Bébert, gardien d’immeuble dans un quartier où prospèrent les trafics et où sévit une guerre des bandes ancestrale, est un individu soumis et insignifiant. On l’ignore quand on ne le méprise pas, un syndic corrompu et raciste l’humilie et le maltraite. Il subit encore l’oppression de sa compagne, femme superbe mais vindicative et aux mœurs incertaines.
Une amitié pleine d’affection va s ‘établir entre Bébert et Nina, une jeune fille passionnée de littérature. Sous son influence, Bébert, homme faible et impuissant, va prendre l'habit d'un justicier sans pitié. À un printemps riche en promesses succédera un hiver apocalyptique. Sa quête de vengeance révèle les aspects les plus sombres de l'âme humaine. L'évolution de sa personnalité conduit à une réflexion profonde sur la morale.
Ce livre est noté par
Merci @LAULAULA pour votre commentaire, et vos étoiles si généreuses.
Il s’en passe effectivement des choses dans cette cité. Encore que je me sois efforcé de n’en décrire que sinon le bon, du moins ce qui est racontable. Et de le transcrire dans une langue qui ne nécessite pas de glossaire. D’où peut-être cette uniformité de langage que vous avez pu ressentir. Il est difficile, et peu souhaitable me semble-t-il, d’imaginer un traducteur différent pour chacun des personnages impliqués. Néanmoins, j’ai la sensation que cette impression d’uniformité doit disparaître dans la deuxième partie du livre, en particulier dans les dialogues entre Idriss et Bébert. Je crois même qu’il est difficile d’imaginer propos plus dissonants, tant dans la forme que dans le signifié, entre les deux protagonistes..
Merci encore à vous pour votre lecture.
@Zoé Florent
Merci à vous pour vos commentaires très constructifs.
Au départ, ce roman était une pure fiction. Il s’agissait de créer un personnage, Bébert, qui soit un lointain descendant du shériff Corey, le héros de l’ouvrage de Jim Thompson, « Pottsville, 1280 habitants ». Le parallèle est fait dans une mise en abyme littéraire où Nina, jeune fille passionnée de lecture, va parler à Bébert de sa découverte du shériff. En écoutant ce récit, Bébert va avoir une véritable révélation. Il va aussi réfléchir profondément à ce qu’est la notion de courage et finir par abandonner les faux-semblants derrière lesquels il se réfugiait pour se complaire dans la médiocrité et la lâcheté. En même temps, je ne voulais pas faire un pastiche de Thompson. Si Corey est fondamentalement amoral, Bébert pense être quant à lui doté d’une véritable conscience. La dualité de personnage de Bébert est une dualité vraie, non une mystification comme avec Corey. Mais tous deux partagent l’idée qu’il n’est pas immoral de débarrasser la Terre des êtres nuisibles. On est évidemment dans un roman…
On est dans un roman mais l’habillage doit, me semble-t-il, plonger au plus près de la réalité quotidienne, si l’on veut que le lecteur morde à l’histoire. La deuxième période du livre (Hiver) a une genèse un peu différente. Je voulais que Bébert « me venge » d’Idriss, inspiré d’un personnage réel que j’ai, hélas, largement contribué à former et qui a aujourd’hui acquis une grande notoriété dans les sphères complotistes. Je n'avais aucune envie de parler de ces thèses et c'est pourquoi j'ai préféré en faire un prosélyte du soufisme, intériorisation a priori purement spirituelle.
Merci à vous une fois encore.
@SALVADOR Ricardo
Merci Ricardo pour ce commentaire fort sympathique.
Les questions abordées dans le bouquin sont les miennes, je les revendique. En revanche, les réponses apportées sont celles de Bébert, mon héros, je lui en laisse la responsabilité, au moins pour certaines d’entre elles. Sans aller jusqu’à le dénoncer aux autorités, je ne saurais pareillement partager le choix qui est le sien de traiter de manière si radicale certains problèmes qui se posent à lui..
