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Du 27 nov 2020
au 27 nov 2020

Djaïli Amadou Amal : survivre par l'écriture

Si la littérature a pour fonction de toucher les lecteurs, de les convaincre et de les émouvoir, l'écriture est parfois pour les auteurs, un moyen de survivre
Djaïli Amadou Amal remportera-t'elle le prix littéraire français le plus prestigieux ?Djaïli Amadou Amal remportera-t'elle le prix littéraire français le plus prestigieux ?

« J’ai choisi la littérature ; elle a été pour moi l’arme qui m’a permis non seulement d’être personnellement forte mais de l’être suffisamment pour aider les autres»
C’est ainsi que Djaïli Amadou Amal décrit sa relation à l’écriture
Djaïli Amadou Amal est l’une des quatre finalistes du Prix Goncourt (oui, non pas Concours), et l'une des rares femmes à pouvoir y postuler depuis sa création.
Pourquoi parler d’elle ?
Parce qu' elle illustre parfaitement l’essence de monBestSeller : l’écriture refuge, l’écriture témoignage, l’écriture militante, même .
Et si c’est de la bonne littérature, quoi rêver de plus ?

L'écriture comme refuge puis comme moteur de vie

Djaïli Amadou Amal, camerounaise du Nord, a été mariée deux fois, mineure à un homme de plus de 50 ans, puis plus tard à un homme violent. De ce traumatisme personnel est née la nécessité d’observer, de comprendre, de dénoncer. Viols conjugal, kidnapping de ses enfants, violences, discriminations, elle fuit ces mariages forcés, sans ressource, et sans soutien et trouve enfin sa vocation : l’écriture comme refuge d’abord, puis comme moteur de vie.
Elle élargit dans ses récits son expérience à toutes les exactions et injustices menées contre les femmes du Sahel.

L'auteure raconte à travers trois portraits de femmes la malédiction d’être une femme sur le continent Africain. Sa détermination devient son énergie et c’est dans la lecture et l’écriture qu’elle trouve ses ressources. Son livre « Les impatientes » dénonce le traitement des femmes noires au Nord du Cameroun, et plus généralement dans l'Afrique subsaharienne.
A celles qui se plaignent des violences, la Société dit « Patience ». C'est un mode de reproduction social, qui pérennise une Société injuste et intouchable, et qui ne lui laisse que peu de chances de se renouveller. 
Car l’injustice ultime pour ces femmes, c’est d’affronter les reproches de la famille, des amis et de la société. Calomnies et accusations.

Djaïli Amadou Amal déclare en substance que ce sont les livres qui lui ont sauvé la vie parce que seules les réalités des autres étaient supportables car différentes des siennes propres.
Donner à sa voix et à son écriture un objectif, en l’occurrence celle de ces femmes victimes de violences, c’est un acte militant, d’expression qui porte dans ce cas plus que n’importe quel discours politique.

J’ai choisi la littérature, déclare t’elle ; elle a été pour moi l’arme qui m’a permis non seulement d’être personnellement forte mais de l’être suffisamment pour aider les autres. La vulnérabilité de la femme est celle de la société toute entière.

Ecrire est un besoin vital qu'il faut satisfaire

Pourquoi parler de cet ouvrage. Parce qu’il est "Goncourable" d'abord, et les Goncourt féminins sont rares. Mais aussi parce qu'il défend une cause, il milite, il est rédempteur pour celle qui l'a écrit.
Et quand un auteur plaide une cause et que le talent est au rendez-vous, c’est de la littérature engagée, mais d'abord de la littérature.

Toutes proportions gardées, chez monBestSeller, nous avons décelé ce besoin vital d’écriture, salutaire. Et si nous ouvrons nos pages à tous ceux qui le veulent sans discrimination, sans moqueries, c'’est que ce besoin doit trouver une réponse, un espace d'acceuil, chaleureux et solidaire.
Tous les écrits ne sont pas égaux. Mais ils sont tous considérés et respectés. Et si notre rôle c’est de donner à voir tous les chagrins, toutes les peines, toutes les énergies, toutes les aventures, toutes les dénonciations, tous les talents des auteurs. C’est parce nous sommes intimement convaincus que l'écriture détient une fonction cathartique.

Si la lecture nous fait vivre des vies différentes, l'écriture nous permet parfois de survivre.

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L'écriture comme refuge ... Le courage de cette femme suscite non seulement la fierté d'être issue d'un milieu noir , mais aussi la force qu'on peut vaincre la fatalité.
Cordialement,
Didicof !

