
Le divertissement que vous allez lire fait se croiser trois histoires : celle d’un écrivain, Michel Guzain, qui prend conscience que ses romans sont mauvais et se demande ce qu’est un bon roman et s’il est capable d’en écrire un ; celle d’un psychanalyste ; enfin celle d’un groupe de trois amis, Claude, Jorge et Steeven, qui rencontrent une femme, Karen, avec laquelle ils vivent une sorte d'histoire d’amour. On peut supposer que cette dernière histoire est racontée par Michel Guzain dans l’un de ses romans, mais comment en être sûr ?
Le récit est apparemment introspectif, mais le burlesque, la parodie et l’ironie ne sont jamais loin. Il pose la question suivante, à laquelle il prétend répondre de façon performative : qu’est-ce que le contraire d’un récit de Michel Guzain ?
Ce livre est noté par
@Saint-Bleyras
Merci encore, cher Georges, moi aussi j'aime cette Valérie, ébauche d'une intrigue amoureuse mêlée à d'autres ébauches : débauche d'ébauches qui procède d'abord d'une horreur de l'intrigue conventionnelle, plaquée là parce qu'il en faudrait une. Je me suis identifié à Michel Guzain : il cherche sans trouver mais ne fait pas semblant d'avoir trouvé.
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Je vous admire d'avoir lu jusqu'au bout, effectivement vous m'avez vaincu car je n'aurais jamais eu le courage de me lire, si, pendant une période d'amnésie, on m'avait dit : que penses-tu de ce livre ? J'ai seulement eu le courage d'écrire mais, ça, vu que ça ne me demande aucun effort (je ne conçois pas, pour le moment, d'enfanter dans la douleur), c'était plutôt de la paresse que du courage.
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Et Gloria ? Quand est-ce que vous le remettez en ligne ? J'ai pensé que vous pourriez lire (si ce n'est pas déjà fait) Dans la colonie pénitenciaire et autres nouvelles, de Kafka.
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Profondeur et superficialité : Kundera, qui connaît bien M.N., a écrit L'insoutenable légèreté de l'être, un roman qui m'a tellement marqué qu'il est impossible que je n'y ai pas pensé un peu, en me lançant dans cette deuxième tentative romanesque, flâneuse et avortée. Le conseil est intéressant, même si vous ne le donnez pas (jolie prétérition) : le pastiche pourrait devenir un masque assumé posé sur le drame. Affaire à suivre, cher critique dominical. Amitiés. Bruno / Serge / Rachid
@Serge Tabard
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1. Il y a une (crypto) intrigue : l'auteur puis le lecteur va-t-il aller jusqu'au bout de l'écriture d'une part, de la lecture de l'autre ? Le lecteur va-t-il aller au-delà de la page dix ? (c'est "L'intrigue Gallimard", comme l'on dit). La page dix d'un divertissement sans intrigue, mais peut-être pas sans roi (?).
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La réponse est performative pour nous deux : vous avez rédigé le texte, je l'ai lu. Jusqu'au bout. Vous semblez toutefois suggérer que vous l'avez peut-être pas écrit jusqu'au bout. Je sors donc peut-être seul vainqueur. Mais vous gardez le trophée.
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2. J'ai retenu le passage avec Valérie et Jorge. Ce passage a trouvé une clef pour s'inscrire dans mon souvenir. C'est peut-être parce que j'ai l'impression d'avoir connu cette Valérie. Elle me touche.
Retenu également la "mise en bouillie" du visage de Dan, rue de Rennes, dans le contexte de sa relation avec Karen.
Retenu aussi le witz sur Bourre-la-Reine.
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3. La sortie de la FNAC de la rue de Rennes, "dans une joyeuse bousculade". Il me semblait avoir moi-même employé cette tournure dans une rédaction de CM1. En même temps, le contraste avec la mise en bouillie n'en est que plus fort.
