Pourrait seulement, car, à mon humble avis, ça n’en est pas un. Pour moi, le genre "polar" n’est ici qu’un prétexte, une toile de fond, un fond sonore.
L’enquête est secondaire, presque anecdotique, les flics sont peu investis, presque transparents. Quant au dénouement, il est prévisible dès la moitié du livre… Voire bien avant. L’auteure tente bien de nous égarer, mais elle n’y parvient pas vraiment, comme si, à l’instar d’Eddie son enquêtrice, le jeu des investigations ne l’intéressait pas plus que ça.
Bien sûr, l’intrigue s’appuie en partie sur les codes du polar, en mettant notamment en place un certain suspens, mais ce dernier s’avère moins puissant, moins omniprésent, moins angoissant, que dans un vrai polar. C’est comme dans une pièce de théâtre, on observe les comédiens qui sont sur scène, c’est-à-dire les antagonistes, pas le décor qui les entoure. Qu’importe qu’il soit en carton-pâte. C’est la qualité de l’interprétation qui nous fera croire à l’histoire.
Le lecteur comprend très vite que l’essence même du livre, j’ai envie de dire la moelle épinière, cette structure indispensable qui fera de lui un bon bouquin, car c’est un bon bouquin, ne s’appuie pas sur le jeu du "Mais quel est l’affreux type qui a étranglé la petite ?"
Cette question, on ne se la pose pas, pour la simple raison que l’on connaît la réponse…
Car le livre de Marie Lopert est vrai drame psychologique. Un roman polyphonique puissant, à deux voix, nous proposant avant tout une étude très poussée de la personnalité, profil psy et profil émotionnel, des personnages principaux.
En fait, l’auteure nous dépeint avec beaucoup de force et de violence, la relation équivoque qui va se nouer entre deux êtres totalement disparates, mais désespérément seuls.
C’est l’histoire de deux solitudes complexes, torturées, ancrées dans un profond dégoût de l’existence et dans un rejet pathologique des autres extrêmement violents qui nous est contée.
Certains paragraphes, par la force de leurs mots, par la justesse de leurs phrases, par la noirceur des commentaires et la douleur émotionnelles qu’ils véhiculent, sont de véritables condensés de désespoir et de détresse. À la façon de traits d’arbalètes, ils jaillissent par salves, atteignant le plus souvent leur objectif : celui de nous émouvoir.
Et surtout, l’auteure narratrice parvient à raconter objectivement. Comme un bon psy, elle observe, laisse parler ses personnages, écoute tout en nous invitant à faire de même.
Nous apprenons ainsi à ne pas juger (ou condamner) trop vite. Comme le précise Scott Bonn, le criminologue : "Tous les psychopathes ne sont pas des tueurs en série, et tous les tueurs en série ne sont pas des psychopathes. Ce sont de nombreux facteurs qui forment une tempête parfaite et qui transforment une personne en tueur".
Vous avez écrit un livre : un roman, un essai, des poèmes… Il traine dans un tiroir.
Publiez-le sans frais, partagez-le, faites le lire et profitez des avis et des commentaires de lecteurs objectifs…