Votre écriture est très communicative car vous arrivez à nous faire imaginer l'enthousiasme et la joie de la narratrice. J’ai tout de suite aimé l’atmosphère champêtre que vous parvenez à mettre bien en valeur au travers de votre plume qui fait de la nature un spectacle et un.ballet. Vos personnages sont tout sauf insignifiants, ils sont à la fois attirants, intrigants, repoussants, ce qui rajoute une dose d'intérêt supplémentaire à votre histoire. La fille de la narratrice est dotée d'une maturité et d'une intuition pour cerner les autres qui est étonnante. La narratrice n'a pas sa langue dans la poche et m'a fait plaisir lorsqu'elle remet à sa place de manière savoureuse un ouvrier qui lui fait une remarque déplacée voir misogyne.

Au travers d'une écriture narrative et émotionnelle de belle qualité avec des descriptions précises, minutieuses, le narratrice parvient à nous traduire les sentiments vifs et profonds vécus par les personnages confrontés à des situations douloureuses de la vie. L'auteur que vous êtes a également le talent de nous faire imaginer la peur que peut ressentir la narratrice lorsqu'elle fait face à cette atmosphère saisissante et lugubre alors qu'elle se retrouve dans un endroit perdu avec son petit ami. A l'inverse vos mots révèlent bien la solidarité et la chaleur humaine qu'on retrouve dans cet environnement  cosy et réconfortant qu'est cet institut.

De très beaux passages littéraires, lumineux, à l'image de la lumière que cet homme endeuillé met dans ses tableaux lors des premières pages avec cette histoire émouvante et rayonnante. Cet homme a un sens de l'observation aiguisé qu'il utilise pour peindre et décrire tous les éléments gracieux qui l'entourent. D'ailleurs dans les 10, 15 premières pages vous faites usage d'un vocabulaire et d'adjectifs très divers, abondants, anciens à l'image de cette époque autour de cette guerre mondiale et de cet homme d'un autre temps. Alors que quand l'histoire se rapproche de notre époque contemporaine, votre écriture se modernise, les dialogues deviennent plus vifs, moins tendres et tristes et deviennent comme des gifles qu'on distribue lorsque notre poil se hérisse. Avec vous au travers de vos dialogues sans concession, les hommes en prennent pour leur grade: «  pour garder une homme, il faut lui vider les couilles et lui remplir le ventre! ". il est vrai que certains de vos personnages n'ont pas vraiment tort, un certain nombre d'hommes se comportent comme des animaux et réfléchissent seulement à partir de ce qu'ils ont entre les jambes en étant infidèles lorsqu'ils ne tiennent pas des propos sexistes, misogynes . Après dans votre récit, certaines femmes ne se ratent pas entre elles et se lancent des phrases assassines qui peuvent parfois valoir le détour.

Sur la forme et le fond, j'ai beaucoup aimé votre essai car votre réflexion est profonde, riche avec des observations du quotidien d'un couple qui sont particulièrement finement analysées pour décrire l'éloignement progressif d'un couple et les petites trahisons de tous les jours ( ex: manque d'attentions vis à vis de l'autre)qui ouvrent la porte à l'infidélité. Vos propos sont très clairs et bien argumentés du fait de l'utilisation d'une expression écrite rigoureuse et exigeante et de vos images qui les rendent très compréhensibles et concrètes au commun des mortels. Après sur le fond je ne suis vraiment pas d'accord avec tout ce que vous écrivez: Par exemple je n'ai clairement pas le sentiment que nous vivons dans une société qui se pare de pureté, qui érige des statuts à la fidélité. On ne doit pas vivre dans le même monde car j’ai au contraire le sentiment que l’infidélité ne choque plus grand monde et qu'elle n’est vraiment pas un tabou aujourd’hui dans nos sociétés modernes occidentales. En tout cas selon ce que je vois ou entends dans les témoignages émanant de mon entourage ou des médias, l'infidélité n’est pas regardée comme quelque chose de monstrueux ou un crime, elle est même souvent banalisée. D'ailleurs comme vous en parlez bien à un moment, l’homme qui a des conquêtes prouve qu'il est viril . Tandis que la femme qui trompe, elle ressent de la honte. Croyez moi en tant que féministe, ce type d'injustice avec ce 2 poids, 2 mesures, cela me met fortement en colère! Après au début de votre livre en tout cas, vous ne parlez pas des coureurs de jupons que je fuis et qui iront voir ailleurs même s'ils aiment leurs femmes en les condamnant au malheur! Heureusement que dans les sociétés occidentales, la femme a bien davantage pris son indépendance financière et peut quitter son compagnon ou mari volage. Après il est vrai que certaines femmes trompent aussi leurs maris.

Récit glaçant qui emploie des mots puissants pour dire à sa juste mesure la détresse d’une fille puis d’une femme condamnée à vivre avec des traumatismes qui vont la poursuivre longtemps. Vos scènes écrites dans un Français impeccable sont racontées de manière minutieuse. Les gestes, les intentions, les paroles des personnages sont décrites et analysées à la loupe ce qui rajoute de l’intensité, de l’effroi, de la tension à certaines scènes. De manière significative et pertinente, `vous racontez bien aussi les silences, les lâchetés des uns des autres qui ne font que prolonger le malheur endurée par une petite fille puis une femme à cause d'hommes qui ont des comportements pervers.