
Au milieu des années 80, en Andalousie, des jeunes gens sont à la recherche des corps de neuf Républicains assassinés par les Franquistes au début de la guerre civile. Mais si les sortir de la boue et leur donner une sépulture est un juste devoir de mémoire, certains villageois préfèrent que les haines du passé restent dans l'oubli.
Pourtant la confrontation a lieu. Les souvenirs ressurgissent, et 50 ans après la fin de la guerre, il faut solder les comptes. Même les victimes s'y mettent et assassinent à leur tour.
Ce livre est noté par
Bonne continuation ! De "aux galops de l'inconnu "
@Germain Dufour
Les conséquences d'une guerre se voient... c'est mieux
@ Germain Dufour
Il y a quelques années, j'avais écrit un premier texte sur ce sujet. Il s'agissait d'un esprit qui survolait l'Andalousie à la recherche des morts de la guerre civile, un monologue. J'ai repris ce texte en lui donnant du corps, des personnages, des dialogues, une intrigue. Cela a donné le livre que vous avez lu. Mais j'ai gardé l'idée du personnage qui partait dans la nuit avec ses morts. Les morts ont ici une place centrale. Ils sont le moteur de l'action. Sans les squelettes, il n'y a pas d'histoire, pas de Don Pablo ni de Dovalo.
Le 2e tableau est venu s'insérer naturellement entre les deux autres. Je devais expliquer qui étaient ces morts et pourquoi ils étaient ici. Je m'étais régulièrement intéressé à la guerre d'Espagne, et il m'était facile d'imaginer les Brigades Internationales, Smerdiakov... ( dont le nom est celui d'un personnage des "Frères Karamazov" de Dostoïevski ). Dans ce nom, il y a le mot "merde". De mettre ce 2e tableau entre les deux autres permet de montrer que le passé fait l'aller/retour, d'où "les conséquences d'une guerre se voit longtemps après la fin du conflit". Le contenu de ce tableau explique aussi la trahison de Smerdiakov. C'est l'épisode que l'histoire a retenu dans l'expression "la guerre dans la guerre". Autrement dit, à la guerre entre les Loyalistes et les Franquistes répondait la guerre des communistes contre les anarchistes entre fin 1937 et début 1938, notamment à Barcelone pour la prise du central téléphonique. Smerdiakov trahit parce qu'il est communiste et qu'il dénonce des anarchistes. C'est cela la guerre dans la guerre. Pour en venir à Bach, j'ai voulu apporter un contrepoint à Adorno qui avait écrit dans "Critique de la Culture et Société" que "Il ne peut pas y avoir de poésie après Auschwitz". Je comprends cette formule, mais je crois que la culture, la connaissance nous élèvent. Bien sûr, on peut toujours voir sous le vernis de la culture les comportements les plus mesquins et absurdes, mais malgré tout, la culture reste le vecteur principal de notre relation à l'autre. Peut-être que Don Pablo en est un exemple. Il s'est amandé grâce à Bach et c'est Bach, la Passion selon Saint Matthieu, qui est à l'origine de sa conversion ( la mort de son père et de son frère également, nous le savons ). Dovalo n'a pas eu la chance de connaître cette Passion, qu'on appelle aussi La Grande Passion, par opposition à la Passion selon Saint Jean, de Bach. Dovalo est une brute. Je voudrais terminer par ce bémol. Adorno est toujours revenu sur sa phrase. Il l'a expliquée en la contextualisant. Adorno a toujours aimé la poésie, même après la Shoah. En tout cas, merci pour votre commentaire. Je ne sais pourquoi, mais cela donne à un auteur une chaleur incroyable de lire un commentaire sur son texte et d'avoir à y répondre. Vive l'interaction permise par le net.
@Elbo
Merci pour votre commentaire.
Sur le plan historique, vous le savez, la guerre d'Espagne est le prélude à la 2è guerre mondiale. Une guerre idéologique, totale, et qui ne peut se terminer que par l'anéantissement d'un camp. Les Républicains espagnols ont été les premiers "déportés" en Allemagne. Le convoi, avec 980 hommes, femmes et enfants espagnols réfugiés en France en 1939, est parti d'Angoulême en Août 1940.
Sur le plan de la structure du manuscrit ( présent, retour dans le passé, présent ), j'ai voulu montrer que les conséquences d'une guerre se poursuivent longtemps après la fin du conflit. Lorsqu'un enfant dit "mon père est mort à la guerre", il ne sait pas que ses enfants et petits-enfants en subiront les suites.
Sur le plan littéraire, je m'étends peu sur la psychologie des personnages. Je pense que l'action, en tant qu'elle s'impose à nous, est le moteur essentiel de nos actes.
Bien à vous