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4. Je n'ai aucune qualité pour vous donner des conseils, c'est pourquoi je ne vous en donnerai pas.
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Vous voyez combien peu j'accrois votre dette en ce début de dimanche après-midi !
Vous écrivez "il y a une vraie laideur dans l'absence de profondeur." Il me revient la pensée de Friedrich N. qui parle du "superficiel né de la profondeur" : c'est peut-être votre voie...
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A la revoyure, je vais à mon propre chantier !
Georges / Saint-Bleyras
@Saint-Bleyras
Ma dette vis-à-vis de vous ne cesse de gonfler. J'espère que vous écrivez un (gros) roman, afin que je puisse, en l'épluchant comme vous le faites avec mes petits livres, me sentir moins à votre merci :-)
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Vous avez vu que Serge était un bâtard. On ne peut rien vous cacher ! Mes questions (ajoutez-les à mon ardoise, s'il vous plaît) : le manque d'intrigue vous a gêné combien sur 10 ? Quel passage avez-vous retenu ? Quels passages vous ont ennuyé ? Quel(s) conseil(s) me donneriez-vous ? (J'abuse, mais c'est vous qui avez demandé).
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A très bientôt cher Georges / Saint-Bleyras
@Serge Tabard
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Bonjour,
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J'ai lu hier après-midi votre "Thérapie du silence". C'est ma semaine Rachid Blanchet, Serge Tabard (et donc Blanchet Rachid et, rayons X, Bruno Guennec), puisque j'avais lu tout récemment "Confession de Rachid Blanchet"). Merci, d'ailleurs, de m'avoir délicatement invité à être plus attentivement poli avec vous, Blanchet. Je le méritais, même en théâtralisant, jouant, mon commentaire.
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Pour l'heure, en matière de silence j'aimerais vous donner la parole, Serge Tabard (drôle de pseudo soit dit en passant, et en anagrammant. Pourquoi cet indice ? Pour souligner l'hybridation de cet auteur pseudo ? Pour nous inviter à voir l'envers des choses, ou celui des êtres ?).
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La lecture de vos ouvrages, touffus, rhizomiques, labyrinthiques, et schizophrénicophiles, et "en même temps" [horribile dictu] riches, intelligents, artistes et sensibles, multivoques et parfois aquoibonistes ("On s'en fout !" disent d'ailleurs certains personnages) me donne donc envie de vous passer la parole.
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Allez-y, Serge Tabard, posez-moi une, deux ou trois questions choisies pour moi, par vous à propos de "Thérapie du silence". Guidé par ce fil d'Ariane, j'y répondrai. Ce sera ma façon de commenter votre texte.
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Bon dimanche et amitiés,
Georges /Saint-Bleyras
PS : à l'ultime moment, celui d'envoyer ce commentaire, je m'aperçois qu'il n'est que 7h20 du matin. Je copie et enverrai plus tard. Je pense qu'un bip vous informe, quelle que soit l'heure, de l'arrivée d'un message (en l'occurrence de mBS, signalant l'arrivée d'un commentaire). Vous informe et vous réveille, Tabard-lit (?).
PPS (à votre service) : page 6 (qu’elles me voleNT à un autre) – 8 (bureau d’affaireS) – 10 (rien demandé, ni à naître) – 14 (lignée d’écrivainS) – 15 (m’a épouséE) – 22 (quelquE temps) – 23 (détective à la retraiTe) – 24 (très bonS copains) – 30 (qui n’a ni nom) – 31 (des petits-enfants) – 31 (la lui rendeNT plus douce) – 44 (la course à pieD) – 61 (on est était beaucoup plus libres = ?) – 86 (histoire fantasméE) – 88 (la seule fille .) – 110 (encore vivantS) – 121 (quelquE temps).
