@lereverdy
Ah , je l'ai… une ligne est une ligne / un sou est un sou !
La fin, c'est la somme quatre mille six cent cinq euros et vingt cinq centimes, les autres ont dû mettre des sommes arrondies, 10, 20, 300 euros et les cinq euros vingt-cinq, ce sont ceux de la dame. Ça m'amusait de terminer là-dessus. Je ne voyais plus quoi raconter après cela.
Ceci dit… ça pouvait être le début d'un roman, d'où votre étonnement.
@André Lefort.
Une histoire prise sur le vif (sans jeu de mot). Amusante et qui restitue bien la réalité, donc plaisante à lire. Un petit bémol, tout de même, sa fin brusque et impitoyable. Mais une ligne est une ligne, non? (je plaisante). Bien à vous.
@Maria Lettera
C'est cela, c'est un instant de vie. On écoute deux femmes parler. Elles ont deux approches différentes de mêmes situations. C'est ce qui anime, je pense, leurs débats.
Dans ce texte, je n'émets aucun jugement, je pose juste la caméra et je filme, et les spectateurs se font leur propre opinion.
Heureux que cette lecture vous ait plu.
Très cordialement
Votre histoire André, c'est une tranche de vie parfaitement adaptée au format de la nouvelle : courte, concise et efficace qui révèle en peu de mots le caractère des personnages.
C'est une petite fenêtre sur le réel que vous ouvrez, au détour d'un dialogue mimant les interactions humaines de façon simple et naturelle.
Votre personnage principal, un personnage comme on peut en rencontrer malheureusement dans la vie, qui incarne les bassesses humaines et une aridité du coeur comme dirait Mauriac, est très crédible. Moment de lecture sympa.
@Catarina Viti
De fait, c'est celle qui est censée avoir le mauvais rôle qui a le premier rôle. Si elle n'est pas là, l'histoire s'écroule… ou même si elle se fend d'un billet de 20 euros, c'est foutu ! Elle pourrait être la pire des matrones, sa générosité, même forcée, planterait l'histoire. Donc, l'autre femme qui semble mener le récit, puisqu'on apprend tout ou presque de sa bouche, n'est que son faire-valoir.
Je pense, André, que ce sont ces personnages-ci qui font la littérature. Ceux qui ont une position difficile à tenir. La bonne femme qui fait la quête, elle, elle a trouvé la planque. Elle n’a rien à nous apprendre. Ou alors, ce serait retors (imaginons qu’elle plaque son gamin et le père, et se casse sur la Côte d’Azur avec le pognon. Comme la fortune sourit aux audacieux, elle fonce au Casino de Monte-Carlo sapée en princesse, joue, gagne, rejoue, regagne, finit blindée de thunes, et fait la conquête d’un milliardaire texan même pas moche et même pas bête. On peut même imaginer un final hachement moral : elle envoie un chèque de la somme de départ à la veuve et l’orphelin). Sinon, c’est la grosse dame qui tient votre histoire.
Sans rien changer à l’architecture de votre texte, que feriez-vous varier en partant du principe que cette femme est la seule héroïne de l’histoire ?
@Nicolas Bottin
Alors merci d'être allé au bout de cette lecture, malgré les personnages. Mais peut-être que derrière les apparences se cachent des choses… il faudrait savoir la suite ! À chacun de se l'inventer.
@Catarina Viti
Voilà un point de vue qui diffère et me ravit en même temps. J'aime bien que quelqu'un en vienne à prendre la défense de madame Reigner. Parce qu'au fond, on met toujours un peu de soi dans nos personnages et forcément, en grattant un peu, j'ai quelques points communs. Par exemple, j'ai été sollicité 10 fois dans la boite où je bossais pour payer des cadeaux : pots de départ, naissance, mariage… Le fait est qu'on n'y coupe pas ! Et rien en retour ! Même le pot de départ n'a pas eu lieu… il s'appelait "plan social" ! Du coup, je suis comme elle, je n'ai rien reçu. Ça doit être ça ! Je lui ai attribué un de mes souvenirs !