Publié le 16 Juin 2021

Bonjour@Youssouf Marius Abdoulaye Pendant que nous hurlons de ne plus pouvoir "manger" au restaurant et que nous nous cherchons des poux dans la tête pour une virgule en trop ou en moins, d'autres (pas si loin de chez nous) meurent en silence et dans l'indifférence générale. Une telle béance nous sépare ! mais je vous encourage à poursuivre votre combat par la voie de votre écriture qui a franchi votre continent. Cordialement. Fanny

Publié le 06 Décembre 2020

@FANNY DUMOND merci beaucoup pour cette information, je ne le savais pas. L'échange est très difficile entre les auteurs africains et leur public. Serait-elle lue en Afrique avec le même engoûment qu'en France? Certainement pas, malheureusement, parce que la lecture en Afrique est le dernier des soucis.
Son pays et le mien son voisins, et en ce moment le Nord Cameroun connaît une guerre que je qualifierait de "honteuse". Et dans des troubles comme ça, on n'est pas sûr de trouver des lecteurs, lurgence étant la conservation de sa vie.

Publié le 05 Décembre 2020

Bonsoir@Youssouf Marius Abdoulaye Elle a reçu en 2020 le prix Goncourt des lycéens (environ 2 000 élèves) et je pense que l'on peut se réjouir que la jeunesse l'ait remarquée, en France tout du moins ! J'espère vivement que votre vœu de voir son témoignage lu sur votre continent aux multiples facettes se réalisera. Cordialement. Fanny

Publié le 05 Décembre 2020

On aurait été très joyeux si elle avait gagné le prix, non pas parce qu'elle est africaine ou même par la qualité de son écrit, mais simplement pour la lumière que cela apportera dans ce Nord-Cameroun en proie à des violences, dans cette guerre entre rebelles cessionnistes et gouvernement camerounais, avec son corrolaire de victimes innocentes. Bref.
Sa souffrance est malheureusement celle de la Femme africaine, tant chantée dans nos poèmes, mais qui dans la réalité porte des blessures qu'on lui inflige sans menagement. Certes, il faut nuancer les propos dans la mesure où l'Afrique est un vaste continue où les réalités peuvent varier, même d'un village à un autre, mais le constat général reste amer en ce qui concerne la femme.
Elle, elle a osé, je dirai même qu'elle a "réussi" sa guérison, car quand nos maux deviennent des maux, ils ne nous font plus autant mal, telle est ma conviction en tout cas. Vivement que l'avenir cet écrit ait un écho particulier sur ma terre sahélienne.

Publié le 05 Décembre 2020

@la miss 9 « C’est la poêle qui se moque du chaudron » Par surcroît, je constate que votre répertoire est limité. Radoter n’est-il pas l’apanage de ceux qui n’ont rien de constructif à exprimer ? Si vous savez lire et pour vous occuper à la veillée, je vous conseille « Le tilleul du soir » de Jean Anglade, un «pays». « Mieux vaut pleurnicher que s’oublier dans ses brayes », aphorisme auvergnat de mon cru que je vous dédicace. Patricia

Publié le 02 Décembre 2020

Bonsoir@Kroussar Il me semble que dans notre monde hyperconnecté, nous n’avons jamais été aussi seuls et que chacun a un immense besoin de s’exprimer, voire de se raconter. La solution passe de plus en plus par l’écriture, sans être interrompu comme lors d’une discussion avec des «il m’est arrivé pire, mieux, etc. » ; avec plus ou moins de savoir-faire, je vous l’accorde. Par ailleurs, je pense que certains journaux intimes (par surcroît posthumes), comme leur nom l’indique devraient le rester, et qu’effectivement ils peuvent être dérangeants pour les lecteurs. Lors de mon inscription il y a 6 ans, j’ai posté mon autobiographie/témoignage sur laquelle je termine mes anecdotes dans l’humour. Elle m’a valu des commentaires déstabilisants, tels « je me suis bien marré à vous lire ». Après tout, c’est tant mieux. Par contre, d’autres étaient beaucoup plus déstabilisants comme je le mentionne sur mon intervention. Lors de mes réponses je citais H. Bazin, J. Renard et d’autres grands écrivains qui, si je ne m’abuse ont tous, un jour ou l’autre, laissé leur autobiographie pour la postérité. Je tiens à faire remarquer que sur notre site nous avons le choix entre plusieurs genres littéraires et que personne n’est forcé à lire un témoignage (engagement courageux, souvent) ou une autobiographie (moments d’Histoire dans l’Histoire). Depuis, prise au jeu, j’écris pour m’amuser et dans des genres littéraires différents et également pour mes petites-filles qui sont curieuses de savoir et très en demande de connaître leurs racines. Du temps où mBS était beaucoup plus familial, plus convivial, je me souviens d’une personne au bord du gouffre qui avait posté un véritable SOS de détresse et que plusieurs d’entre nous lui avions laissé des messages de soutien qui l’ont aidée. Je n’ose imaginer les dégâts si elle en avait reçu des comme on en lit de plus en plus souvent. La plupart d’entre nous ne sommes pas Écrivains et je pense qu’il y a l’art et la manière de dire sans froisser dans le sarcasme. Certes mBS ne censure aucun texte, mais en use sur certains commentaires. Cela vous a peut-être échappé, mais je l’ai été plusieurs fois tout comme certains autres auteurs ! CQFD. Malgré les pressions pour me faire partir, je reste sur ce site car j’y ai fait de belles rencontres littéraires et amicales qui ont fait boule de neige hors de nos frontières et que je compte bien en faire d’autres. Merci mBS ! sincèrement. Pour terminer, je félicite Djaïli pour son courageux témoignage qui ne lui a pas valu le prestigieux prix Goncourt, mais d’être quand même remarquée et ce n’est pas rien. Bonne soirée à vous, Jean-Claude. Cordialement. Patricia

