Actualité
Le 27 nov 2013

Pourquoi prendre un pseudo pour publier son livre?

Choisir un pseudo, c’est peut être une coquetterie. C’est en quelque sorte être convaincu que la reconnaissance de votre écrit ne peut passer que par une nouvelle identité, une nouvelle virginité (ah ! si c’était possible...), et que votre nom réel peut constituer un obstacle à votre célébrité. N’y a-t-il pas donc a priori une certaine prétention à vouloir être autre quand il s’agit de se mettre en scène ?
Qui êtes vous ?Qui êtes vous ?

Révéler ses talents d'auteur grâce à un pseudonyme

À s’y pencher de plus près, les motivations sont subtiles et complexes. Et quelques grands tours de passe-passe ont révélé les talents cachés de certains de nos écrivains, dépassant même « le jeu de noms », pour dévoiler des personnalités radicalement autres.
La critique et même le public font et défont « ceux qui réussissent dans l’écrit ». Ils catégorisent votre talent, le célèbrent puis le boudent. Comme si ce talent ne correspondait qu’à une mode éphémère : la littérature « fringues » ; c’est à la mode cette année, ça ne le sera plus l’année prochaine.

C’est l’histoire de Roman Kacew, prisonnier de son stéréotype, « un bâtard asiatique », comme il se qualifiait lui même, qui choisit comme pseudo Romain Gary.
Quand il gagne le prix Goncourt quelques années plus tard avec Les racines du Ciel, il décline doucement, maltraité par une critique lasse et blasée. On le qualifie d’auteur réactionnaire, on le méprise presque. Ce qui a été ne peut être…
Avec un sens de la dramaturgie bien Russe, il scénarise le suicide de Romain Gary pour ressusciter sous le nom d’Emile Ajar avec son ouvrage La vie devant soi, livre temporairement attribué à son neveu Paul Pavlovitch. En emportant son secret dans la tombe, ainsi qu’un deuxième prix Goncourt, il ridiculise le tout Paris de la critique.
« Accéder à l’authenticité en partant d’une imposture, avouez que ce serait assez beau » déclarait-il dans l’un de ses livres. Mission accomplie, Monsieur Kacew.

Redéployer son imaginaire d'écrivain avec un nouveau nom

Mais l’utilisation des pseudos est aussi une manière de redéployer son talent ou son aventure littéraire, comme si un nouveau nom donnait des ailes pour découvrir de nouvelles perspectives d’écriture, un autre « soi même »... Quand Vernon Sullivan publie J’irai cracher sur vos tombes, livre attaqué en justice pour outrage aux bonnes mœurs, bien peu se doutent que Boris Vian se cache derrière cet écrivain sulfureux. Boris Vian, passionné de roman noir,  s’en nourrit et en souffre.

Les éditeurs jouent parfois un rôle clef dans l’adoption d’un pseudo. Plon a fermement demandé à Lev Tarassov, de franciser son nom. Henri Troyat, qui sonne comme le nom tranquille d’un professeur d’histoire passionné dans un bon lycée de province était certainement plus propice à produire une longue saga Russe bien écrite, attendue et plébiscitée par son public, année après année.

Prendre un pseudo pour combattre avec sa plume

Objectivement, on peut aussi changer de nom pour sauver sa peau. Voltaire, alias François-Marie Arouet, s’était établi près de la frontière suisse, au cas où ses écrits menaceraient sa sécurité. Sans doute la liberté d’expression n’est plus un prétexte pour masquer son identité. Aujourd’hui, un écrivain devrait-il changer de nom pour combattre le fanatisme religieux et prôner la liberté de pensée. Peut-être oui, mais pas à cause de la justice…

Les mystères planent toujours autour des motivations profondes qui amènent les écrivains à choisir un pseudonyme. Le livre de Robert Galbraith, dont l'identité secrète fut trahie par son cabinet d’avocat, était un flop avant de devenir le numéro un des ventes aux Etats unis. « Je veux me libérer de mon nom », déclarait JK Rowling, la maman d’Harry Potter, comme si L’Appel du coucou pouvait tracer sa voie au sommet des best-sellers sans utiliser son nom fameux. À son crédit, les revenus du livre étaient reversés à une bonne œuvre. Mais pourquoi alors se priver de toutes les chances d’en vendre un maximum !!!

« La pseudonymie marque les limites de l'ultime liberté. Celle d'être un autre en demeurant soi-même. Elle correspond à un changement de personne sans dépersonnalisation et en ce sens, elle est le contraire de l'aliénation » déclare le Dr Michel Neyraut, psychiatre et psychanalyste.
Comme quoi le pseudo est peut être le seul moyen pour un écrivain de découvrir sa propre identité.

Christophe Lucius. monBestSeller

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Bonjour, l'idée d'un pseudo m'est venue pour différencier ma vie professionnelle et ma vie privée. je pense comme LOUKOUKS rien n'est figé ...
Publié le 14 Décembre 2013
C'était une évidence au moment où j'écrivais "Tranche de vie", car l'histoire me crollait tellement à la peau. Maintenant que "Tranche de vie" commence à gagner en visibilité, il y a lieu de se poser la question si le choix du pseudo est judicieux? Avec mon métier qui me colle aussi à la peau, et qui demande une véritable dissociation avec la vie privée, le choix du pseudo s'imposait de lui même, sans aucune autre considération. L'écrivain en herbe qui va peut être éclore fera sans aucun doute la synthèse. Toutefois, une maison d'édition éclectique qui me construira un pont en or, avec pour condition sine qua none que de tomber le masque, je signerai illico presto. Après tout, les écrivains confirmés qui écrivent sous leur véritable identité sont les plus nombreux, et ne sont pas pour autant schizophrènes ... Je garde le cap pour l'instant, mais rien n'est figé... L'être, le non-être? Être ou ne pas être? Une vieille question philosophique sortie de sa crypte et toujours d'actualité ..
Publié le 29 Novembre 2013