Interview
Du 22 déc 2018
au 07 déc 2018

Les non édités doivent reprendre le contrôle de l'autoédition

Une réflexion personnelle et originale de notre auteur Bougedrawi sur l'auto-édition : il considère qu'elle doit être le terrain de jeu des auteurs qui n'ont jamais été édités. Simplement parce que c'est là que se loge la novation, la créativité, les talents inattendus, les nouveaux écrivains. Les autres ont eu leur chance et les professionnels à leur côté..
Les non édités doivent reprendre le contrôle de l'autoéditionLes non édités doivent reprendre le contrôle de l'autoédition

Des écrivains célèbres s’encanaillent dans l’autoédition 

Depuis quelque temps à en croire le contenu de certains articles, l’avenir des auteurs autoédités semble compromis. La faute en reviendrait à la publication par des écrivains célèbres de leurs récents écrits sur la plate-forme Amazon. La question qui se pose est donc la suivante, une poignée d’auteurs connus peuvent-ils bouleverser le travail de milliers d’auteurs indépendants. En réalité l’actualité de tous les jours montre qu’un groupe de personnes minoritaires peut très bien décider du sort de milliers d’autres. La chose n’est possible que parce que la plupart d’entre nous, auteurs indépendants sont sidérés par la renommée de certains écrivains. La résignation de la majorité devant une minorité est un phénomène qui pour moi est strictement inexplicable. Tout d’abord il convient de relativiser la renommée de ces écrivains, le sont-ils réellement. En ce qui me concerne et à titre personnel, absolument pas. En lisant à mon corps défendant, certain de leurs écrits indigents tant dans le style que dans les idées, je suis pris d’un doute.

La renommée signifie t'elle qualité ?

 La renommée n’est-elle pas construite en fonction de la demande sociale et des problèmes de l’époque ?
Ainsi, les écrits ne sont plus le reflet de notre époque, mais plutôt des produits construits en fonction de notre époque. 
Beaucoup de livres ne doivent leur succès qu’à la violence, le sexe, la haine qu’ils véhiculent. Mettez un titre accrocheur ajoutez-y une histoire vulgaire à souhait et vous avez un grand succès. Je crois.
Si je dis cela, ce n’est pas pour dénigrer les écrits, mais pour faire comprendre aux auteurs indépendants, certains rouages des la propagande ou du buzz. Ces grands auteurs en réalité ne le sont  à aucun moment, en dehors de ces artifices. 
Toutefois la réalité là, pour connaître le succès un auteur indépendant aura toujours le choix d’écrire un livre qu’il nommera « B… moi », ou encore : « comment j’ai réagi quand ton père a enc… ma sœur », pourquoi pas, et encore je manque d’imagination. 

Probablement avec cette démarche les indépendants connaîtront un petit succès et pour en vivoter tant bien que mal avec leur petite rentrée d’argent. À ce moment-là  effectivement l’autoédition sera en péril, car à ce petit jeu là, les auteurs déjà connus qui pour s’encanailler se tournent, vers l’autoédition auront toujours le mot final, exterminant d’un seul coup que les pauvres indépendants. L’autoédition doit être au contraire une chance pour le lecteur et pour la littérature d’une façon générale. Car si nous mettions de côté la dimension mercantile et la recherche de la célébrité, est-ce que nous consacrons à ce en quoi nous croyons, alors le grand risque nous encourons ne serait que celui d’être lu et apprécié. Nous ne deviendrions jamais riches par nos écrits, mais qui de nos jours peut encore prétendre de le devenir en dehors d’une minorité préfabriquée, mais nous partagerons avec d’autres ces plaisirs simples, mais perdus de la lecture. 

Quelle voie dès lors pour notre édition ?

La première étape est cruciale, c’est la production d’un manuscrit de qualité. C’est-à-dire éviter les fautes d’orthographe, les erreurs de syntaxe, les erreurs typographiques. C’est une étape qui malheureusement est occultée par beaucoup d’entre nous. Ceci peut non seulement nuire au manuscrit de l’auteur, voire à l’auteur lui-même, mais jeter le discrédit sur tous les auteurs indépendants qui seront qualifiés d’auteurs médiocres. Aussi en ce sens une entraide serait précieuse. L’élaboration d’un livre qui traite de l’orthographe, de la grammaire de la typographie, d’une façon pragmatique et pratique serait le bienvenu. Je remercie toutes les contributions de MBS. 
Je voudrais attirer les auteurs indépendants sur le manque de fiabilité des correcteurs numériques. Ils ont en effet une utilité comme première phase de correction, le véritable travail de correction se fera par l’auteur lui-même  ou par un professionnel de la correction.

