Le texte est intéressant; il est bien écrit et documenté. L'auteur décrit toutes les limites du système capitaliste, comme l'impossibilité matérielle d'une croissance infinie -les ressources naturelles sont limitées- et comme l'absence de contrôle sur ce système -l'économie se globalisant, elle échappe au contrôle des États nationaux ou supranationaux comme l'UE-. L'auteur propose alors la création d'une Fédération universelle sur une base démocratique, pour justement reprendre le contrôle sur un système capitaliste partant à la dérive. Cette reprise de contrôle serait animée par la recherche de l'intérêt collectif de long terme (préservation de l'environnement, renonciation à la sur-consommation, limitation des ressources des hyper-riches). Je pense que sur le fond, il est difficile de ne pas être d'accord avec ce beau concept. Mais il est quand même basé sur des hypothèses fortes: celle que les gens sont intelligents et qu'ils comprennent les intérêts en jeu, celle qu'ils ne votent pas en fonction de leur intérêt personnel de court terme, celle qu'ils ont encore suffisamment confiance en l'utilité d'un système politique... Vaste débat :-) Je trouve le texte très intéressant, positif et ambitieux, mais je trouve qu'il manque aussi un mot sur le fait que la compétition entre groupes est aussi un formidable outil d'innovation et de progrès technique menant au progrès social. C'est terrible à dire, mais les guerres ont été des périodes de grandes innovations techniques. Tout d'un coup, on a la motivation et on trouve les fonds. Sans la guerre froide, il n'y aurait pas eu le programme Apollo, nous n'aurions pas les ordinateurs qu'on a aujourd'hui et on n'aurait pas vu l'émergence de la démocratie directe que l'on a vu sur les réseaux sociaux (printemps arabe). Donc, tous se réunir autour d'une table pour construire un monde meilleur, oui; mais ce n'est pas parce qu'on ne le fait pas que nécessairement le monde de demain sera moins bien. Il est simplement incertain. Ce qui est différent. Cette notion d'incertitude est difficile à accepter, car tout dans nos vies est organisé pour diminuer l'incertitude. Les gens savent qu'ils sont protégés par la loi pour tout aspect contractuel, il savent qu'il y a un filet de sécurité financière en cas de perte d'emploi, etc. Une meilleure certitude a été une grande source de prospérité économique et sociale, mais je pense aussi que poussée à l'extrême, elle devient contre-productive en termes d'innovation. Le tout est de savoir où on fixe la limite.
Publié le 11 Avril 2015