[…]
Soudain, la porte s’ouvre et souffle une bouffée d’air glacé. Un homme entre, refermant aussitôt le battant derrière lui.
L’horloge cisèle la stupeur en de multiples éclats.
[...]
Toute la nuit, à travers ses somnolences, elle épie les bruits angoissants de cette respiration haletante, tantôt rauque, tantôt sifflante, qui épuise l’homme et qui résonne en elle comme un écho incessant de vie et de douleur.
[...]
Rien ou pas grand-chose ne se dit ouvertement. Mais on s’épie, il y a beaucoup de sous-entendus, autant de soupçons délétères. Aux dernières élections, sur quatre-vingts bulletins exprimés, trente étaient favorables aux postures d’exclusion et de rejet.
[…]
L’horloge brise à grandes vagues sonores le silence poignant qui précède le bonheur.
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@F.J. Lécollier Merci infiniment pour votre commentaire qui me touche beaucoup ! Relire ce texte, je ne sais pas, mais vous avez raison : dire, redire, illustrer, dénoncer le manque de générosité et d’humanité du monde dans lequel on vit, oui, c’est vraiment indispensable et on ne le fera jamais assez.
@Valérie Pison Merci infiniment pour votre commentaire touchant. Je suis ravi que l'atmosphère de ce texte vous ait plu, que le rôle de l’horloge vous ait parlé et que vous ayez ressenti de l’empathie pour les deux personnages féminins. Merci encore pour votre lecture attentive et vos mots chaleureux !
@Steve WALK
Merci infiniment pour votre lecture et votre commentaire sensible. Bonne journée à vous.
@JP LAURIER Merci Jean-Pierre pour ce commentaire fort sympathique. Je crois commencer à percevoir les styles d'écriture et de sujets qui t'intéressent et ceux qui te plaisent moins...
@Michel LAURENT "Autres temps, autres moeurs", mais en 1993, "morte des suites de son accouchement" conviendrait mieux, il me semble.
Je note un point positif dans le liste des contraintes imposées, autrefois, aux "accouchées", dans ces campagnes aussi reculées qu'arrièrées, décrites par Beaucarnot : "ni avoir de rapports sexuels pendant quarante jours". J'imagine volontiers que les femmes de l'époque accueillaient cette obligation telle une trève salvatrice. Peut-être même s'arrangaient-elles pour jouer les prolongations :-) !
Bonne journée également,
Michèle
@Zoé Florent Merci pour cette appréciation généreuse et ces corrections. C’est vrai que l’expression « mourir en couches » est plutôt désuète. Comme jadis, dans les campagnes c’était le curé qui rédigeait l'acte de décès, c’est lui qui décidait si la femme était ou non "morte en couches". Il était, on l’imagine, le mieux placé pour juger de la durée desdites couches...
Dans "Comment vivaient nos ancêtres" (Jean-Louis Beaucarnot, J’ai lu), on peut lire : "L'accouchée reste chez elle quarante jours : elle ne peut pas quitter sa maison, ni avoir de rapports sexuels, ni partager la couche de son mari qu'elle souillerait, aller chercher l'eau au puits qu'elle tarirait, demander du feu à la voisine qui allaite car son lait se tarirait, toucher au pain aliment sacré bien sûr aller à la messe ou à l'église...."
La femme est ici aimablement désignée comme « l’accouchée ». Peut-être a-t-elle œuvré, dans l’esprit de l’auteur, afin de « mettre bas »…
Bonne journée à toi.