Une fois le manuscrit prêt à qui le soumettre ? 

J’ai expérimenté plusieurs plates-formes que j’ai immédiatement abandonnées à cause de leur esprit soit enfantin, soit abrutissant. J’ai retenu mon best-seller parce que le concept est très simple, vous soumettez votre livre à des lecteurs. C’est une relation directe entre auteurs et lecteurs. Bien que sur ce point précis, je constate  un peu le manque d’enthousiasme et de participation des lecteurs. 
Le second point qui m’a plus chez mon best-seller ce sont les qualités des articles. La série d’articles intitulés Fahrenheit est très enrichissante. 
Enfin chez mon best-seller, on trouve une qualité humaine de ses concepteurs. Nous sommes loin de l’esprit un peu ados d’autres plates-formes. Toutefois il faut considérer mon best-seller pour ce qu’il déclare être un tremplin vers autre chose. À nous de décider ce qu' est cette autre chose. Il ne faut pas se leurrer cette autre chose commence par Amazon. Aussi je demanderai à tous les indépendants de ne pas dénigrer cette plate-forme, mais plutôt de la maîtriser et de savoir l’utiliser. Aussi je remercie MBS de permettre le lien des livres vers Amazon. Il serait utile de rajouter un lien vers les autres plates-formes comme Fnac et Kobo.
Bien sûr il existe d’autres sites où on peut publier ses livres, toutefois je mets en garde contre les arnaques. L’auteur qui vient d'écrire nouvellement son livre a tellement envie de faire connaître son petit, qu’il est prêt à toutes les dépenses et donc devient la proie de toutes mauvaises intentions.

Sortir de l’enclave des réseaux sociaux et créer des sites littéraires des indépendants  

En effet, pour faire connaître son livre on peut passer par des amis, par le mailing et les réseaux sociaux. Cela ne suffit pas, car nous évoluerons dans un cercle fermé. 
Voici quelques propositions

- Création de véritables revues littéraires consacrées à l’auto édition. Il s’agit de véritables sites consacrés aux auteurs à leur œuvre, interview et ainsi de suite. Il ne faut  absolument pas se contenter d’une feuille PDF par mailing, car cela consisterait  à évoluer également en cercle fermé. 

- Préparer parallèlement une véritable rentrée littéraire des indépendants.

Cette rentrée littéraire se fera de préférence à une date différente de la rentrée littéraire classique. Ma préférence va pour le printemps, mais on peut très bien choisir un début d’année ou décembre pour qu’elle puisse coïncider avec les fêtes de fin d’année. L’essentiel est que l’on puisse annoncer les auteurs de cette rentrée. 

- Les Prix littéraires

Les prix littéraires célèbres, Femina Goncourt,  sont l’âme directrice de l’édition classique. Sans elle, point d’auteur et points d’écrivains fabriqués de toutes pièces. Bien sûr il existe beaucoup de succès en dehors des prix littéraires, mais il reste un élément important pour la promotion littéraire. Les indépendants devraient avoir leur propre prix littéraire. Aussi je lance un cri d’alarme, si ce n’est pas nous qui décidons de l’élaboration de ces  prix, quelqu’un d’autre le fera à notre place, avec ce risque de voir l’autoédition contrôlée par d’autres. Aussi j’invite les concepteurs de mon best-seller à réfléchir à ce sujet et à dépasser le prix classique qui est déjà en cours pour en  proposer d’autres, dans le futur. Un chantier de réflexion sur ce sujet serait à mon avis le bienvenu. 

Quantifier l’autoédition

À ce jour, il paraît difficile de connaître ce que représente la vente des livres des auteurs indépendants et quel est leur impact réel. En vérité je ne sais pas par quels moyens on peut avoir ces renseignements, mais si nous ne le faisons pas d’autres le feront à notre place et exploiteront ces données pour leur propre bénéfice. 

La revanche des libraires et des maisons d’édition : prendre ces écrivains à leur propre jeu.

