayon ou mes doigts ne sont pas pris de frénésie ! Je vous remercie pour cet échange fort intéressant, sur la littérature ! Cordialement. Fanny

Publié le 22 Janvier 2021

Eh ben ça alors ! je suis ravie et soulagée d'apprendre que mon passe-temps me mène à tout, et je suis portée à le croire. J'écris pour m'amuser et sans aucune contrainte, sauf celle de peaufiner mes écrits jusqu'à plus soif. Mais quand on est passionné on ne compte pas le temps passé sur une œuvre quelle qu'elle soit, bien que certains-aines pensent que dilettantisme est synonyme d'amateurisme ! Et c'est bien vrai que si je passais ma vie exclusivement sur cette activité, je resterais dans le même cadre contraignant qui me ferait passer à côté de la vie source d'inspiration et d'imagination.

Publié le 21 Janvier 2021