Tribune
Le 25 nov 2014

Pourquoi écrivons-nous ?

"La mémoire la plus forte est plus faible que l’encre la plus pâle", dit un proverbe chinois. L’écriture est sans doute le plus puissant instrument de transmission, de conservation et de libération. C’est la permanence de son support matériel et la force des mots qui lui donne cette force ineffable plus forte qu’aucune arme. Avec Hubert Lethiers, petit tour des grands sur le « pourquoi de l’écriture ».

Que se passe-t-il ?... Votre voix s’étrangle dans le défilé de vos plus inavouables arguments ?... Dans vos têtes, la vérité le disputerait-elle au cliché et au faux-fuyant, voire même au déni ?... Courage, cliquons et fuyons !... Eh bien, non ! Plume en main ou AZERTY sous les phalanges, il est l’heure de faire le tour de vous-même !

À cette question, Marguerite Duras répondait toujours « qu’elle l’ignorait », Françoise Sagan ripostait « parce que j’adore ça », Philippe Soupault lâchait « parce que ça m’amuse », et Paul Valery dans son art de l’esquive affirmait écrire « par faiblesse ».

En 1985, transi par son humilité congénitale, Patrick Modiano murmurait sa réponse : « parce que je ne sais probablement rien faire d’autre ».

Balzac y voyait le moyen de « devenir riche et célèbre », Milan Kundera appréhendait celui de « contredire tout le monde », et Frédéric Dard celui d’entretenir le « voyeurisme de l’écrivain »…

« Très franco-français tout cela », couinerez-vous… Soit, sortons un peu de l’hexagone.

Outre-Atlantique, Philippe Roth préfère toujours attendre la fin de sa vie pour apporter une possible réponse à cette question.

Toni Morrison écrit « pour témoigner et créer de l’ordre, de la beauté, et de la vie à partir de ce qui n’est autour de nous que chaos ».

Quant à William Kennedy il répond « parce que ça me donne quelque chose à faire pendant que je suis en train de mourir ».

Petit hommage à Ray Bradbury, récemment disparu, qui répondit, « parce que j’adore les musées et les rêves de science-fiction qui voient l’éclosion du futur »…

Dans le même esprit que Scott Fitzgerald, mais cette fois au pays du soleil levant, Haruki Murakami répondit à l’âge de 35 ans: « j’écris parce qu’il y a dans l’acte d’écrire plein d’odeurs primitives qui agissent sur le cœur de l’homme. Et je continue d’écrire, soit par obligation, soit sous le coup d’une pulsion, soit pour de l’argent. Soit pour l’amour perdu ou l’amour non perdu… »

Escale à Bombay pour terminer cette étrange et intemporelle pseudo-revue de presse par la réponse de Salman Rushdie : « J’écris parce que j’aime inventer et mentir, parce qu’on peut découvrir le fil même de la vérité dans la non vérité… J’écris parce que je n’ai pas encore trouvé comment ne pas écrire… J’écris parce que comme tous les immigrés, je dois tout réinventer ; moi-même, mon univers, tout… j’écris aussi parce que je ne sais jamais pourquoi j’écris, sauf quand j’écris ».

À vous maintenant !... Ah, moi d’abord… Soit.

À l’instar de Marguerite Duras, (talent en moins contre modestie en sus), je n’ai pas de réponse claire à cette question. Mais je reste convaincu que si mon histoire m’en offre une, je cesserai sans doute d’écrire. Pour paraphraser Pierre Soulages, je dirais que « c’est ce que j’écris qui m’apprend ce que je cherche ».

C’est bon là, vous avez eu suffisamment de temps pour mûrir votre réponse. À vos claviers !

Hubert Letiers

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Une chose est sûr, quand j'ai commencé à écrire lorsque j'étais adolescent, la raison était très personnelle : écrire pour m'évader, vivre d'autres vies, celles que j'aurais aimé vivre. Aujourd'hui c'est plus par passion, pour le plaisir de faire travailler l'imaginaire, celui de faire des recherches et apprendre plein de nouvelles choses. Et aussi il faut se l'avouer, il y a l'envie secrète de trouver le succès et la reconnaissance !
J'ai écris un petit article sur le sujet il y a quelques jours, pour ceux que ça intéresse c'est ici :
https://johanduval.wordpress.com/2016/07/03/ecrire-quand-comment-pour-qui-ou-pourquoi/

Publié le 07 Juillet 2016

Merci Hubert pour cette habile façon de présenter les choses tout en nous livrant les raisons et citations splendides des plus grands....une mention spéciale à William Kennedy peut être... Mais faut-il vraiment se demander pourquoi ? Pourquoi marchons-nous, respirons-nous, parlons-nous ? ...

Publié le 30 Avril 2015

Quand quelqu'un me demande pourquoi j'écris, je sors mon flingue. N'ayez crainte, amis auteurs, cette personne n'a jamais lu un livre, et certainement pas ceux de l'auteur qu'il interroge. Quand je vais chez le boulanger, est-ce que je lui demande pourquoi il boulange ?