Les écrivains connus qui recourent à l’autoédition principalement chez Amazon font en réalité preuve d’une certaine ingratitude envers leur maison d’édition. Ils ne peuvent prétendre être connus dans l’autoédition que parce qu’ils ont déjà au préalable acquis une célébrité grâce aux maisons d’édition classiques à laquelle viennent s’ajouter tous les efforts de promotion des libraires.
Et si finalement nous arrivons à convaincre les libraires et les maisons d’édition de faire  la démarche inverse, c’est-à-dire de promouvoir et de publier des écrivains qui ont commencé dans l’autoédition chez Amazon. Non seulement ces libraires et ces maisons d’édition échapperont à la dictature voire aux caprices des écrivains stars, mais ils auront a leur disposition un nombre important d’écrivains ayant un immense talent. Sans oublier l‘originalité dont font preuve bon nombre d’entre nous. 
 

Pour conclurel’autoédition est en train de connaître un regain d’intérêt, malheureusement ce n’est pas grâce à la notoriété de ses acteurs naturels, mais par son utilisation d' auteurs déjà connus. Peut-être certains auteurs, peu nombreux pour le moment, ont vu le vent tourner en faveur d’Amazon. 
À titre strictement personnel, je ne peux qu’exprimer mon mépris le plus total pour ces auteurs, car ils se comportent comme s’ils étaient des grands qui par condescendance vont côtoyer les petits. Avec cette toute petite différence, nous ne sommes pas des petits, mais nous risquons de le devenir si dans notre tête nous pensons que nous le sommes.

Bougedrawi

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Je rajouterai @Bougedrawi, merci pour cet article très enrichissant, d'accord avec vous qu'il faudrait laisser l'autoédition aux auto-édités ( mais la liberté veut que même un auteur connu peut utiliser tous les supports à sa disposition pour se faire connaitre encore plus ! la gloire appelle la gloire), qu'il faudrait créer des prix littéraires des indépendants, des rentrées littéraires aussi, bref l'union fait la force. Entièrement d'accord sur le fait que nous nous devons en tant qu'auteurs (même si nous ne sommes pas encore auto-édités ni reconnus) de fournir un travail propre, c'est le moindre des respects vis-à-vis de nos lecteurs, peut-être serait-il bien (sans devenir sélectif) de vérifier avant la mise en ligne si les romans sont bien mis en page, sans fautes d'orthographe, soignés afin que tous, nous soyons pris au sérieux. On peut accepter en tant que jeunes auteurs certaines erreurs de style, des lourdeurs, mais pas d'autres erreurs facilement détectables. Il est vrai que d'apporter un travail soigné peut coûter de l'argent si l'on passe par des correcteurs mais c'est toute notre crédibilité qui en dépend. Alors il faut se battre encore et toujours, dans tous les domaines de la vie, il en va ainsi. Merci au site MBS qui met beaucoup de choses en place pour nous faire connaitre et pour nous aider. Seul, ce monde de l'édition serait impitoyable.

Publié le 28 Décembre 2018

"Ce qui pose problème, c’est notre propre résignation." Entièrement d'accord, je suis ce soir enlisée dans mes doutes, et venant de recevoir une lettre de refus - une de plus -, frustrée bien sûr mais découragée alors qu'il me faut m'armer de courage et de persévérance devant ce mur de géants qu'est le monde de l'édition ! Alors ne rien attendre de personne, continuer à écrire par passion et ne jamais se résigner ! Partager nos écrits, tenter l'aventure de l'auto-édition et ne pas croire au père noël, sa hotte est pleine d'auteurs connus et reconnus, dommage qu'ils ne se contentent pas de cette notoriété...Pour ma part, j'écris, je prends beaucoup de plaisir à le faire alors pourquoi m'en priver. Et tant mieux si certains prennent plaisir à me lire...

Publié le 27 Décembre 2018

@Bougedrawi
Je suis assez d'accord avec Bougedrawi.Et je pense qu'il ya des éléments à considérer. Il est peut être un peu (sûrement) idéaliste de penser que les chasses peuvent être gardées. C'est plutôt en effet en créant des évènements et des celebrations que l'on peut donner un statut référent à l'auto-édition, de veritable alternative. Mais le fait que des auteurs publiés s'y intéressent avec succès est en soi une consécration.

Publié le 15 Décembre 2018