

Il y a des livres qui prennent des risques quand d’autres préfèrent la maîtrise. Petite philosophie du désordre appartient sans ambiguïté à la seconde catégorie.
Dès les premières pages, on est frappé par la tenue d’ensemble : une écriture en inox inoxydable, parfaitement protégée contre toute aspérité, toute corrosion possible de l’émotion ou du doute. Le texte avance avec assurance, sûr de ses effets, de son rythme et de sa trajectoire.
Le contenu s’organise autour de réflexions sur le monde contemporain, les gestes ordinaires, les grands thèmes universels — le corps, le temps, l’amour, la mort, la société, la pensée elle-même. Chaque sujet est abordé avec clarté, parfois avec humour, toujours avec le souci de ne jamais perdre le lecteur en route. Les idées se succèdent selon une logique fluide, presque pédagogique, offrant des clés de compréhension immédiates et des angles de lecture accessibles.
On sent à chaque ligne le travail de polissage de Michel Laurent qui nous offre un texte poncé au papier double zéro. Cette recherche de finition donne un ensemble très homogène qui conviendra aux lecteurs attachés à une écriture maîtrisée, sans débordement ni surprise formelle.
On glisse d’un paragraphe à l’autre avec facilité, porté par une mécanique bien huilée. Un livre M&M's qui fond dans la tête, pas dans la main ! et ne colle pas aux doigts. On peut le lire par fragments ou d’une traite, sans craindre d’être arrêté par un passage rugueux ou une zone d’inconfort.
L’imaginaire, lui, est abondamment sollicité. Les images se succèdent, nombreuses, variées, souvent efficaces. Un véritable feu d’artifice de métaphores, qui éclaire chaque idée, chaque situation, chaque réflexion.
Ce livre s’adresse ainsi à celles et ceux qui aiment les textes bien construits, lisibles, immédiatement accessibles, où la pensée se déploie sans heurts et sans flottement interprétatifs. La philosophie servie à l’assiette. Petite philosophie du désordre trouvera naturellement son public auprès des lecteurs amateurs de prose fluide, brillante, parfaitement tenue et… ordonnée !

Avec L’enfant trouvée des étoiles, tout commence par une mission spatiale assez ordinaire, de celles qui relèvent davantage de la routine que de l’exploit. Puis une rencontre inattendue vient troubler cet équilibre : Elvira. Une enfant. Une présence qu’il ne s’agit ni de combattre, ni de fuir, mais simplement de comprendre — et surtout d’assumer.
Physiquement, Elvira déroute davantage qu’elle n’effraie. Trop grande pour l’âge qu’on lui prête, souvent immobile, le regard direct, elle ne cherche ni à séduire ni à rassurer. Elle oblige simplement ceux qui la rencontrent à prendre le temps de s’habituer. Elvira ne manque pas de sentiments, mais elle les porte autrement. Là où les humains parlent, hésitent ou cherchent à se rassurer, elle agit. Et c’est peut-être cette retenue qui la rend si difficile à saisir.
La simple présence de l’enfant des étoiles agit alors comme un révélateur, mettant à nu certaines contradictions et fragilités humaines, et provoquant chez ceux qui l’entourent un trouble discret, mais persistant. Dès lors, la mission ne devient-elle pas autre chose qu’une exploration spatiale ? Aller au bout de l’espace pour se découvrir face, presque malgré soi, à un miroir de l’humanité.
Le Tome 1 se déroule à bord de vaisseaux d’exploration et de secours, dans un climat de tension croissante où chaque décision compte. Le Tome 2 prolonge cette trajectoire en quittant l’espace lointain pour la biosphère Titan I. Le récit s’ancre alors dans un quotidien plus concret : réunions, lois, inspections, tentatives de récupération, mais aussi gestes de protection et liens de confiance. Elvira devient un enjeu collectif, révélant la difficulté qu’ont les institutions — et les individus — à accueillir ce qui ne rentre pas dans leurs cadres habituels.
Sur un thème pourtant familier de la science-fiction, F. J. Lécollier trouve son originalité dans ce déplacement discret du regard. L’extraterrestre n’y est pas un danger spectaculaire, mais un révélateur sensible des réflexes humains face à l’altérité.
Au fond, Elvira est-elle vraiment une extraterrestre, ou l’une de ces figures profondément humaines qui, par leur absence de filtres, révèlent les limites du monde dans lequel elles tentent de s’inscrire ?
Ces deux tomes parleront aux lecteurs qui aiment une science-fiction lisible, attentive aux relations et aux conséquences, et à ceux qui apprécient les récits où la question n’est pas tant d’expliquer l’autre que d’apprendre à lui faire une place. À celles et ceux qui aiment lire une autre histoire, discrète, entre les lignes.
« — Je n’ai jamais été mise en présence d’enfants humains, continua Elvira. Sachant que la plupart des membres de votre espèce apprennent à contrôler leurs émotions assez tardivement, il est facile d’anticiper quelle sera leur réaction.

Vous avez écrit un livre : un roman, un essai, des poèmes… Il traine dans un tiroir.
Publiez-le sans frais, partagez-le, faites le lire et profitez des avis et des commentaires de lecteurs objectifs…
Je ne suis pas sûre que j'aimerais être commentée par cette Mme Sarah Chêne...