Dans Moderato, ce sont les premières pages qui m'ont emportées. Le rapport avec cette histoire ? Je ne sais pas. Deux femmes, un enfant. Et après… les verres de vin. Le regard de la patronne du bar, la femme qui ne semble pas à sa place dans ce bistrot mais finalement passe outre le "qu'en dira-t-on". Il y a aussi l'obligation ou non de jouer le rôle qu'on attend de vous dans la société. Là, on n'attend pas d'elle qu'elle traine dans ce café. Mais elle y revient. Enfin ! je ne sais pas pourquoi j'ai rapproché deux histoires si distinctes. Peut-être que je fais le pont entre les deux, bien que "bonhomme" !
Je l'aime bien, votre madame Régnier. Le monde l'emmerde, elle fait tout pour l'éviter, mais apparemment, elle ne peut même pas prendre le frais tranquille chez elle sans qu'on vienne lui casser les pieds... et la juger, et lui servir (mine de rien) un joli tanker de moraline. Il y a de cette âcreté dans Moderato. L'écho d'une souffrance, comme chez la grosse dame, qu'on aimerait couver en paix. Merci pour le partage.
@Zoé Florent
Ce qui est caustique… dessoude !
Tatie Danielle ou autre, chacun y verra sa propre madame Régnier. D'ailleurs, ça me fait penser que je me suis trompé de titre. J'aurais dû appeler cette nouvelle "Madame Régnier" (évitant le jeu de mots "La Régnier")
Très cordialement
André Lefort
Eh bien, voilà qui est caustique à souhait, cher @André Lefort... Le "bonne femme" du début m'a hérissé le poil, mais une fois faite la connaissance avec madame Reignier, dont vous aviez déjà le profil en tête, j'ai mieux compris et l'ai integré. Elle m'a fortement évoqué Tatie Danielle, avec quelques décennies de moins et cinquante kilos de plus... Même "no limit" plus impressionnant que les travers, au final... Merci pour ce partage et bonne soirée ! Amicalement, Michèle
@Bruno' Bonheur
Ce texte m'est venu naturellement, et vous allez voir que l'endroit où se nichent les idées est assez étrange. Je commençais la lecture d'un roman de Marguerite Duras (que j'ai très peu lu, puisque je n'ai lu d'elle que Barrage contre le Pacifique), Moderato Cantabile, et les scènes du début de ce roman — il me semble à des années lumières de ma nouvelle — m'ont fait lâcher (temporairement) ce livre pour me mettre à écrire cette histoire. Je ne peux pas l'expliquer. Au début, il y a une leçon de piano, deux femmes autour d'un enfant, la mère, la professeure, et puis un crime qui se passe en bas, dans la rue, dans un café de la rue.
J'aime beaucoup lorsqu'un auteur me fait lâcher son livre pour m'inviter à écrire moi-même. Il doit y avoir un sens à tout cela.
Pour votre analyse, je n'ajoute rien : il n'y a effectivement pas d'analyse ni de jugement. Je plante la caméra et je laisse ces deux femmes dans ce qui peut s'apparenter à un art martial. C'est une sorte de combat où la ruse est plus importante que la force. Mais à la fin, qui a gagné? On ne saurait le dire.
@Solange E.
Je me suis rappelé de deux ou trois choses qui m'ont bien servi à l'écriture de ce texte. Et puis ! l'âme humaine est puits sans fond pour les auteurs.
Il faut beaucoup d'art pour faire exister en quelques pages une situation, deux personnages et une tension dramatique. Sans recourir à la facilité d'une analyse psychologique ou d'un jugement moral, vous donnez à voir, vous incluez le lecteur comme troisième personnage de la scène, le témoin muet d'un affrontement subtil entre deux femmes très rusées. J'ai pensé un peu à Molière, pour la profondeur cachée derrière la simplicité du quotidien. Et à Ulysse, le rusé Ulysse, qui tente d'échapper à la guerre en se faisant passer pour un paysan. Bravo pour ce petit bijou littéraire.
@Vanessa Michel
Oui, elle est assez détestable cette dame que j'ai mis au monde le temps d'une nouvelle. Mais je crois aussi la connaître, c'est sans doute pour cela que les dialogues sont arrivés naturellement.
