Interview
Le 26 Jan 2017

Philippe Mangion : premier nominé au Prix Concours de l'Auteur Indépendant 2017

Son roman sonde les neurosciences et le projet a priori si séduisant d’effacer les traumatismes qui polluent nos vies. Quand l’intelligence artificielle se mêle de l’inconscient… Nom de code : "Le projet Traumaless". Élu Sélection de janvier, ce roman d'anticipation est nominé au Prix Concours monBestSeller de l'Auteur Indépendant 2017. Plongée consentante dans la conscience de l’auteur, Philippe Mangion.
"Le projet Traumaless" de Philippe Mangion nominé au Prix Concours monBestSeller de l'Auteur Indépendant 2017"– Docteur, je fais souvent le cauchemar d’être une machine..."

 

L’histoire est magistrale, les personnages humains, le suspense addictif, l’équilibre entre écriture littéraire et scientifique maîtrisé, le mot de la fin inattendu. Les lecteurs applaudissent. Philippe Mangion nous en dit un peu plus :

 

Question: 

Votre roman traite d’un sujet qui, dites-vous, vous fascine : le transhumanisme -qui prône l’usage des sciences et techniques pour améliorer les caractéristiques physiques et mentales des êtres humains et gommer le spectre émotionnel-. Quel est votre regard personnel sur ce courant de pensée ?

Réponse: 

Mon regard sur le transhumanisme est celui d’un observateur attentif. Je ne prône pas l’utilisation de la science pour améliorer les performances humaines, mais j’observe que la frontière est mince avec la médecine. Le serment d’Hippocrate et ses devoirs –faire tout ce qui est utile et avantageux pour le malade– laisse la porte ouverte à des méthodes, issues des sciences modernes, qui modifient la nature même de l’homme. Par exemple, la prescription préventive de médicaments psychotropes, fréquente pour les personnes de plus de cinquante ans, devient quasiment systématique au-delà de quatre-vingts ans. Sans être transhumaniste, la société considère déjà largement la vieillesse comme une maladie. Plus généralement, la notion de prévention porte en elle une part de transhumanisme. La chirurgie préventive, comme l’ablation du sein ou de la prostate, sans cancer déclaré mais faisant suite à une évaluation génétique de risque, est-ce de la médecine ou du transhumanisme ?

Question: 

« Traumaless », littéralement « moins de traumas ». Débarrasser l’être humain de ses traumastismes, un thème on ne peut plus d’actualité. Quel a été le déclencheur pour vous inciter à écrire dessus ?

Réponse: 

L’idée de ce thème chemine depuis longtemps, à l’observation et à l’écoute de proches dont les traumatismes subis à l’enfance ou l’adolescence ont profondément déterminé la vie d’adulte. Est-ce que la parole s’est progressivement libérée ? Est-ce moi qui suis plus à l’écoute ? Autour de moi, rares sont mes amis qui n’expriment pas de tels handicaps. Et ma propre famille n’est pas épargnée. S’est ajouté à ça, plus récemment, l’attaque en règle de la psychanalyse et la prolifération de thérapies courtes dont on attend des résultats visibles rapidement. J’ai constaté que des machines ou des méthodes formalisées sont la plupart du temps associées à ces thérapies. Finalement, le thérapeute pourrait être remplacé par un opérateur. Le phénomène n’est pas nouveau, la plupart de ces méthodes existent depuis plus de cinquante ans, comme le neurofeedback ou les thérapies comportementales, mais cette fois, influencé par les succès de l’intelligence artificielle, l’homme est près de franchir le Rubicon : faire davantage confiance à une machine ou un système qu’à un médecin. Toute la matière du projet Traumaless était sous mes yeux, il ne restait plus qu’à créer une histoire et des personnages. Même une machine aurait pu le faire… ☺

Question: 

Les personnages de votre roman sont extrêmement humains, leur psychologie est très travaillée et réaliste. Cependant, vous avez préféré le classer dans le genre science-fiction plutôt que roman psychologique. Est-ce un vrai parti pris ? Pourquoi ?

Réponse: 

La raison est tactique et la tactique n’est pas mon fort. J’ai envoyé mes trois romans précédents à des éditeurs généralistes, auxquels je les ai présentés comme des romans psychologiques. Ils ont été systématiquement refusés. Alors cette fois j’ai ciblé les éditeurs de SF, en me disant que peut-être Le projet Traumaless aurait ainsi plus de chances. Pour l’instant, je n’ai pas eu de réponses.

Question: 

Votre récit est scientifiquement très documenté. Vous êtes vous-même scientifique ? Ou avez-vous bachoté des heures et des heures sur internet ? Comment avez-vous procédé ?