Publié le 29 Novembre 2014

Honnêtement, je ne sais pas exactement pourquoi j'écris, mais le fait est que tous les soirs vers miniuit, quand je suis chez moi, je n'imagine pas ne pas descendre à ma table de cuisine, ouvrir le fichier de mon texte en cours, le relire en diagonale, me disperser un temps sur Internet, et finalement me lancer. L'idée la plus pertinente à laquelle je peux associer ma motivation d'écriture est un trouble, un T.O.C. 

Maintenant, si je fais l'effort d'analyser, je trouverais bien des raisons un peu plus intéressantes, qui recoupent celles que je lis dans les commentaires qui précèdent. J'en garderais une, qui recouvre les autres, c'est l'omniscience. Tout savoir de ses personnages, les guider au doigt et à l'oeil, leur donner les traits physique ou de caractère de qui l'on souhaite, transformer les hommes en femmes, les femmes en hommes, les vieux en jeunes, mélanger, touiller, etc., etc. Mais la mélasse qui en résulte donne quelque chose de très proche de sa vérité.

En résumé, "devant un jury", comme dirait Nicole Kraus dans l'Histoire de l'amour ou La grande maison (je ne me souviens plus), je concèderais que j'écris pour INVENTER LA VERITE.

Publié le 26 Novembre 2014

J’écris par plaisir. Un plaisir solitaire, mais lequel ?
Celui de créer des personnages qui agissent et parlent selon ma volonté. Je puise dans mon entourage ou dans ma vie (au sens large : travail, sport, rencontres autres) les traits de caractère de mes personnages. Petite vengeance pour ceux qui deviendront sur le clavier de mon imagination des tueurs, c’est selon. Il est impossible pour moi d’imaginer une personne que j’aime et/ou respecte dans la peau d’un malfaisant.
Parfois je jubile sachant que j’attire le lecteur sur une fausse piste ou sur une chute qu’il n’attend surement pas.
J’ai également une fibre pédagogique. Elle me vient de l’enfance (psy s’abstenir). Au collège j’avais une prof de français et d’histoire qui nous intéressait à ce que nous devions retenir par l’anecdote. Elle m’a transmis (sans le savoir) ce gout de remonter à la surface des histoires oubliées pour en faire à ma sauce des nouvelles, un roman, des poèmes…
J’aime aussi écrire ce que j’aimerais lire.

Publié le 26 Novembre 2014

Ecrire est devenu un besoin : besoin de coucher sur le papier - Je commence toujours par rédiger sur une feuille ou un cahier, puis je reprends à l'ordi - des idées qui petit à petit vont devenir ou une nouvelle, ou un conte - ou une histoire pour enfant - ou un roman, voire des poèmes. Il y a aussi ce "plaisir intérieur" de "donner vie" à des êtres de papier, de leur faire faire ce que l'on veut, de les soumettre à notre volonté, alors que dans la vie réelle - heureusement ! - c'est impossible. Cet acte de création est libérateur aussi. Dans mes poèmes je livre plus facilement ce que je vois et ce que je ressent. Ecrire est aussi un moyen de s'évader, mais avant tout pour moi cela me procure de la joie, c'est quand cela deviendra une contrainte que je m'inquièterai. N'est-ce pas tout ce qui compte ?

 

Publié le 26 Novembre 2014

Bonjour. Les raisons et les motivations d'écrire peuvent être aussi nombreuses qu'il y a de gens qui écrivent, et de moments pour écrire. Ces raisons et motivations peuvent évoluer et changer pour chacun, à chaque nouvelle "création" de l'écrit, donc même au cours d'une même oeuvre ; en fait entre le moment où l'on imagine le mot, invisible, et le moment où le mot est effectivement là, visible.

Me concernant, j'écris, pour le moment, par simple envie et joie de coucher par écrit des histoires qui voient le jour et se concrétisent, en quelque sorte, au fil de ma plume (ou plutôt de mon clavier). J'écris pour la joie de donner de la consistance aux idées, aux sensations, aux constructions qui traversent ou hantent mon esprit, ma réflexion.

Ecrire est à la fois un moyen d'expression et de contemplation, car cela permet de visualiser de manière plus matérielle le fil de la pensée, et également de le partager avec d'autres à partir d'un produit "fini".

Certes, si les mots sont les mêmes quels que soient les lecteurs, le message peut être compris, interprété et ressenti de différentes manières. Ecrire pour moi, c'est un plaisir. J'aime faire voyager mes idées, inventer des histoires, mettre des personnages dans des situations imaginaires, réfléchir sur toutes les choses du quotidien, la famille, l'être humain, et tous les sujets possibles et imaginables.

Ecrire, c'est isoler une partie du bouillon qui s'agite en nous, et on pourra écrire autant de versions différentes qu'on se mettra à écrire. Une même idée, une même pensée, un même ressenti, ne seront jamais couchés par écrit de la même manière. Chaque production a cela de remarquable qu'elle est unique, et se prête forcément au moment présent, au moment où la lettre ou le mot apparaît sur le papier, ou l'écran.

Après tout, si le cheminement est identique, la manière de l'écrire sera toujours différente, toujours nouvelle. C'est pour cela que j'écris, pour partager mais aussi garder une trace de certaines pensées et sensations telles qu'elles surgissent à un instant T.

Publié le 26 Novembre 2014