Miracle, vous avez dit miracle ?
Un vers du grand poète tchadien, Nimrod pourrait à lui seul résumer la situation de la littérature dans ce pays qu’est le Tchad : "Les chemins sont pierreux et la solitude les attise".
Les fidèles lecteurs de mBS le savent à présent, il n’y a qu’une seule et unique librairie pour tout le Tchad. La librairie la Source. Elle est en train de déposer le bilan.
On estime à peu près à 13% les Tchadiens qui comprennent le français et l’utilisent. Et cela dans une société dévastée, où vivre -survivre- devient chaque jour plus compliqué.
Les langues parlées au Tchad sont le français, l’arabe tchadien, le sara, le baguirmi et le boulala, auxquelles il faut ajouter 140 dialectes.
L’arabe tchadien sert de langue véhiculaire principalement dans le nord du pays, et serait parlé par 60% de la population.
Le français est utilisé dans l’enseignement, dans les médias et pour les affaires. Il est également la langue principale parlée dans les milieux politiques et administratifs.
C’est cela qu’il faut garder en tête, dans un premier temps, pour donner à ce festival littéraire le caractère qui est le sien.
Debout au milieu des ruines.
Malgré les incertitudes, les aléas et les souffrances d’un peuple, un homme reste debout au milieu des ruines, et cet homme est Sosthène Mbernodji. Cette année 2023, le thème rassembleur est Ecrire, s’écrire, "et nous aurons comme invité d'honneur Ndongo Mbaye, universitaire, journaliste et poète sénégalais. Il y aura également nos amis du Burkina Faso et du Cameroun, un auteur venu de France et un autre du Canada. Ils s'associent aux écrivains et slameurs tchadiens pour marquer d'une pierre cette édition."
Contre vent et marées, avec des moyens de fortune, dans des conditions qu’on n’imagine même pas ici, sans soutiens officiels (la France, par exemple, préfère sponsoriser des courses d’ânes et de chameau (véridique) plutôt que parrainer le seul festival littéraire francophone de la région), cette poignée d’irréductibles amoureux de la langue française et de la littérature s’arcboutent et, face à toutes les difficultés, refusent de renoncer.
Cette année donc, la fête s’est à nouveau tenue à N’Djamena et des festivaliers sont venus de loin pour communier, porter à bout de bras une langue qui s’éteint dans un paysage qui s’efface. Et nos courageux auteurs ont, une fois encore, semé l’espérance sur les terres de Toumaï, armés de la plume, et la littérature comme étendard.
monBestSeller y était !
Eh oui ! D’une certaine façon, discrète, mais efficace. monBestSeller était là. Car les compétences que nous avons acquises au fil du temps servent au-delà des frontières.
monBestSeller est heureux de s’être associé à la fête en donnant les petits coups de pouce nécessaires à la publication du livre d’or du festival, une compilation de souvenirs, l’histoire, en quelque sorte, du F.I.S.H, des balbutiements de la première année (2013) à la montée en puissance de l’événement devenu dix ans plus tard le Festival International le Souffle de l’Harmattan.
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@gaetan b
Tout n'est pas perdu, tant qu'il restera une poignée d'irréductibles pour défendre la cause de la Littérature, par surcroît de notre si belle langue, dans ces pays dévastés où le français est très peu et mal parlé, voire rudimentairement enseigné par des professeurs pas formés. C'est un crève-cœur d'apprendre que l'unique librairie tchadienne est en passe de déposer le bilan. Merci à mBS de les épauler, de nous ouvrir les yeux sur cette triste réalité, à nous qui passons notre temps à consulter nos scores pour savoir qui est le meilleur. Force et courage à cette poignée de combattants de l'ombre pour qu'ils continuent d'écrire pour s'écrire ! Fanny
Connaissant toutes les réalités de ce pays, je me demande comment fait M. Sosthène pour tenir sur la durée un tel événement. Ici on ne finance que quand c'est pour encenser le pouvoir. C'est vraiment une prouesse. C'est à ce festival que j'ai eu une fois la chance d'assister à une présentation de Beral Mbaïkouboum, un grand nom de la littérature tchadienne, connu pour son verbe tranché.
C'est tout ce qu'on a comme événement littéraire majeur au pays, le reste (Mois du livre et de la lecture-on y est, il me semble-et caravane du livre), c'est pathétique. Bravo Sosthène ! Et merci à cette tendre main derrière ces belles aventures !
Un grand bravo ! et que vive la francophonie pluriellle.
@monBestSeller
Etre là, quand les premiers concernés, les officiels, ne le sont pas, est une grandiose et louable initiative de la part de monBestSeller. Un grand merci à vous; pour les Tchadiens.
Des mots contre les maux : le meilleur remède !