Très cordialement
PS : merci pour ce petit mot sur ma "bio"
Quel naturel dans les dialogues ! J'avais l'impression de la connaître, "votre" Madame Reigner, et ses poncifs et sa petitesse aussi... J'ai passé un bon moment. Bien cordialement. P.S.: j'aime beaucoup votre biographie.
Publié le 27 Mai 2025
André Lefort
Biographie
Je passe le printemps à jardiner. L'été à lire. L'automne… à le maudire. Et l'hiver, à espérer le...
Ce livre est noté par
@Chardri Dominique
Un sou est un sou, effectivement.
C'est de plus en plus vrai, malheureusement
@lereverdy
Ah , je l'ai… une ligne est une ligne / un sou est un sou !
La fin, c'est la somme quatre mille six cent cinq euros et vingt cinq centimes, les autres ont dû mettre des sommes arrondies, 10, 20, 300 euros et les cinq euros vingt-cinq, ce sont ceux de la dame. Ça m'amusait de terminer là-dessus. Je ne voyais plus quoi raconter après cela.
Ceci dit… ça pouvait être le début d'un roman, d'où votre étonnement.
@André Lefort.
Une histoire prise sur le vif (sans jeu de mot). Amusante et qui restitue bien la réalité, donc plaisante à lire. Un petit bémol, tout de même, sa fin brusque et impitoyable. Mais une ligne est une ligne, non? (je plaisante). Bien à vous.
@Maria Lettera
C'est cela, c'est un instant de vie. On écoute deux femmes parler. Elles ont deux approches différentes de mêmes situations. C'est ce qui anime, je pense, leurs débats.
Dans ce texte, je n'émets aucun jugement, je pose juste la caméra et je filme, et les spectateurs se font leur propre opinion.
Heureux que cette lecture vous ait plu.
Très cordialement
Votre histoire André, c'est une tranche de vie parfaitement adaptée au format de la nouvelle : courte, concise et efficace qui révèle en peu de mots le caractère des personnages.
C'est une petite fenêtre sur le réel que vous ouvrez, au détour d'un dialogue mimant les interactions humaines de façon simple et naturelle.
Votre personnage principal, un personnage comme on peut en rencontrer malheureusement dans la vie, qui incarne les bassesses humaines et une aridité du coeur comme dirait Mauriac, est très crédible. Moment de lecture sympa.
@Catarina Viti
De fait, c'est celle qui est censée avoir le mauvais rôle qui a le premier rôle. Si elle n'est pas là, l'histoire s'écroule… ou même si elle se fend d'un billet de 20 euros, c'est foutu ! Elle pourrait être la pire des matrones, sa générosité, même forcée, planterait l'histoire. Donc, l'autre femme qui semble mener le récit, puisqu'on apprend tout ou presque de sa bouche, n'est que son faire-valoir.
Je pense, André, que ce sont ces personnages-ci qui font la littérature. Ceux qui ont une position difficile à tenir. La bonne femme qui fait la quête, elle, elle a trouvé la planque. Elle n’a rien à nous apprendre. Ou alors, ce serait retors (imaginons qu’elle plaque son gamin et le père, et se casse sur la Côte d’Azur avec le pognon. Comme la fortune sourit aux audacieux, elle fonce au Casino de Monte-Carlo sapée en princesse, joue, gagne, rejoue, regagne, finit blindée de thunes, et fait la conquête d’un milliardaire texan même pas moche et même pas bête. On peut même imaginer un final hachement moral : elle envoie un chèque de la somme de départ à la veuve et l’orphelin). Sinon, c’est la grosse dame qui tient votre histoire.
Sans rien changer à l’architecture de votre texte, que feriez-vous varier en partant du principe que cette femme est la seule héroïne de l’histoire ?
@Nicolas Bottin
Alors merci d'être allé au bout de cette lecture, malgré les personnages. Mais peut-être que derrière les apparences se cachent des choses… il faudrait savoir la suite ! À chacun de se l'inventer.
