Michel CANAL

Chère @Alhéna Skat, vous me surprendrez toujours par votre capacité de reconversion "forcée ! Connaissant votre situation, puisque vous nous en donnez un aperçu dans votre biographie, vous avez développé une aptitude admirable, autant que résiliante, par l'écriture. Après des nouvelles, des fables revisitées, le récit d'une histoire vécue, vous nous transportez cette fois dans le domaine du fantastique. Soit vous êtes parfaitement informée que de telles situations se sont produites, soit votre imagination est prodigieuse... peut-être même les deux ! J'ai été happé par cette histoire où le monde invisible interfère sur le monde visible. C'est bien raconté. Et comme toujours, vous nous faites le cadeau d'une chanson ou d'une mélodie sortie de votre répertoire, parfaitement adaptée à la situation. Je salue également le talent de graphiste de Jan. Avec toute mon amitié et mon admiration pour pour votre complémentarité créative. MC

Prémonitoire, ta nouvelle écrite en 2018 à un moment où les troubles qui secouaient notre pays rappelaient ceux qui avaient mis l'économie à l'arrêt cinquante ans plus tôt, remaniée pour une version en 2068 dans un style épuré, juste, est une analyse pragmatique sur le comportement des humains, sur l'éternel combat qui oppose le bien et le mal. J'y ai aussi retrouvé ton optimisme, qualité marqueur de ta personnalité. Illustrée par une couverture magnifique, cette nouvelle confirme l'évolution de ton talent. Quel chemin parcouru depuis 2015 !

@galodarsac, parce qu'après mon unique expérience de rendre une composition française en vers en classe de 4ème je ne me suis plus jamais risqué à écrire de la poésie, je suis toujours admiratif envers ceux qui ont ce courage. Je parle de courage car l'époque la voit comme une exception. Je ne donnerai donc pas l'avis d'un spécialiste, d'autres l'ont fait. Je commenterai plutôt le fond. En cela, l'auteur ne déroge pas à ce que recherchait notre fabuliste du XVIIe siècle. Les temps ont bien changé depuis. Il n'y a qu'à suivre l'actualité pour comprendre que nous sommes à un tournant de notre Histoire. Les équilibres géopolitiques post Seconde Guerre mondiale et décolonisation ont été bouleversés par la chute de l'URSS et du mur de Berlin, les guerres régionales dont certaines encore en cours ou même récemment ouvertes, la fin d'un monde bipolaire, la réalité prévisible d'une guerre de civilisation... L'idée de transposer cette évolution actuelle à la fable du chien et du loup relève donc d'une observation astucieuse, bien que difficile à exprimer, peut-être aussi à comprendre pour qui n'est pas suffisamment informé. Bravo donc pour ce courage et la finesse de votre analyse. MC

Chère @Alhéna Skat, merci pour ce nouveau partage de fable de notre grand fabuliste du XVIIe siècle, Jean de la Fontaine, sans doute moins connu des jeunes générations qu'il le fut des nôtres. Quelle bonne idée de le faire connaître en transposant les travers des humains pour en évoquer une morale. Ici, si l'on avait l'habitude de s'en tenir à "Un bienfait n'est jamais perdu", c'est tout le contraire. J'irai même jusqu'à dire : à qui d'entre nous, une telle mésaventure (et bien d'autres termes) n'est-elle pas survenue au moins une fois ? Avec Jan à vos côtés, votre complément indispensable pour la partie graphie de vos écrits et votre soutien aimant au quotidien, vous pouvez apprécier la résilience par la création littéraire... et son succès par l'amitié que vous témoignent quelques auteurs de cette communauté. Continuez de nous faire ce plaisir, chère Alhéna. MC

À l'Est d'Alger, à Taher proche de Djidjelli, donc loin de la capitale et des grandes villes, loin aussi des riches plaines agricoles de la Mitidja ; à travers deux familles, l'une musulmane, celle de Tayeb et Yamina, et l'autre française, les Berthier, quelques personnages campant la diversité des acteurs ou spectateurs victimes impactés par cette sale guerre — les adolescents Juliette et son frère Gabriel, Salim et son frère Mehdi, Kamel, Rachid et Farid (les jeunes âmes brûlées), le maître d'école monsieur Delmas, le lieutenant du 2ème bureau Boissieu, le harki tortionnaire Mokhtar, Si Abdelkrim le traître… —, une situation qui aboutira à l'indépendance de l'Algérie et à l'exil forcé de la quasi totalité de la population non musulmane, l'auteur nous livre plus qu'un roman historique. Avec une grande habileté, une parfaite maîtrise de la langue française (telle que des instituteurs comme monsieur Delmas pouvaient l'enseigner à l'ancienne, car Antar écrit gaîté et non gaieté depuis la réforme orthographique apportée par la sixième édition du dictionnaire de l'Académie française en 1835, ou gaité, autorisée depuis les rectifications de 1990), Antar Abdelaziz nous plonge dans tous les aspects de ces cultures tellement différentes qui cohabitaient sans chercher à se comprendre ni à se fréquenter, dont la situation sociale et le niveau d'instruction pouvaient les différencier et nourrir du ressentiment ; dans l'horreur des exactions commises de part et d'autre ; mais aussi, avec une touche d'humanité et de subjectivité qui pourrait faire penser à sa biographie, dans l'amitié transgressive, l'émoi d'un adolescent musulman amoureux d'une française catholique. Il nous permet surtout de comprendre pourquoi toutes les personnes de tous bords et de tous âges ayant vécu cette période en sont restées marquées à jamais. Avec un art consommé du suspense d'un bon romancier, il termine sur une note que je laisse aux lecteurs le plaisir de découvrir. Merci infiniment, Antar Abdelaziz, pour ce partage.