Interview
Le 14 avr 2015

Philippe Mangion, Prix Concours des auteurs indépendants

Philippe Mangion, Prix Concours de l'auteur indépendantNouveau roman de Philippe Mangion, Prix Concours monBestSeller

Philippe Mangion, Prix Concours d'avril signe un nouveau roman psychologique salué par plus de mille lecteurs en moins d'un mois. Il s’insère dans une amitié de femmes sur fond de complexité familiale. Il s’y installe, en joue sans qu’on sache vraiment s’il aime ses personnages. Il les connaît par cœur mais sans véritable compassion. C’est cette distance qui fait l’intérêt du livre et son thème : le déni par paresse. Parce que pour beaucoup, avouer et être pardonné est plus fatiguant, que d’avancer droit devant sans se soucier des dommages collatéraux d’une vérité violente. Une peinture juste sur fond social de désolation sans misérabilisme. Rencontre avec l'auteur de "Dénis, non-dits, mensonges, etc.".

Question: 

C’est un livre sur le silence et la parole. La question du non-dit, qui n’est pas supportable. Et l’aveu, qui est le nœud. La parole qui libère ? Ou pas ? La parole qui guérit ? Quelle est la vision que vous proposez à travers ce roman ?

Réponse: 

Comme souvent dans la réalité, les intentions et les résolutions ne sont pas entièrement accomplies. Seule Fadila la “gentille” tient son objectif jusqu’au bout (ou presque), celui de faire avouer son père. En revanche, les autres protagonistes semblent calculer, après chaque événement, la position qui leur sera la plus favorable. Ainsi, pour le père, le “méchant”, la parole est, à un moment donné, une concession qui lui assurera une certaine tranquillité. Mais dès qu’il se sentira épaulé par celle qu’il craint le plus, sa femme, il se rétractera. La parole l’aurait-elle libéré ou guéri ? Pas sûr, elle peut être tactique, ou simplement permettre de gagner du temps. C’est donc une vision pessimiste, réaliste et pragmatique que propose le roman. La rédemption n’y a pas sa place. 

Question: 

Le récit se situe dans un milieu particulier. La pègre, la drogue, le règlement de compte, la misère humaine… Comment y avez-vous pénétré pour vous inspirer, le raconter ?

Réponse: 

J’ai vécu à Bagneux de 1983 à 1995, dans une des cités décrites dans le roman. Mes enfants y sont nés, leur nounou habitait dans l’immeuble où fut plus tard séquestré Ilan Halimi. Cet événement, bien qu’inimaginable à l’époque où j’y ai vécu, a inspiré la scène de l’enlèvement de Denis dans La résolution. Les trafics de drogue étaient bien présents (jusque dans mon couloir), les situations et personnages du roman sont inspirés du réel.

Question: 

C’est une histoire d’amitié féminine. De solidarité malgré tout. Une résonance particulière chez vous ?

Réponse: 

La scène du RER dans La résolution, où sont apparus les deux personnages féminins, Fadila et Yasmina, a réellement existé. Ces deux jeunes femmes, habillées comme des garçons, avec une gestuelle et un parler sans manières, dégageaient une très grande sensualité, une grande force aussi. Elles étaient à l’image d’autres que j’ai pu croiser, dont la position était difficile dans l’univers machiste des cités. Je suis heureux lorsque j’en retrouve aujourd’hui à des postes de responsabilités. Mais peut-être mon regard se porte-t-il sur elles de façon peu objective.
Quant à la “solidarité malgré tout”, c’est un élément plus complexe qu’il n’y paraît. Elle n’existe finalement que dans un sens, Fadila vient en aide à une Yasmina hostile. Ce n’est pas réfléchi, il lui est impossible de ne rien faire, c’est tout. Sa motivation est plus viscérale que solidaire. Une expression plus appropriée serait “communauté de destin”.

Question: 

La raison de Fadila et la folie de Yasmina s’y côtoient. Sûrement plus qu’une vision manichéenne de votre part. Pouvez-vous nous en dire plus ?

Réponse: 

En l’occurrence dans ce récit, l’équilibre psychologique des deux cousines est fortement déterminé par leur vécu au cours de leur adolescence. Yasmina a subi deux drames, l’abandon par son père et l’agression par son oncle. Fadila, en fille de parents égocentriques, cadette sans histoires entre un frère brillant et deux petites sœurs jumelles, a traversé cette période sans encombre. Au bout du compte, Yasmina la schizophrène apportera involontairement autant qu’elle recevra de Fadila la raisonnable. Yasmina en crise fait tomber les tabous. Leur dialogue dans ces moments-là touche aux vérités essentielles, et déclenche chez Fadila un mécanisme d’introspection.

Question: 

Comme dans votre premier roman « La résolution », votre style est sobre, sans effets stylistiques. Pour privilégier l’efficacité du récit ? Pour vous effacer derrière vos personnages ? Pour vous concentrer sur la justesse psychologique ?

Réponse: 

J’apprécie les effets stylistiques dans la littérature de genre, policier ou aventure, celle dans laquelle le lecteur doit enfiler la panoplie du héros. En revanche, dans le roman psychologique, les effets stylistiques nuisent à l’identification du lecteur avec les personnages. Ce sont les personnages qui doivent se glisser dans la peau du lecteur, lui faire reconnaître des situations vécues ou des sentiments inavoués. Or, l'effet de style, c’est la présence flagrante de l’auteur. Comme vous le présumez, la sobriété permet de s’effacer derrière les personnages, et donc le lecteur, si le mécanisme d’identification fonctionne.

Question: 

Que signifie pour vous d’être élu Prix Concours de l’auteur indépendant d’avril et votre nomination au Prix Concours 2015 ?

Réponse: 

Ce prix mensuel, basé principalement sur le nombre de lectures, montre que ce sujet pourtant difficile intéresse, ce qui en soi me surprend agréablement.  Il indique que le synopsis et la biographie ont accroché les lecteurs, et surtout que la diffusion par mon « premier réseau », que je remercie chaleureusement, a bien fonctionné. Le jugement réellement qualitatif se fera au moment du Prix Concours 2015, et c'est une autre aventure.
D'ici-là, cette exposition me donne la chance de rencontrer davantage de lecteurs, qui me liront peut-être avec plus d’attention. L’appréciation d’une œuvre comporte une part d’irrationnel et d’influence, et une première distinction est susceptible d’entraîner une plus grande reconnaissance.
Même si je ne suis pas pressé, mon objectif reste quand même de trouver un éditeur qui pourra assurer une promotion sérieuse de mes livres. Je ne me sens pas une âme d'auteur-entrepreneur, et je ne remercierai jamais assez mBS de m'avoir permis un accès facile à un lectorat important.

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Merci, Patrick Letellier, pour vos encouragements et votre soutien.
Publié le 16 Avril 2015
Merci à tous les lecteurs de s'être intéressés à ce sujet difficile. Merci à monBestseller de me les avoir fait rencontrer.
Publié le 14 Avril 2015