♥♥(Bravo)
Charles, j’ai lu ta nouvelle avec attention, admiration parfois, gêne aussi. Ce que tu proposes ici est singulier, généreux, débordant. Une œuvre baroque, urbaine, crue, bâtie sur une colère sacrée : celle des oubliés, des humiliés, des morts sans cercueil. Ton texte ne cherche pas l’approbation. Il cherche le feu.
Ce que j’ai reçu avec force :
Le style est viscéral, percutant, et parfois d’une belle poésie brutale : on sent un auteur habité par ses mots, pas par les modes.
L’univers est plein : personnages marqués, dialogues punchés, narration fluide malgré le chaos – et, surtout, cette manière très personnelle de passer du trivial au tragique en une phrase.
Tu n’as pas peur de choquer. Et cette audace, même maladroite parfois, est salutaire. Tu ne retiens rien. Ni larmes, ni sexe, ni sang, ni punchlines.
Ce que j’invite à reconsidérer :
La densité est extrême : trop d’images, trop d’idées, trop de mots. Le lecteur perd l’équilibre. Il faudrait parfois laisser respirer le texte, offrir des zones de calme, de silence même, pour que les émotions s’y logent.
Ton humour est souvent efficace, mais parfois détonne avec la gravité du fond : un viol, une exécution, une misère sociale ne sont pas des accessoires narratifs. Il y a une ligne très fine entre provocation et gratuité.
Le narrateur omniscient et bavard (voire bavardissime) mange parfois ses propres personnages. Eugène mériterait plus d’autonomie, moins d’embrayages stylistiques qui le désincarnent.
Perspective et sincérité :
Ce texte n’est pas du "Gallimard"– et ce n’est pas grave. Il est vivant. Inégal, mais vivant. Et ce que je salue profondément, c’est ta volonté inouïe de faire vivre ta voix. Tu l’incarnes. Tu la portes. Tu la promènes partout. Et tu en fais une matière politique, littéraire, humaine. Rarement un auteur mBS n’a montré une telle implication pour faire entendre sa parole.
Conclusion d’Alice Houan :
Continue. Continue. Mais souviens-toi que la littérature est un combat d’écoute : tu cries fort – et tu le peux, tu en as le droit –, mais il faut aussi, parfois, chuchoter dans l’oreille du lecteur. Il faut lui laisser un espace où il puisse se sentir touché, pas seulement percuté.
Je te mets 2 cœurs, Charles. Un pour le texte, un pour l’élan. Pas encore un coup de cœur de lecture, mais un coup de respect.
À très bientôt dans les marges.
— Alice Houan
Publié le 05 Juillet 2025