Réponse: 

J’ai fait des études en intelligence artificielle. J’ai créé avec deux associés une société qui a développé à ses débuts des systèmes-experts en médecine, plus tard une autre qui a conçu un moteur de recherche en web profond… et je ne suis pas riche. Je suis nul en surf, je prends toujours les mauvaises vagues. Mais, c’est vrai, ces expériences m’ont aidé à rendre crédible Le projet Traumaless.

Question: 

La fluidité de votre récit est largement saluée par vos lecteurs, ainsi que votre écriture précise, soignée mais sans fioritures. Le style est-il très travaillé pour rendre compte d’une forme d'évidence ou est-ce la nature du récit qui l’impose ?

Réponse: 

La recherche de la fluidité et de la précision est volontaire et me demande beaucoup de travail. Pour Le projet Traumaless, j’ai voulu être encore plus perfectionniste. La relecture et la réécriture m’ont occupé quatre mois pleins alors que le premier jet était bouclé en six mois.

      C’est un travail presque obsessionnel, qui s’apparente à celui d’un plasticien,
                     jusqu’à trouver – ou plutôt sentir – le bon équilibre.

Le style est l’unique expression artistique de l’écrivain. Mais c’est ce qu’on retient inconsciemment de lui, une forme de signature subliminale.

Question: 

Ce n’est pas le premier roman que vous publiez sur monBestSeller. Pourquoi cette démarche ? Que vous apporte-t-elle ?

Réponse: 

Quand j’ai mis sur le site mon roman La résolution, en 2014, j’étais tout bêtement à la recherche de lecteurs, au-delà des quelques proches qui s’y étaient collés, trop bienveillants pour être honnêtes. J’étais même animé d’un petit esprit de compétition, voir revanchard vis à vis des éditeurs. Ils vont voir qui c’est le meilleur tous ces @ !&##$£ qui m’ont refusé.
Au bout de trois ans, je n’ai toujours pas convaincu d’éditeur, mais mon attente n’est plus aussi pressante car j’ai trouvé sur mBS beaucoup d’autres satisfactions. D’abord les commentaires. Les premiers me procuraient comme des shoots au glucose, et l’addiction est toujours présente. Mais il y a encore mieux.

                    J’ai maintenant l’impression d’appartenir à une équipe.
      Une communauté de solitaires, forçats de la plume, qui parfois s’engueulent
              ou forcent un peu trop sur l’APP (Auto-Promotion Permanente),
          mais qui me ressemblent parce qu’ils passent par les mêmes états d’âme.

Du coup, quand l’une d’entre nous réussit, comme Cathy Bonidan, je ressens une joie sincère, presque infantile.

Question: 

Que vous inspire d’être élu Sélection du mois et ainsi nominé au Prix Concours de l’Auteur Indépendant 2017 ?

Réponse: 

Quand j’avais été nominé en 2015 avec Dénis, non-dits, mensonges, etc., c’était un aboutissement, comme si un éditeur m’avait enfin annoncé « votre manuscrit nous intéresse », après tant d’années d’échecs. J’en étais très fier.
Cette fois, avec Le projet Traumaless, c’est un peu différent. Je suis plus lucide sur les qualités et les défauts de mon écriture. J’ai énormément bossé sur ce bouquin pour lui assurer la meilleure qualité possible. Donc, cette nomination m’inspire un sentiment moins invasif, plutôt une satisfaction de voir que ce travail est reconnu.

Question: 

Et maintenant ? Souhaitez-vous être édité ? Avez-vous entrepris des démarches dans ce sens ?

Réponse: 

Oui, travailler avec un éditeur est mon objectif. Un vrai qui assure une diffusion en librairie et une promotion réelle. Comme je l’ai indiqué plus haut, j’ai commencé par envoyer le manuscrit aux éditeurs de science-fiction. Premier bon point : contrairement aux généralistes, ils acceptent les envois par mail, et ce n’est pas une utopie. Ce n’est pas du space opera non plus, car ils n’atteignent pas la vitesse de la lumière pour répondre. Six mois d’attente, et au-delà considérer la réponse comme négative. J’espère que Le projet Traumaless ne va pas croiser un trou noir sur sa route.

Propos recueillis par Isabelle de Gueltzl

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Bonjour @Vera Seret . Je vous remercie pour votre passage dans cette rubrique. Surtout, il ne faut vous sentir coupable de rien. Ni des retards, ni des silences. Pour ma part, je préfère l'expression sincère de coups de coeur plutôt que les conventions. Et à tout le moins une forme de fraternité entre auteurs. En pratique, si vous n'êtes pas attirée par le genre de mes romans, ou que vous n'arrivez pas à rentrer dedans, ou même que vous n'avez pas le temps ou d'autres priorités, cela n'entachera en rien la fraternité.