Publié le 30 Novembre 2020

Tous les témoignages ne sont pas cathartiques, loin s'en faut et heureusement ! Le témoignage est convoqué par exemple dans certaines traditions religieuses, ou sur la scène judiciaire... Le témoignage peut, selon le cadre de son usage, être utilisé à des fins diverses, à des fins d'élucidation, mais aussi à des fins éducatives, persuasives en particulier.  Et puis, un témoignage peut-il vraiment être cathartique ? Certains affirment que  raconter ce qui vous est arrivé est toujours cathartique. Est-ce vrai ?  
/n
Du point de vue d'Aristote la réponse est : OUI. De mon point de vue, je dirais NON. Même si le mot grecque "catharsis" signifie purgatif. Même si, par extension, l'écriture cathartique permettrait de reconnaître et de se vider de son monde émotionnel, peur, jalousie, colère, fourberie… 
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NON, pour la raison suivante. Si sur le moment l'écriture permet d'évacuer de vieux démons, de vieilles peurs, de vieilles rancœurs, de vieilles blessures; il faut savoir, qu'avec le temps, elles reviennent toutes et sont d'autant plus meurtrières. Surtout, lorsqu'un témoignage n'est pas jugé à la hauteur de ce qu'en attend son auteur(e). Le lecteur, par ses mots, ses commentaires, peut être assassin, autant que les bourreaux. C'est ce que j'ai perçu dans le commentaire de Patricia @FANNY DUMOND  je cite "il m’a été dit qu’on s’en « foutait » de ma vie " 
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Par contre, je pense (peut-être me trompe-je) que monBesSeller a raison en disant : "Tous les écrits ne sont pas égaux. Mais ils sont tous considérés et respectés". D'une part, parce que cette plate-forme ne censure aucun texte; ici, il est permis de dire toutes les vérités qui ne sont pas bonnes à dire ailleurs. D'autre part, parce qu'un texte non abouti, dans sa forme orthographique ou grammaticale, pourra trouver un écho, voire une aide qui permettra au texte de se sublimer. Alors, merci à TOI monBestSeller pour cette belle tribune.

Publié le 30 Novembre 2020

Les écrits-témoignages ne sont pas égaux, mais ils sont considérés et respectés sur ce site. Eh ben ça mBS, d’après mon expérience, ça reste à voir ! Après en avoir posté un dérangeant, il m’a été dit qu’on s’en « foutait » de ma vie. Aussi, moi l’occidentale, je tire mon chapeau à Djaïli Amadou de donner à sa voix et à son écriture l’objectif d’être un acte militant. Je trouve un peu réducteur de considérer que c’est une malédiction d’être une femme sur le continent Africain. J’élargirais bien au-delà dans certains pays tels l’Asie (Iran, Irak…) où la femme est complètement transparente et bonne qu’à écarter les jambes pour procréer et satisfaire les besoins de mâles parfois cacochymes. Sur les épaules de toutes ces femmes pèsent une incessante et inadmissible pression. Elles sont dans une soumission totale à leur famille, j’ose, à la religion, et craignent le regard et le qu’en dira t-on de leurs amis et de la société. Naître femme dans ces contrées, c’est être condamnée à vivre dans la peur perpétuelle. Dernièrement, sur un réseau social, je tombe sur des « félicitations aux mariés » et j’ai failli demander où était la mariée sur la bonne dizaine de photos où seuls ces messieurs se pavanaient en groupe. Et par lâcheté, certainement, je n’ai pas osé demander s’il s’agissait d’un mariage homosexuel. J’espère vivement que Djaïli Amadou obtienne le prix Goncourt pour son si courageux témoignage. Cordialement. Fanny

Publié le 28 Novembre 2020