Interview
Le 11 aoû 2025

La gourmandise nommée Maurice…

Ne pas cacher son crime, l'avouer même tant l'enjeu en valait la peine. On peut pêcher par gourmandise tout en sachant affronter la vérité.
Tu pousses le bouchon un peu trop loin Maurice !Tu pousses le bouchon un peu trop loin Maurice !

            Je vais vous raconter l’histoire d’une gourmande chapardeuse… qui s’avère être ma sœur jumelle. Si je vous dis que j’ai découvert totalement par hasard à quel point son penchant pour le chocolat est obsessionnel ? Vous êtes en train de vous dire qu’il m’aurait fallu tant d’années de vie commune, forcées certes, pour m’en rendre compte ? Il s’avère que oui, car la bougresse a su redoubler d’ingéniosité pour dissimuler son terrible péché…

            Dès sa plus tendre enfance, Madeleine, qui aurait dû finalement s’appeler Chocolat, exprimait un désir ardent envers celui-ci. Malheur à nos parents s’ils oubliaient son quatre-heures à la sortie de l’école ! Je voyais dans son regard cette lueur, cette joie à l’idée de se repaître de son mets préféré. C’est le cas de tout le monde dans la famille, ceci étant dit. Nous avons véritablement le chocolat dans le sang. Au départ, je considérais l’appétit vorace de Madeleine comme de la banale gourmandise, les douceurs ayant été inventées par de grands enfants pour d’autres enfants. Cependant, jamais je ne l’aurais soupçonné d’être allée aussi loin…

            Le soir à la fin du repas, il m’arrivait de vouloir un carré de chocolat, de quoi l’achever sur une petite note sucrée… mais force était de reconnaître que la réserve familiale ne pouvait que rarement combler ce besoin. Maintenant que j’y repense, je devais me douter au plus profond de moi-même que quelqu’un chapardait ! Ceci dit à l’époque, je croyais simplement qu’une famille de quatre grands amateurs de chocolats pouvaient aisément en gober des tonnes.

            Puis il y eut l’école et les généreux goûters organisés en fin d’année. Je me souviens entre autres de la tête de notre pauvre camarade Léa qui avait apporté un gâteau fait par sa maman… et dont quasiment personne n’avait pu s’en délecter, encore moins Léa. Madeleine avait affirmé qu’un égoïste avait oublié de partager…

            Pourtant, j’aurais dû deviner ce qui se tramait ! Tous les indices menant au coupable se trouvaient là, sous mes yeux… mais j’y suis resté aveugle. Surtout qu’il y avait cette publicité à l’époque pour un dessert au chocolat d’une grande marque, mettant en scène ce petit garçon espiègle accusant un pauvre poisson rouge de manger trop de mousse. Madeleine m’avait fait exactement le même coup :

— « C’est pas moi qui ai fini la tablette de chocolat, c’est Lucas qui mange tout à chaque fois !

— Menteuse !

— Non c’est pas vrai ! »

Puis elle tira la langue et dévoila son côté chipie. Notre mère mit rapidement fin à cet énième crêpage de chignons fraternel.

            Alors, vous vous demandez comment est-ce que j’ai finalement découvert le pot-aux-roses ? J’allais y venir justement. Il s’avère que cela s’est passé un soir banal, bien des années plus tard. Nous étions presque adultes, et je pensais que cela ferait de nous des êtres plus matures… une fois encore, il semblerait que j’ai eu tort. 

            Je souffrais d’insomnie, et ressentait un besoin vital de quitter mon lit et ma chambre. Il me fallait boire quelque chose de frais, mon corps entier le suppliait… C’est alors qu’en arrivant dans la cuisine, qui vis-je en train d’ouvrir la réserve où l’on range les chocolats ? Dans le mille : Madeleine. Prise en flagrant délit, cette dernière tenta de se dérober face à son crime. Toutefois, je comptais bien réparer mon erreur, révéler la vérité la concernant. Après tout, elle m’a chipé mes chocolats pendant des années et n’hésitait pas à me faire accuser !

            Je me tins face à Madeleine puis la sermonna gentiment. Elle a toujours été chipie par nature, mais cela ne faisait pas d’elle un être odieux… une gourmande, trop même, ça oui. Alors je lui ai rappelé le fameux slogan de cette publicité qui m’avait tant marqué, celle où le garçonnet accusait injustement son poisson rouge de manger les mousses au chocolat, tout comme elle l’avait fait avec moi. J’espérais qu’elle prendrait conscience de son geste, de ce que cela faisait d’accuser les autres, moi notamment :

— « Vraiment Madeleine, ou plutôt devrais-je t’appeler Maurice, on peut dire que tu as poussé le bouchon un peu trop loin ! »

Je m’attendais à ce qu’elle cherche une vaine excuse pour se dérober, retourner les faits contre moi… mais certainement pas à la petite leçon qu’elle me fit :

— « Je n’ai pas poussé le bouchon trop loin. Au contraire, j’ai tiré profit de lui : je m’en suis délecté à chaque seconde, j’en ai savouré toutes les notes de douceur et de réconfort qu’il pouvait me procurer… et jamais je ne regretterai d’avoir succombé à un plaisir de la vie. »

Par Luna Ashcroft

 

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Tiens je ne savais pas que mon petit texte pour le concours serait publié, et encore moins cette semaine... enfin bref.

Voici ce que votre humble servante a pondu pour rigoler un peu. La célèbre pub de Maurice, comment l'oublier même après tant d'années (c'est là que je me rends compte que j'entre officiellement dans le "club des vieux" ^^)

Voilà j'espère que cette nouvelle vous sera sourire, et comme on dit "Il faut manger pour vivre et non pas vivre pour manger" même si Obélix répliquerait "Quand l'appétit va tout va !"

@Sylvie de Tauriac c'est ma participation dans le cadre du concours de nouvelles, c'est une fiction en fait basé sur une pub pour des mousses au chocolat qui m'a marqué étant enfant, et, je l'avoue, me rappelle que je dois consommer du chocolat avec plaisir mais modération ;)

Publié le 12 Août 2025

Je suis loin de tout cela, car je ne suis pas gourmande et en fait, je mange pour vivre mais je ne vis pas pour manger. Trop de chocolat me dégoûte, en revanche j'adore les artichauds. Contrairement à votre soeur, je peux me passer de tout, je ne me cache pas pour manger car j'oublie souvent l'heure du dîner. Si votre jumelle se cache et ment pour dissimuler son avidité, c'est qu'elle se sent coupable. @Sylvie de Tauriac

Publié le 12 Août 2025

La gourmandise : quel adorable et délicieux défaut !!

Publié le 11 Août 2025