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Le 18 oct 2013

Ecrire : comment s'inspirer sans plagier ?

Copieur ! Ça commence à l’école. Tous ceux qui sont loin d’avoir aligné les prix d’Excellence, connaissent ce moment délicat où on les accuse de tricher. Mélange de honte ou de fronde pour faire face aux accusateurs. On a parfois d’ailleurs, avec le recul, une certaine sympathie pour ces téméraires qui prennent des risques. On sait toute la dextérité qu’elle suppose. Car être un bon copieur demande parfois plus d’habileté, plus de courage et plus de travail qu’une pensée originale médiocre.
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Internet la machine à traquer les plagiats en littérature

Au delà des intellectuels cultivés et des dévoreurs de livres à bonne mémoire qui ont su, à travers le temps, détecter les plagiaires, le net est arrivé : surveillant intransigeant, traqueur des emprunteurs, implacable justicier des paresseux. Ca commence à l’école, et ca se poursuit à l’université. Aujourd’hui, de multiples procès sont tenus pour « pillage de thèses », et des avocats en ont fait leur spécialité. Quand il s’agit de « savoir universitaire », de cumul de connaissances sur des sujets pointus, on peut encore concevoir les « plagiats ». Encore faut-il maîtriser les techniques pour ne pas se faire pincer.

Roman, essais, biographies: les plagiaires piégés par leurs sources d'inspiration.

En littérature, quand les écrivains « originaux » s ‘amusent à glisser des anecdotes « inventées » dans la biographie de leurs personnages célèbres pour les retrouver quelques années plus tard dans des biographies officielles de grands écrivains, il y a de quoi s'amuser. Plagiaire impénitent et régulièrement puni, Alain Minc se réapproprie par exemple une fausse histoire de confiture de roses rouges inventée par Patrick Rödel dans sa biographie de Spinoza, justement pour piéger les « pompeurs ». Condamné en 2001 à 15 0000 euros d’amende, rien ne l’arrête. Il réitère avec son dernier livre L'Homme aux deux visages : Jean Moulin, René Bousquet, itinéraires croisés (Grasset) à partir d'une autre biographie. "Alain Minc a manifestement reproduit, en cherchant à modifier a minima les phrases, le plus souvent en résumant des passages et en changeant quelques mots ou expressions", a tranché la juge. Quarante sept passages sont mentionnés, c’est accablant. S’il écrivait une partition musicale, il faudrait simplement réécouter Mozart ou les Beatles pour le débusquer.

Macé-Scaron, Poivre d'arvor, Minc : les rois du plagiat.

A peine plus subtil, Joseph Macé-Scaron a littéralement reproduit dans son dernier livre, Ticket d'entrée, des passages entiers d’un livre d’un auteur américain Bill Bryson. Certes, ce dernier est peu connu en France, mais Macé-Scaron l’est. On n’accusera paradoxalement jamais de plagiat un inconnu, c’est l’apanage des gens célèbres. L’auteur se défend de façon laborieuse " Avant, en littérature, quand il y avait un clin d'oeil, on applaudissait, aujourd'hui on tombe à bras raccourcis sur l'auteur [...]." Et les emprunts, cela devient un crime, un blasphème. Et de comparer les passages de Montaigne inspiré de Plutarque, comme si tout ce petit monde jouait dans la même cour.

Du grand rabbin de Paris, Gilles Bernheim qui a largement visité divers auteurs dans ses ouvrages, regrettant sa "faute morale", à la ministre de l’éducation allemande Annette Schavan qui s’est fait retirer son titre de docteur par l’université de Düsseldorf pour sa thèse de philosophie très « inspirée », en  passant par Poivre d’Arvor qui a littéralement « subtilisé » la vie d’Hemingway à un biographe peu connu (et dont le livre est épuisé), l’histoire du plagiat est en plein « boom » : elle construit et défait des destins. Beaucoup l’ont payé cher. A tout le moins, elle esquinte les réputations. 

Plus intéressant, c’est le procès de Marie Darieussecq accusée de plagiat psychique proféré par Camille Laurens. Laurens (auteur d’un livre sur le deuil de son enfant) accuse Darieussecq de lui “voler”, sa douleur dans  son livre « Tom est mort » sur le même thème. En accusant un écrivain sur ce point, c’est tout l’art de la fiction et de l’imagination qu’on remet en question.

Littérature : A qui appartiennent les idées ?

"Nous voulons des romans d'amour, pas des romans sur l'amour, des livres de deuil, pas des livres sur le deuil" déclare sa détractrice comme s’il fallait avoir vécu les choses pour avoir le droit de les raconter. Les idées n’appartiennent à personne, la douleur et l’aptitude à les retranscrire non plus. Faut-il breveter les thèmes en littérature ? Faut il breveter la mort d’un enfant ?

Giraudoux disait : « Le plagiat est la base de toutes les littératures, excepté de la première, qui d’ailleurs est inconnue ». Cet article est d’ailleurs très « inspiré ». Mais qui en est l’auteur initial ? Hein, posez vous la question, je vous mets au défi. D’ailleurs, je ne signe pas.

 

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Bonne lecture à tous. Merci à tous ceux qui m'ont envoyé des commentaires très encourageants sur mon livre: LES CONTES DE MABAH. Ça me touche beaucoup ! Merci aussi pour toutes les analyses, parfois très fines de certains de mes lecteurs ! Je cherche des lecteurs pour mon prochain livre intituler MBESO' BLEU Mail: mariusbonfeu@gmail.com Vous êtes fantastiques...
Publié le 22 Octobre 2013
Vous êtes un rigolo, vous?
Publié le 18 Octobre 2013
Parmi les grands plagiaires, ce cher La Fontaine qui a sans vergogne puisé chez Esope. L'exercice, qui relève peu ou prou de la traduction, n'a jamais ému personne - certes il a su transposer avec talent en français les fables grecques, mais tout de même. Que l'on commence par "piller" ses lectures lorsqu'on débute en écriture, rien que de plus commun. On s'inspire (très fort) de, on écrit un peu à la manière de, mais on se gardera sans doute de jouer les copistes, parce qu'on n'y apprendra rien. Le plagiat, c'est la malhonnêteté facile, et un signe d'impuissance. Faut-il tomber bien bas pour user d'un tel subterfuge grossier! Lorgner sur le voisin, d'accord, faisons-le si ça nous chante. Mais alors, pour écrire autre chose que lui, et autrement.
Publié le 18 Octobre 2013