Publié le 02 Mars 2017

Je viens de lire votre interview cher @PhilippeMangion, enfin et avec toutes mes excuses pour mon retard silencieux. Et me retrouve encore plus impatiente de lire dès que j'en aurai le temps, tranquille, votre roman qui m'attend dans ma bibliothèque depuis trop longtemps !
Merci pour le sujet passionnément humain que vous avez choisi de développer et qui attire ma sensibilité de personne autant que de coach de vie... en chair et en os ! ;-)
Et merci pour le récit de votre expérience ici, sur monBestSeller. Je n'ai pas l'étendue de la vôtre mais résonne tout de même avec vous de tout coeur : les commentaires que l'on reçoit ici, élogieux ou moins, sont une présence, une aide et un soutien incomparable. Le sentiment de faire un vrai travail et de faire partie déjà de cette grande et longue aventure qu'est l'écriture. Travailler avec un éditeur est pour moi aussi la vision d'un bonheur, d'un accomplissement professionnel, mais que je touche ici déjà, concrètement et surtout chaleureusement.
Je suis heureuse de vous accompagner et de vous suivre.
Avec toutes mes félicitations et mes encouragements amicaux.
A très bientôt.
Vera

Publié le 01 Mars 2017

@Pascale Lécosse
Merci ! J'espère pour toi que le projet d'édition suit son cours.
A bientôt,
Philippe

Publié le 31 Janvier 2017

Ah, Lynda Carter et son short pampers... ;)

Publié le 29 Janvier 2017

@Catarina Viti
Merci Catarina pour ton optimisme. En attendant, écrivons, lisons, et profitons des échanges entre auteurs, c'est déjà très riche et très agréable.
@Robert Dorazi : tu oublies Wonder Woman ;-)

Publié le 29 Janvier 2017

Pour ce qui est du côté amélioration physique dans le transhumanisme, il faut bien avouer qu'on n'a rien fait de mieux que Steve Austin et Super Jaimie :)
Et donc utiliser le côté émotion et psychisme dans ce roman était un point de vue intelligent.

Publié le 29 Janvier 2017

@Brian B. Merrant @Yannick A. R. FRADIN @lamish @Gene MacBreth
Merci amis auteurs, compagnons de plume. Merci pour vos encouragements pour les étapes suivantes, les bonnes vagues et les vortex. Comme j'ai essayé de l'exprimer, je me sens sincèrement comme un représentant parmi d'autres de cette communauté. Alors bonne chance à tous car il reste beaucoup de place pour le Concours 2017.

Publié le 27 Janvier 2017

Ravi de cette nomination tellement méritée ! C'était évident que tu serais dans la sélection !
Avis déjà posté sur la page du texte donc pas de redite ici, juste un merci pour ces détails personnels et sur ton parcours (parcours inspirant, c'est à souligner)
Comme l'a dit Pascale Lécosse en interview "Qu’il faut s’accrocher à ses rêves, sans jamais rien lâcher, et que sans le travail, sans le goût de l’effort, le talent ne suffit pas."
Eh bien c'est vrai, la preuve est là ! Bravo Philippe, le travail et l'effort ont payé, les prochaines marches à gravir sont droit devant et mènent vers une belle aventure ! ;)

Publié le 26 Janvier 2017

Sympathique interview et belle photo :-) Pour avoir commencé la lecture de "Le projet Traumaless" (j'en suis actuellement à un gros tiers), il s'inscrit pour moi clairement en SFFF, et plus précisément en science-fiction. C'est du moins mon ressenti de lecteur. Je te souhaite, Philippe, de rencontrer un éditeur qui saura voir la promesse de cette histoire, car elle a un beau potentiel ! J'irai poster un commentaire sur la page du livre quand j'aurai terminé ma lecture, mais pour le moment, c'est très agréable et la qualité du fond comme de la forme est bien au rendez-vous. Un livre qui mérite d'être décliné en numérique comme en papier et de bénéficier d'une vraie promotion. Quant aux trous noirs, même s'il en rencontre un ou deux, on ne sait pas ce qui peut se passer par la suite, n'est-ce pas ? Surtout ne pas se décourager, car même si on ne sait pas bien surfer ni reconnaître les bonnes vagues, plus on montera sur la planche, plus on aura de chances de prendre LA vague ;-)

Publié le 26 Janvier 2017