"LES ADMOS" de Domi Montesinos vu par Chiara Catalina
L'histoire est déroulée façon "escales de vies". Elles embarquent le lecteur et ouvrent grand la case "imagination". Car ces îles, paysages lointains dont on rêve et dont certains ne me sont pas étrangers, fabriquent images en pagaille, nuancier d'émotions et puis surtout, surtout, l'envie folle de "partir" ou de "repartir". Car c'est bien cela, l'objet d'un roman : nous faire voyager, quelle que soit la destination. Le texte de Domi tient parfaitement ce rôle. On sent l'air marin, la caresse du soleil et puis celle du vent, on entend même la coque du bateau glisser sur l'eau, suivi par les dauphins et le peuple marin. Colette Bacro parle de cartes postales, c'est approprié. Des cartes, presque des "bulletins" envoyés au lecteur, comme on les enverrait à un ami, signés les Jijis, Josée et Julien. Ils rencontrent l'ailleurs, le goûtent et nous l'offrent. On partage.
J'ai aimé me soustraire à mes jours habituels pour "plonger" avec délectation, je l'avoue, dans des univers inconnus, et dans un vocabulaire jusque là inexploré. J'ai appris des mots, dont je n'aurai sans doute pas l'utilité, mais au moins, je sais qu'ils existent : "Navigant au près serré", "Transporteur de plomb", "Cummins" et tant d'autres. Il y a beaucoup de vie, d'envie dans ce récit à l'écriture très agréable, même si, en tout cas pour ma part, elle perd en pureté, en clarté, de trop de "jeux de mots" qui font perdre le fil des phrases et de la lecture.
Ce que j'ai vraiment aimé dans ce roman, en plus du rêve engendré, c'est la poésie distillée de temps à autre, extraite de l'essence même de la plume de l'auteur, riche, qui en a encore beaucoup, beaucoup sous le pied, si elle veut bien s'épurer.
Car elle est là, ma réserve : l'épuration. J'ai souvent perdu la saveur du texte parfois trop salé, sûrement l'eau de mer (sourire), trépigné, alors, pour avancer et retrouver sans attendre le goût de la beauté, j'ai sauté quelques paragraphes. J'en suis désolée. Trop de descriptions, pas assez "d'histoire", trop de jeux de mots, de phrases apprêtées qui auraient mérité plus de simplicité pour toucher davantage, ne pas perdre les images. Un paréo quand on est au soleil est bien plus confortable qu'un gros manteau. J'ai refermé le livre deux ou trois fois, puis l'ai repris, jusqu'au point final, terminus du voyage, avec la frustration de n'avoir pas pu me sentir totalement portée, emportée.
Ce texte est à lire, malgré tout, et lorsqu'il aura reçu les améliorations qu'il nécessite, si l'auteur juge utile de le retravailler, nous aurons dans les mains une petite merveille que l'on goûtera à l'ombre d'un soleil curieux. Merci, Domi, pour ce gros travail. Je vais, évidemment, te suivre pour ne rien perdre de tout ce qui s'en vient. Je sais que bientôt, tu m'emporteras...
Chiara Catalina