Je commence par la fin… Si c’est un roman policier, et c’en est un, vous devriez ici l’inscrire en tant que tel. Et nous sommes nombreux à lire sur notre smartphone, le format A5 serait plus approprié. Maintenant, le fond. Homme de théâtre, vous avez d’évidence le sens de l’intrigue, du suspense et des dialogues. Rajoutez à cela un scénario assez au cordeau, et cela donne un excellent roman policier. Avec sa dose de mystères, de fins de chapitres en points de suspension, de chapitres suivants qui lancent une autre histoire, et nous invitent fermement à vouloir savoir, la suite des uns et des autres. (Bon, il y a peut-être certaines exagérations, des petites extravagances, voire quelques too much, encore quelques coquilles de mélanges de temps dans un même paragraphe, notamment p31/32, des ponctuations récalcitrantes qui obligent à relire la phrase, mais j’ai beaucoup aimé, merci pour le partage)

Très très abracabrantesque cette suite d’événements malencontreux. Tant qu’on se demande où cette chute aux enfers peut s’arrêter. Vous avez l’écriture imagée, précise, cette alternance de roman et de noir rend l’ambiance curieuse, pesante. Je me demande si ce n’est pas plus un roman noir qu’un suspense policier, mais cela mis à part, vous avez rendu la progression vers les enfers insoutenable tant elle parait inéluctable.

Vous êtes un romancier ! Je vous ai déjà lu dans votre roman sur le Chili que j’avais aimé. Et vous m’avez embarqué dans un autre voyage. Moins débridé sans doute, plus dans le contrôle, moins léger aussi, et tout aussi porteur d’évasion, même quand c’est dans une boîte à Paris ou dans l’enfer de la Somalie. Il vous suffit d’un rien pour en mettre, un accent qui situe le personnage, un regard, ou la brûlure du soleil sur ces terres de poussières. Le sens du scénario, du découpage, une écriture brève, sans superflu, quelques mots, un adjectif, un détail, pour décrire un lieu, une attitude, un sentiment, toujours à la recherche de l’essentiel. Et un roman, c’est-à-dire, une histoire qui porte, avec ses différentes facettes, l’amour, le désamour, les débuts, les fins, l’Afrique, la politique, les ONG, les camps, les abus, les horreurs, c’est un multiple voyage qui donne envie d’être découvert, qui repousse la nuit, des rebonds, des entrechats. Deux histoires en fait, chacune qui avance de son côté, et dont on sait qu’elles vont se rejoindre. Ce qui ajoute à la curiosité. Même si peut-être un peu long sans doute, je veux dire, tellement de rebondissements ! Magnifique histoire, je vous souhaite plein de succès.

Le moi je narratif lancinant du début, lassant et captivant, à égalité. Le talent de monologuer, sur un mono sujet, le moi intérieur, cad. soliloquer sur tout, dans tous les sens, et de temps en temps, placer une banderille, une petite phrase bien trouvée, bien tournée. C’est ça qui tient ce livre. Mais… (ah les mais…) je trouve qu’on ne sait pas assez où vous voulez en venir. C’est marrant ce road trip de la loose puis du commerce puis du chassé, mais un peu répétitif je pense. Il manque un quelque chose qui nous dise que le monologue avance, que sa vie avance, qu’elle qu’en soit l’issue, comme des petits indices répartis ici ou là pourraient nous le suggérer ?

C’est un film ! Un drame. Excellent. La vie des cités, comme un observateur, mi-journaliste, mi-romancier, mi-sociologue. Avec un casting assez remarquable, des dialogues toujours justes, un rythme, un sens des détails, un style. Un roman que l’on voit bien en film. On voit bien à 20 pages de la fin qu’on ne verra pas la fin dans ce livre là, et je crois que je l’ai un peu regretté ! mais tome 2, c’est ambitieux, car évidemment, on imagine la suite, les sommets… et peut-être les abîmes ? On a envie de continuer à être surpris par Samba le chef de meute. Bravo, excellent.