Je suis né très très jeune – à un jour au plus –, dans un univers ni fait, ni fini, mais ça n’a pas tenu indéfiniment pour moi la belle vie.
Le jour de ma naissance, j’ai pris vingt mille ans quasi sur la seconde.
Johnny a chanté une chanson dans le genre : « On dirait pas, mais j’ai mille ans. »
Je suis quelqu’un d’honnête ; l’idée n’est pas de moi.
Je fus un jour plus vieux par un jour pluvieux. Deux jours plus vieux, etc.
C'est écrit dans un style dépouillé et porté par un rythme alerte qui épouse la rocailleuse fluidité d'un torrent de montagne.. C'est frais, vivifiant... Ça donne un texte de facture très personnelle. Un témoignage émouvant par l'attachement sans fioritures, ni pathos à la figure du père qui s'en dégage. A ceux qui parlent de premier jet, je rappellerai Weyergans qui conseille de travailler et retravailler son texte jusqu'à l'approche de la perfection puis alors ensuite le retravailler en sens inverse pour qu'il sonne comme un premier jet. Je pense que c'est le cas ou quelque chose comme ça.
Dans un autre registre, il y a "Les ritals" selon moi une des plus belles figures de père de la littérature.
PS Je n'ai pas une nature pinailleuse. Juste que ça m'a fait rigoler , le père qui fend le pignon de pin d'un coup "d'oncle." Le pauvre tonton, j'ai mal pour lui.
rps "Il m'a appris à mépriser" ? C'est à dire prendre de la hauteur sur les petites bassesses ?
Ce n'est pas Verlaine mais ça a la puissante beauté d'un Leconte de Lisle. Et c'est cette patine, cette tonalité un peu surannée qui en fait tout le charme et en plus c'est très maîtrisé.
Si c'était un nom ce serait "émotion"... Un adjectif "cru". Un verbe : "perdre pied".
Pour le reste, je salue l'écriture. Et pour le fond, faut s"accrocher.
Fidji Fidji alias Piégeur Masqué