@Catarina Viti
Voilà un point de vue qui diffère et me ravit en même temps. J'aime bien que quelqu'un en vienne à prendre la défense de madame Reigner. Parce qu'au fond, on met toujours un peu de soi dans nos personnages et forcément, en grattant un peu, j'ai quelques points communs. Par exemple, j'ai été sollicité 10 fois dans la boite où je bossais pour payer des cadeaux : pots de départ, naissance, mariage… Le fait est qu'on n'y coupe pas ! Et rien en retour ! Même le pot de départ n'a pas eu lieu… il s'appelait "plan social" ! Du coup, je suis comme elle, je n'ai rien reçu. Ça doit être ça ! Je lui ai attribué un de mes souvenirs !
Dans Moderato, ce sont les premières pages qui m'ont emportées. Le rapport avec cette histoire ? Je ne sais pas. Deux femmes, un enfant. Et après… les verres de vin. Le regard de la patronne du bar, la femme qui ne semble pas à sa place dans ce bistrot mais finalement passe outre le "qu'en dira-t-on". Il y a aussi l'obligation ou non de jouer le rôle qu'on attend de vous dans la société. Là, on n'attend pas d'elle qu'elle traine dans ce café. Mais elle y revient. Enfin ! je ne sais pas pourquoi j'ai rapproché deux histoires si distinctes. Peut-être que je fais le pont entre les deux, bien que "bonhomme" !
Normalement le genre de personnages qui se trouvent dans ce texte je les fuis.
Le commérage, l'époque du XXe siècle, sa mentalité me rend paranoïaque.
Au final j'ai tout lu ! Au final j'ai trouvé ce texte rempli de coquetteries.
Why not !
Merci,
Je l'aime bien, votre madame Régnier. Le monde l'emmerde, elle fait tout pour l'éviter, mais apparemment, elle ne peut même pas prendre le frais tranquille chez elle sans qu'on vienne lui casser les pieds... et la juger, et lui servir (mine de rien) un joli tanker de moraline. Il y a de cette âcreté dans Moderato. L'écho d'une souffrance, comme chez la grosse dame, qu'on aimerait couver en paix. Merci pour le partage.
@Zoé Florent
Ce qui est caustique… dessoude !
Tatie Danielle ou autre, chacun y verra sa propre madame Régnier. D'ailleurs, ça me fait penser que je me suis trompé de titre. J'aurais dû appeler cette nouvelle "Madame Régnier" (évitant le jeu de mots "La Régnier")
Très cordialement
André Lefort
@Bruno' Bonheur
Ce texte m'est venu naturellement, et vous allez voir que l'endroit où se nichent les idées est assez étrange. Je commençais la lecture d'un roman de Marguerite Duras (que j'ai très peu lu, puisque je n'ai lu d'elle que Barrage contre le Pacifique), Moderato Cantabile, et les scènes du début de ce roman — il me semble à des années lumières de ma nouvelle — m'ont fait lâcher (temporairement) ce livre pour me mettre à écrire cette histoire. Je ne peux pas l'expliquer. Au début, il y a une leçon de piano, deux femmes autour d'un enfant, la mère, la professeure, et puis un crime qui se passe en bas, dans la rue, dans un café de la rue.
J'aime beaucoup lorsqu'un auteur me fait lâcher son livre pour m'inviter à écrire moi-même. Il doit y avoir un sens à tout cela.
Pour votre analyse, je n'ajoute rien : il n'y a effectivement pas d'analyse ni de jugement. Je plante la caméra et je laisse ces deux femmes dans ce qui peut s'apparenter à un art martial. C'est une sorte de combat où la ruse est plus importante que la force. Mais à la fin, qui a gagné? On ne saurait le dire.
@Solange E.
Je me suis rappelé de deux ou trois choses qui m'ont bien servi à l'écriture de ce texte. Et puis ! l'âme humaine est puits sans fond pour les auteurs.
@André Lefort Oui, je pense que tout le monde connaît une madame Reigner. Votre nouvelle sent le vécu. Elle est à la fois drôle et percutante. Bravo.
@Vanessa Michel
Oui, elle est assez détestable cette dame que j'ai mis au monde le temps d'une nouvelle. Mais je crois aussi la connaître, c'est sans doute pour cela que les dialogues sont arrivés naturellement.
Très cordialement
PS : merci pour ce petit mot sur ma "bio"