Interview
Le 21 aoû 2023

"Regard sur un livre" de la part de J.B. Jouteur

Celle qui nous a déçus ou surpris, celle qui nous a fait pleurer ou rire, celle que nous découvrons trop tard, celle que nous aurions aimée avoir ou encore celle que nous regrettons d’avoir subie. Celle, enfin, dans laquelle nous avons grandi : la famille. Tel est thème du livre de Natalia Clément Demange que nous présente Jean-Benjamin Jouteur.

Il est des bouquins qui ressemblent à des confessions intimes.

On y rentre dedans avec précaution afin de ne pas déranger celui ou celle qui se confie. En tant que lecteur, on ressent cette étrange émotion de ne pas lire les mots que l’on découvre, mais de les entendre. Ça n’est pas une discussion ouverte, on ne cherche pas à prendre la parole et encore moins à donner son avis sur ce qui est dit. On a conscience que ce serait inutile et même mal venu. Parfois, souvent même, seule une écoute est nécessaire. Celle ou celui qui s’ouvre à vous n’a nul besoin de conseils ou de leçons. Si pudiquement il se découvre, c’est dans le but de partager des secrets devenus trop lourds pour qu’il puisse encore les porter seul.

Rendre compte, rapporter, faire savoir… C’est sortir de l’isolement.

Et qu’importe que l’on ait affaire à une fiction ou à un témoignage… L’auteur vous confie des moments d’existence qu’il trimballait sans doute depuis longtemps et qu’il devait partager. Qu’ils les aient vécus ou pas, on s’en fiche. Il les a pensés, il les a écrits… Ils viennent forcément de quelque part.

La folie de l’exil appartient à ce genre de bouquin.

Des gens modestes qui se révèlent, que l’on croise dans la rue sans les voir, des personnes anonymes sans histoire extraordinaire à raconter, sans cadavre sur les bras, sans coup de feu ni trahison, ça paraît anodin, inintéressant… Et pourtant. Quelle est la chose que tous, qui que nous soyons, poète ou nabab, drôle ou sévère, riche ou miséreux, exilé ou installé, nous possédons !  

Une famille !

Elle peut être éclatée, puissante, dans la dèche, dysfonctionnelle, aimante, délirante, reconstituée, déchirée, en morceaux, ignorée, brisée ou enfin soudée… Il n’empêche qu’un jour, elle a existé. Et les petits riens qui la constituent, les drames, les secrets, les non-dits, les silences, les instants d’amours, les câlins, les mises au point, les souvenirs, les drames, les aïeux du passé, les enfants du présent, ceux qui viendront après, les cousins et les pièces rapportées, tout ça nous concerne, nous touche, nous alarme… 

Pourquoi ? Parce que tout ça nous fait exister.

Pour Barbara Abel, la reine du polar belge, la famille est un microcosme exacerbé, tout y est plus fort.

"La folie de l’exil" nous raconte une famille,

donc à première vue, il nous décrit un contexte si "familier", si commun à tous, qu’il est facile d’en déduire qu’à le lire, nous risquons de nous ennuyer.

Franchement, ce n’est pas le cas.

En plaçant la vie secrète d’une famille comme bien d’autres sur la place publique, ce roman nous dévoile la vie privée d’inconnus qui nous ressemblent. Car, quelque part, c’est aussi de notre propre famille qu’il s’agit. Celle dans laquelle nous avons grandi, celle qui nous a déçus ou surpris, celle qui nous a fait pleurer ou rire, celle que nous découvrons trop tard, celle que nous aurions aimée avoir ou encore celle que nous regrettons d’avoir subie.

Nos secrets et fêlures ne ressemblent peut-être pas à ceux des personnages que N, mais ils sont bien là… En nous. Nous les cachons ou choisissons de les ignorer.

En lisant ce bouquin, il peut arriver qu’imaginaire et réalité se mélangent.

Il peut arriver aussi que l’on joue au jeu des comparaisons, des projections ou des regrets. 

Famille réelle, faille redoutée, famille idéale ! Qui n’a pas songé un jour d’être l’enfant, abandonné ou volé, d’autres parents, parents qui resurgiraient un jour pour nous emmener vers une autre vie.

Vous vous rappelez la famille Groseille, la famille Quesnoy, la substitution à la naissance d’un enfant de riches et d’un enfant de pauvres ! 

Il y aurait tant à dire sur les secrets de famille, je n’en divulguerai pas plus. Je risquerai de dévoiler une évocation intime que Natalia conte bien mieux que moi, avec pudeur, émotions et justesse.

Vous l’aurez compris, j’ai apprécié ce livre… Il n’y a peut-être que le titre qu’il porte que je remettrais en question. Pour moi, l’exil n’est pas l’élément principal. Quant à la folie, c’est souvent ce que l’on n’accepte pas, ou ce qu’on ne comprend pas. Il existe simplement des êtres humains qui souffrent, qui sont perturbés dans leurs esprits ou leurs comportements par des maladies. Plus on tente de comprendre ces gens, plus on accepte de les soigner, moins la folie existe.

 

J.B. Jouteur

 

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Merci beaucoup pour cette jolie description,
Natalia Clément -demange

Publié le 21 Août 2023