Cher Monsieur Ducoeur, je tente de vous répondre avec sérieux car mon amie secrète (croisée au coin du même bois où vous rencontrâtes un homme) m'a grondé d'avoir joué avec mes pseudos (et non, vous avez raison tous deux, le talent - hélas - ne se multiplie pas). Elle tient absolument à ce que mon modeste ouvrage soit distingué par ce même coeur que votre père requit pour sauver son honneur. // Je ne comprends pas "ahh fantasme quand tu nous tiens" donc je ne peux pas vous répondre, même avec la meilleure volonté du monde. // "Oui, snobs !" : bravo, vous avez l'art de la formule, j'aime ça. // "Romain et Emile étaient deux (je crois)" : non, ils étaient un (je crois) // "bancal et cousu gros point" : tout à fait, c'est le défaut majeur (qui évite de parler de tous les autres) // "ayant beaucoup écrit" : pour la fiction c'est tout récent et j'ai peu produit (mais j'écris depuis longtemps, c'est vrai, votre imagination ne vous trompe pas) // "des réflexions qu'on a envie de retenir" : si vous n'êtes pas ironique, vous m'étonnez un peu mais ma quête de reconnaissance vous remercie // idem pour votre dernière remarque (celle qui m'a fait penser que l'ensemble était teinté d'ironie, comme quoi les talents incompris sont méfiants et susceptibles) // En conclusion, dans le cas (peu probable) où vous vous seriez farci la lecture de mon ouvrage, je vous tire mon chapeau car, moi, je n'ai jamais eu le courage de me relire (mon amie secrète va me gronder car, sur la fin, j'ai craqué).
ahh fantasme quand tu nous tiens. Oui, snobs ! et bancal comme vous le dites et cousu gros point comme disait un homme des bois que je croisais parfois. Romain et Emile étaient deux (je crois). Seriez-vous plus encore espérant que le talent se multiplie ? Je vous imagine ayant beaucoup écrit pour vous abandonner à cette thérapie. Car on voit dans vos lignes des réflexions qu’on a envie de retenir. Notamment cette dernière phrase de votre bio. Très subtile !
Merci @Yvan Ollive
J'ai écrit à lamish que le défaut principal de mon livre était l'absence d'intrigue, pourtant nécessaire pour entraîner le lecteur. Vous me donnez raison en écrivant : "le fait qu'il n'y ait pas d'histoire a un peu perturbé (c'est doux de votre part d'avoir usé de l'euphémisme) ma lecture" :-)
Que vous ayez décidé alors de vous faire à cette idée et d'écouter ce que les personnages avaient à dire me semble incroyablement généreux. Mais, en même temps, vu le roman que vous avez écrit, *Camouflage* (qui, à mes yeux, est le meilleur roman parmi ceux que j'ai lus sur ce site), cela ne me surprend pas outre mesure. Le côté intrusif ? Oui, c'est tout à fait vrai :-) Merci, Yvan, et encore bravo pour votre livre.
@lamish
Quand je lis ton commentaire, Michèle (c'est vrai aussi pour celui d'Adrien), je me dis que tu ne parles pas du livre que j'ai écrit, mais d'un livre que j'aurais voulu ou rêvé d'écrire, sans y parvenir. Moi, je me focalise sur son défaut principal : l'absence d'intrigue, pourtant nécessaire pour entraîner le lecteur. Néanmoins, je comprends que tu ne me parles pas objectivement d'un bouquin, mais que tu témoignes avant tout de ton expérience de lectrice, de la façon dont ce bouquin t'a touchée, a résonné en toi. Et, comme je suis sûr de ta sincérité, la même qui est à l'oeuvre dans tes livres, je me laisse toucher, voire bercer, par la douceur de tes mots :-)
@SimoneB
Tout à fait d'accord avec vous, Simone. Jean-Sol P.
@Adrien Brunel
Un grand merci Adrien pour votre commentaire et vos conseils. J'ai remplacé Gusso par Guzain :-)
Maintenant, je vais faire la chasse aux "finalement".
Au plaisir de vous lire, sous ce pseudo ou sous un autre :-)