Actualité
Du 02 sep 2020
au 02 sep 2020

Face à face : Chiara Catalina-Domi Montesinos

Quand deux auteurs qui se respectent jouent le jeu de la transparence pour mettre à nu l'ouvrage de l'autre : ce qu'il aimé, ce qu'il a moins aimé. Cela donne "Face à face", le plaisir d'une critique constructive pour l'un et des enseignements riches pour l'autre. Et vice versa.
Chiara Catalina et Domi Montesinos : un regard mutuel sans compromission sur l'ouvrage de l'autreChiara Catalina et Domi Montesinos : un regard mutuel sans compromission sur l'ouvrage de l'autre

 

« La pimbêche mal fagotée » de Chiara Catalina vu par Domi Montesinos

Ça démarre triste. Mais, comme c’est bien écrit, c’est-à-dire directement du cœur à la plume, le lecteur est instantanément captivé.
Cette douleur insupportable liée au deuil qui concerne une jeune femme et une petite fille nous plonge dans l’ambiance en quelques pages.
Puis, une réflexion bien brossée sur la vie et la mort livre rapidement une explication à cette question, suggérée par le titre cinglant : « C’est qui, cette pimbêche » ?

Être vivant ou ne pas l’être, est-ce réellement l’opposé ?
À travers son désespoir et son chagrin, Chiara mène habilement le lecteur dans un monde inhabituel et délirant qui semble, cependant, parfaitement crédible.
Lily, vitupérant contre la faucheuse et dissertant sur l’existence même de la non-vie, nous offre des moments d’émotion intense et propices à la méditation.
Et voilà bientôt que, par la magie de quelques phrases bien tournées, rien ne parait plus naturel que de converser simplement, comme si de rien n’était, avec un proche qui n’est plus de ce monde !
Je crois que le ton, subtil mélange de sincérité, de tendresse et d’humour, y est pour beaucoup. Une grande sensibilité délicatement habillée de pudeur révèle une touchante fraicheur d’esprit.

Et c’est ainsi qu’après avoir « mis le lecteur » dans sa poche en l’amenant à « admettre » certaines « dispositions inhabituelles », Chiara entame gaillardement ce qui ressemble bien à un honnête polar, avec tout ce qu’il faut d’intrigue et de suspens.
Menée tambour battant, dans un style alerte, au rythme soutenu, l’enquête est originale et le lecteur, comme hypnotisé. Impossible alors de lâcher le bouquin !

Et c’est ce qui m’a séduit dans cet ouvrage addictif : on a tout le temps envie de connaitre la suite. Ce ne sont pas les quelques rares coquilles rencontrées au début (et qui sont sûrement depuis longtemps rectifiées) qui parviendraient à gâcher le plaisir de cette lecture époustouflante. 
Et alors, les dialogues, entre Fidel, Lily et la délicieuse Manon, un régal !

Domi Montesinos

 

 

 

Le roman de Chiara Catalina

"LES ADMOS" de Domi Montesinos vu par Chiara Catalina

L'histoire est déroulée façon "escales de vies". Elles embarquent le lecteur et ouvrent grand la case "imagination". Car ces îles, paysages lointains dont on rêve et dont certains ne me sont pas étrangers, fabriquent images en pagaille, nuancier d'émotions et puis surtout, surtout, l'envie folle de "partir" ou de "repartir". Car c'est bien cela, l'objet d'un roman : nous faire voyager, quelle que soit la destination. Le texte de Domi tient  parfaitement ce rôle. On sent l'air marin, la caresse du soleil et puis celle du vent, on entend même la coque du bateau glisser sur l'eau, suivi par les dauphins et le peuple marin. Colette Bacro parle de cartes postales, c'est approprié. Des cartes, presque des "bulletins" envoyés au lecteur, comme on les enverrait à un ami, signés les Jijis, Josée et Julien. Ils rencontrent l'ailleurs, le goûtent et nous l'offrent. On partage.

J'ai aimé me soustraire à mes jours habituels pour "plonger" avec délectation, je l'avoue, dans des univers inconnus, et dans un vocabulaire jusque là inexploré. J'ai appris des mots, dont je n'aurai sans doute pas l'utilité, mais au moins, je sais qu'ils existent : "Navigant au près serré", "Transporteur de plomb", "Cummins" et tant d'autres. Il y a beaucoup de vie, d'envie dans ce récit à l'écriture très agréable, même si, en tout cas pour ma part, elle perd en pureté, en clarté, de trop de "jeux de mots" qui font perdre le fil des phrases et de la lecture.

Ce que j'ai vraiment aimé dans ce roman, en plus du rêve engendré, c'est la poésie distillée de temps à autre, extraite de l'essence même de la plume de l'auteur, riche, qui en a encore beaucoup, beaucoup sous le pied, si elle veut bien s'épurer.

Car elle est là, ma réserve : l'épuration. J'ai souvent perdu la saveur du texte parfois trop salé, sûrement l'eau de mer (sourire), trépigné, alors, pour avancer et retrouver sans attendre le goût de la beauté, j'ai sauté quelques paragraphes. J'en suis désolée. Trop de descriptions, pas assez "d'histoire", trop de jeux de mots, de phrases apprêtées qui auraient mérité plus de simplicité pour toucher davantage, ne pas perdre les images. Un paréo quand on est au soleil est bien plus confortable qu'un gros manteau. J'ai refermé le livre deux ou trois fois, puis l'ai repris, jusqu'au point final, terminus du voyage, avec la frustration de n'avoir pas pu me sentir totalement portée, emportée.

Ce texte est à lire, malgré tout, et lorsqu'il aura reçu les améliorations qu'il nécessite, si l'auteur juge utile de le retravailler, nous aurons dans les mains une petite merveille que l'on goûtera à l'ombre d'un soleil curieux. Merci, Domi, pour ce gros travail. Je vais, évidemment, te suivre pour ne rien perdre de tout ce qui s'en vient. Je sais que bientôt, tu m'emporteras...

Chiara Catalina

Les Admos de Domi Montesinos

Portrait de Domi Montesinos auteur de "LES ADMOS"

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