
"J’ai détesté Matteo. Voilà la vérité. J’ai détesté ce qu’il devenait, j’ai détesté ces épreuves et parfois, quand les médecins nous exposaient leurs réflexions, leurs stratégies, je fermais mes oreilles pour ne rien entendre. J’attendais la bataille. Je ne me sentais même pas concernée par le reste : la souffrance, l’horreur des examens, des traitements".
Le décès d'un compagnon de vie ne se limite pas à la perte d'une personne, d'habitudes, de projets, c'est aussi l'arrivée en masse d'émotions longtemps contenues, surtout quand la maladie a pris son temps. Il ne s'agit pas alors de ces jolies émotions qu'on peut exposer en vitrine, mais d'autres moins glorieuses : agacement, frayeur, exaspération, et même la haine.
Arrive alors le temps des règlements de comptes avec soi-même.
Ce livre est noté par
@catarina viti, je suis allée sur votre page après être tombée sur un article, j 'ai choisi un livre au hasard, la couverture de celui-ci m a séduite. Les premiers mots m'ont convaincue, les premières pages m'ont bouleversée. J'avais lu Blues je crois, parcouru, aimé le style moins l'univers. Alors, au vu de votre dernier commentaire, je me dis que je dois marcher à contre courant :):) car je suis transportée littéralement. Comment ne pas l'être quel bijou...
" La croyance que le gris du monde s’est
arrimé à l’âme. Ce n’était pas du tout ce qui se passait en
elle où régnait un doux silence parfois accompagné d'une
musique sereine. Quant au-dehors : tout y était dense,
étrange, nouveau. La lumière plus vive et les couleurs plus
intenses qu’avant. Les sons se découpaient avec précision.
Le vent, l’air étaient empreints de douceur, et le froid,
quand il pénétrait sa peau, se répandait dans son corps
comme un fluide charriant une infinité de sensations
proches du plaisir. Était-ce cela, la tristesse ?"
Bonjour @Alix Cordouan et merci pour votre message. S'il y a plusieurs lectures possibles de "Femme" ? Oui, oui, assurément. Que la Nature soit la clé... certainement. Vous l'avez parfaitement ressenti. Pour Julia (une fille résolue à ne croire en rien), la nature est une porte vive; la passer revient à faire l'expérience d'une fusion avec la création tout entière. Mais ne faire que cela reviendrait à choisir une voie mystique, donc à se retirer définitivement d'une société qui depuis longtemps à coupé les ponts avec la nature. (Dans "Tribulations de krill en rupture de ban", je donne d'ailleurs la parole à Archie Fire Lame Deer qui déclarait "Sans vous en rendre compte, vous vivez dans le monde de Mickey Mouse". )
Dès lors, ce livre (Femme) me confrontait à un problème : comment Julia réussira-t-elle à protéger son lien avec les autres tout en étant totalement étrangère à leur monde ?
Question que je me suis personnellement posée, et à laquelle Roberta Rivin (Alberta Rosenthal dans le livre) m'a permis de donner une réponse pragmatique.
C'est cette réponse que je partage.
Certes, tout cela ne fait pas un feel-good de "Femme au bord du Monde" (MDR !!!). Certains y ont vu du développement personnel (ceux-là, je les hais -reMDR!!!!). Au final, je suis très heureuse de l'insuccès de ce livre (entendons par là son classement dans le top ten (re-reMDR!) et le nombre de ventes re-re-re!). Disons que c'est "mon livre initiatique" : c'est peut-être moi qui l'ai écrit, mais il est devenu mon maître dans le sens qu'il m'oblige à l'accepter comme un parent se doit d'accepter son enfant "monstrueux", fou ou, comme on dit de nos jours pour ne heurter personne : différent (.......) et nous nous quitterons sur ce dernier éclat de rire !
Merci Alix, je vous souhaite plein de belles et bonnes pages.
Merci @Kroussar, je sais que cette histoire te parle. La culture khmer a gardé les frontières entre les mondes bien poreuses, ce qui est loin d'être le cas en occident.
Merci @lamish. Je te dédie une partie de la réponse que je vais faire à @Serge Tabard.
Le plus important et urgent pour moi était d'écrire cette histoire telle qu'elle est.
Se posait ensuite la question de l'adhésion du lecteur. J'ai préféré donner à celle-ci un caractère secondaire.
En définitive, quel est le problème ? Une femme arrive "au bout du rouleau", deux perspectives s'offrent alors à elle. La première, la plus simple, c'est la dépression (suivie du lent retour à la vie). (Des tas de bouquins rabâchent cette histoire). La seconde, la plus complexe, c'est l'acceptation d'une certaine folie. Parce que Julia est une fille qui "en a", elle prend cette direction. Elle sait que rien de tout cela n'est "vrai', elle sait que rien n'est vrai. Elle sait qu'il n'y a pas de "fantôme", pas de revenant, elle sait que Romain n'est jamais venu la voir et qu'elle ne l'a jamais raccompagné chez lui. Mais cette fille est un véritable guerrier, alors elle décide d'aller voir ce qui se trame "au bout du monde". Par chance, elle se retrouve sur la frontière avec une femme exceptionnelle qui lui apprend à "danser" sur le fil tendu au-dessus de nos illusions humaines.
En écrivant ce livre, je savais que très peu de gens adhèreraient. Ce n'est pas de cette manière qu'on appâte le lecteur, mais c'est pour moi la meilleure façon de vivre ma vie et de rencontrer des gens merveilleux.
Et puis, comme l'écrivait je ne sais plus qui (mais si, je sais, héhé) : une fois qu'on les a écrit, les livres ne nous appartiennent plus. Vous y avez trouvé de belles pages, n'est-ce pas l'essentiel ?
Mille mercis, cher monsieur, à la revoyure !
Ce roman a été publié sur monbestseller en 2016.
Ceci est une réédition, la fin est différente.
Je dédie cette remise en ligne à une amie qui vient d’entrer dans le monde de Julia.
Le lien amazon offre la possibilité de consulter quelques commentaires.
Bonne Lecture.