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Le 17 déc 2025

Deux nouveautés monBestLibraire.com à découvrir sur monBestSeller

Dans cette rubrique, nous présentons les romans édités sur monBestLibraire. Des romans sélectionnés par les Editions50/50 qui révèlent les talents non encore édités et permettent à ces auteurs de rencontrer leurs lecteurs en dehors des circuits traditionnels. monBestLibraire, c’est une nouvelle librairie, et c’est une librairie dédiée aux seuls auteurs indépendants. Acheter leurs livres, c’est reconnaitre que la qualité des livres ne dépend pas de la notoriété de leur auteur. Cette semaine, À nos plus belles blessures de Catarina Viti : au fil de ces récits, une thérapeute explore la folie, le déni, la cruauté, mais aussi la lumière qui se dégage des blessures secrètes de ses patients. Et le roman Les enfants de la tempête qui vient de Frédéric Michelet, dans lequel Noah, adolescent HPI et autiste léger, possède une mémoire absolue qui lui permet de retenir chaque seconde de sa vie. Mais ce don est aussi un fardeau, il lutte pour paraitre et mener une vie normale, au prix fort.

À nos plus belles blessures de Catarina Viti

Par Sarah CHÊNE

Ils vivent avec excès d’amour, de mémoire, de douleurs, de lucidité, ceux qui portent trop.

Il existe des êtres qui portent trop. Trop de corps, trop de voix, trop de souvenirs, trop d’espoirs déçus. Ce livre s’approche d’eux sans fracas, avec une patience presque artisanale, pour montrer ce qui se passe quand la vie déborde. Dans À nos plus belles blessures, Catarina Viti écoute celles et ceux qui ploient, qui cèdent, qui persistent, et tout ce que le monde dépose en eux.

Les 9 récits se succèdent comme les pièces d’un vitrail : séparés, mais traversés par la même lumière. Parmi eux, Sonia, femme-éléphante, femme-poids, femme-fragile, dont le corps et l’esprit se dédoublent jusqu’à l’épuisement. Ou Elsa, déchirée entre deux continents, amputée de l’Afrique qui fut son enfance. Erichton, figure presque mystique, qui porte pour les autres une paix que personne ne peut tenir seul. Chacun d’eux révèle une part de ce que signifie vivre avec un excès d’amour, de mémoire, de douleur, de lucidité.

Le titre prend alors tout son sens. Les blessures ne sont pas ici des drames à effacer, mais des lieux de vérité. Elles racontent ce qui a compté, ce qui a façonné, ce qui a été perdu sans jamais tout à fait disparaître. “Belles”, non parce qu’elles adoucissent la vie, mais parce qu’elles la montrent nue, sans maquillage ni défense.

L’écriture de Catarina Viti accompagne ces existences avec une précision presque tactile. On y sent la chair, la sueur, les voix intérieures, mais aussi la délicatesse d’un regard qui ne détourne jamais les yeux. C’est une prose directe, sensible, parfois tranchante, toujours tenue, où le corps devient le dernier lieu de résistance possible.

Ce livre parlera à celles et ceux qui ont déjà porté trop : un proche, un pays, un chagrin, une responsabilité qui dépassait leurs forces. À ceux qui savent que les blessures ne se referment jamais vraiment, mais qu’elles finissent par nous rendre lisibles à nous-mêmes et aux autres.

« Atropos, chère Parque, quelle plaisanterie avais-tu inventée pour amuser tes sœurs ? De quel pari olympien Bob G. faisait-il les frais ? Combien de temps encore avant que tu ne refermes les deux branches de tes ciseaux sur le fil de son ignoble existence ? »

 

Les enfants de la tempête qui vient de Frédéric Michelet

Par Eric NEUVILLE

Chronique d’une « tempête » annoncée. Nos enfants sauront-ils avancer dans un monde qui ne leur sert plus d’abri ?

Les cerveaux n’ont pas d’anus. Ce qui y entre n’en ressort jamais. Heureusement, l’humain possède une fonction de survie : l’oubli, ou du moins cette capacité à reléguer ce qui l’encombre dans les recoins discrets de la mémoire. Que se passerait-il autrement ? Si le moindre détail restait en mémoire vive, intact, permanent ? Tel est le dilemme de Noah.

Noah, quatorze ans, le personnage central de Les enfants de la Tempête qui vient retient tout : les visages, les chiffres, les odeurs, les mouvements du monde. Ce don devient une faille lorsqu’un centre de recherche décide de l’utiliser comme interface vivante vers le réseau. Il fuit, accompagné d’une poignée d’alliés — une amie, un père dépassé, un petit garçon aussi mystérieux que fragile — et traverse un pays tendu, surveillé, où sa mémoire est à la fois son arme et son enfer. Le danger est partout, mais la solidarité aussi, discrète, tenace, presque têtue.

Le roman de Frédéric Michelet touche par son équilibre : une tension constante mais sans spectaculaire, un univers proche du nôtre, et surtout la manière dont la conscience de Noah déborde, déborde encore, jusqu’à devenir un paysage à part entière. Le rythme épouse ses flux de souvenirs, ses efforts pour tenir debout, et la chaleur ténue des liens qui l’aident à avancer. On lit autant une cavale qu’un combat intérieur.

Chez Frédéric Michelet la “tempête” n’est pas un effet de manche. Elle s’inscrit dans une lignée intellectuelle où la catastrophe n’est jamais seulement un événement, mais une manière de lire le monde. On l’entend chez Arendt, chez Anders, chez les penseurs du risque contemporain : ce qui vient n’est pas un orage soudain, mais une accumulation de tensions, de fractures, d’imprévus devenus structurels.
Dans Les enfants de la tempête qui vient, cette inquiétude prend la forme d’une fable. La tempête, ici, n’est pas météorologique ; elle est cognitive, politique, technologique. Elle ne se contente pas de tomber sur les personnages : elle les traverse, les façonne, les révèle. C’est un mot qui dit à la fois la fragilité de nos constructions et le moment où une génération comprend qu’elle doit désormais avancer dans un monde qui ne lui sert plus d’abri.

« Et de toute façon si tout se transformait en un gigantesque trou noir, je deviendrais quelqu’un de normal. Je ne serais pas obligé de me rappeler de tout. Toute ma vie, tout mon passé. Chaque seconde. Chaque minute. Chaque visage. Chaque paysage. Chaque douleur. Chaque émotion. »

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J'ai lu le texte de Catarina Viti, et je m'en souviens comme d'un texte écrit sur le fil de l'expérience, au plus proche de l'émotion, et d'une grande valeur humaine. Dans une écriture riche et soignée. Une belle œuvre.

Publié le 16 Décembre 2025

@Jézabel Foutredieu
Trop aimable...

Publié le 16 Décembre 2025

Je ne suis pas payée pour, mais je conseille sans restrictions le bouquin de cette Mme Viti dont on dirait (sur sa photo) qu'elle va nous expédier un sacré ramponneau. Pour une fois qu'une écrivaine vraie de vrai se balade sur le site...

Publié le 16 Décembre 2025