Le personnage d’Idriss qui fait basculer l’histoire du printemps vers l’hiver, est inspiré d’un individu bien réel, un de mes anciens étudiants. Il a acquis aujourd’hui une certaine notoriété, pour le meilleur et pour le pire, selon les opinions. Pour moi, c’est pour le pire... Il est des jours où j’en arrive même à ressentir une certaine culpabilité.
@SALVADOR Ricardo
'Fallait pas faire ça' est une drôle de petite histoire qui commence comme un polar de banlieue plutôt classique pour soudain se métamorphoser en conte philosophique, en approche socio-psychanalitico-religieuse de la réalité des cités et pose les multiples questions où s'empêtre l'Occident d'aujourd'hui. Y trouverez-vous une réponse qui vous convienne? C'est là la gageure de l'auteur dont par ailleurs la tribune sur Jim Thomson ( un autre opus sur MBS) vous ravira.
Bien évidement, mes rayonnages sont envahis par Simenon, écrivain étrange, un des rares écrivains policiers dont les résolutions des enquêtes nous importe peu , ne comptent que l'atmosphère et les peintures de société.
Pour la petite histoire mon tout 1er roman (publié chez kyklos) comportait la dernière enquête de Jules Maigret... un pastiche en forme d'hommage. ( ou l'inverse)
@SALVADOR Ricardo
Un immense merci pour votre commentaire si sympathique.
Comme vous je l’imagine, je reste un fervent admirateur de Simenon, de ses romans d’atmosphère et de caractères, de ses déambulations indolentes dans les bas-fonds sombres et humides, de son art du minimalisme. Bien-sûr, le monde d’aujourd’hui n’est plus celui dans lequel il vivait et notre écriture doit s’adapter. N’empêche qu’à la dissection, sous le scalpel, les âmes sont toujours aussi grises…
Soyez en sûr, « Et le Diable était aux anges » sera une des mes prochaines lectures.
Bonjour, quel plaisir de vous lire et de découvrir que vous êtes un inconditionnel de l'inégalable Jim Thomson. De plus votre commentaire sur 'l'enchaînement fébrile d’événements arbitraires 'qui gangrène la littérature policière d'aujourd'hui sans souci de donner corps et âme aux personnages ( je ne parle pas de psychologie) me ravit. Sans oublier l'obsession chronique des auteurs de vouloir plaquer une réalité 'administrative' , de rechercher à tout prix la véracité de la procédure policière. Sale manie. Ce souci paradoxal de coller au 'Vrai'' alors que les protagonistes sont des paradigmes de Mal ou de Bien, génies de l'enquête ou génies du meurtre millimétré. Bon, si vous m'avez lu jusqu'ici, vous irez peut-être jeter un oeil sur mon Opus sur ce même site ( Et le Diable était aux anges...)' qui commence comme le vôtre par quelques plaies et bosses.... bravo encore.
@MartinM
Merci pour votre commentaire. Pour ce qu’il en est de la tension, ce roman n’est effectivement pas un thriller, même s’il possède une véritable intrigue. Mais les histoires m’ennuient si elles ne sont, comme dans les « page-turners » qu’un enchaînement fébrile d’événements arbitraires qui s’abstraient de la psychologie et des caractères des personnages impliqués. C’est pourquoi ce roman est aussi la peinture d’un milieu et, d’une certaine manière, une étude de caractères, en grande partie centrée sur le personnage de Bébert. Et celui-ci est un calme, un indolent, nullement un excité ! Pensez au personnage de Noiret dans « Coup de torchon »… Le terme d’apocalypse ne doit évidemment pas être compris ici comme une suite ininterrompue d’événements factuels. Il se rapporte au destin de la jeune Nina, entre les deux périodes distinctes du récit, le Printemps et l’Hiver. Le Printemps avec, en relation avec divers épisodes, le développement de cette exceptionnelle amitié entre la jeune fille et le vieux gardien, et l’Hiver où l’on se retrouve rapidement plongé dans une atmosphère bien différente... (que je ne décris pas ici afin de ne pas dévoiler l’intrigue). Merci encore à vous pour cette lecture constructive.
@Lise du Velay
Merci infiniment.
Un début prometteur.