L'invention de l'imprimerie impose au peuple d'apprendre à lire L’évolution des moyens d’écriture
Le premier pas étant franchi avec succès, il fallait trouver le moyen de fixer, voire de diffuser cette écriture d’une utilité incroyable. Il fallait que celui-ci soit transportable, échangeable et si possible durable.
Dans un premier temps, l’utilisation de jetons de pierre gravée fit office de monnaie scripturale, puis apparurent les tablettes d’argile que l’on faisait sécher pour les rendre plus résistantes, gravées grâce à un stylet et permettant de détailler plus longuement et plus précisément les opérations commerciales ou, au contraire, de tablettes de cire qui permettaient les corrections. Vint ensuite le calame qui permettait d’écrire grâce à des encres d’origine animale ou végétale sur des supports tels que le papyrus, puis le parchemin et enfin le papier. Le calame fut remplacé par la plume (animale puis métallique), les crayons de toutes sortes, bientôt vint le stylo-plume, puis le stylo à bille qui fit la fortune du baron Bich dès 1953 (mais dont il n’est pas le véritable inventeur, il a simplement racheté le brevet à son créateur hongrois, Laszlo Biro).
La première machine à écrire à caractères latins vit le jour en 1714 et ne cessa d’être améliorée jusqu’à la fermeture de la dernière usine de fabrication de ce type d’appareil en 2011 à Mumbai en Inde. La disposition des touches sur le clavier en escalier a été adoptée en fonction de la fréquence de frappe des différents caractères selon chaque langue et la facilité naturelle d’emploi des différents doigts de la main, ceci afin d’augmenter la vitesse de frappe et de la rendre aussi fluide que possible en limitant le risque de présenter simultanément divers caractères au point de frappe (accident de frappe appelé emmêlement des barres à caractère), ce qui explique les types de claviers QWERTY (anglo-saxon) et AZERTY (langues d’origine latine) toujours utilisés actuellement.
La machine à écrire a ainsi été supplantée par l’ordinateur et les logiciels de traitement de texte puis depuis quelques années à partir de logiciels à commande vocale.
La transmission et la diffusion des écrits
Hormis les textes gravés, l’écriture fut d’abord limitée à la calligraphie du grec ancien kállos, « beau » et grapheîn, « écrire », pratiquée par des spécialistes laïcs ou religieux (moines copistes pratiquant l’enluminure dans la chrétienté et recopie du Coran dans le monde islamique). L’utilisation de l’écriture comme un art est l’une des composantes les plus caractéristiques des arts arabes. L’évolution de la calligraphie se caractérise par des apports de styles graphismes nouveaux (gothique, chancelière, caroline, bâtarde, anglaise pour les caractères latins, naski, thuluth ou coufique pour les écrits arabes).
Cependant, en 1452, Johannes Gensfleish dit Gutenberg de Mayence, révolutionne l’imprimerie (qui existait déjà bien des siècles avant sa naissance) par l’utilisation de caractères métalliques mobiles et l’amélioration de la presse à bras en imprimant la Bible en 48 lignes. Le succès n’est pas immédiat, car peu de gens savaient lire à cette époque, mais le succès de ce type d’impression s’impose et gagne peu à peu toute l’Europe. Ces caractères réutilisables et interchangeables vont détrôner la xylographie
Un peu partout vont fleurir de nouveaux types de typographie, dont le plus célèbre est l’ » italique » de Francesco Griffo et Alde Manuce qui permettait de réduire la « chasse » des lettres.
Il faudra attendre bien des années pour que l’impression typographique soit concurrencée par la lithographie d’abord, puis l’offset ensuite.
De nos jours, l’impression numérique tend à supplanter toutes les autres techniques.
De la symbolique pariétale au SMS
Des récits figuratifs les plus simples trouvés dans les grottes, jusqu’aux symboles les plus abstraits, l’écriture n’a cessé d’innover, de se compléter. Les règles orthographiques et grammaticales se sont étoffées, normalisées, uniformisant son usage pour devenir plus pratique et plus universel.
Curieusement, depuis quelques années nous assistons à un revirement qui tend à supprimer toutes ces améliorations pour nous proposer un langage simpliste, standardisé, approximatif, sans odeur ni saveur : le règne du SMS est venu.
D’autres courants, à l’inverse, envisagent de complexifier la langue française, déjà pas si simple, en proposant une écriture inclusive qui n’apporte rien ou la féminisation et la création de nouveaux termes. Un homicide ne qualifie pas le meurtre d’une personne de sexe masculin, mais celui d’un être humain. Le « féminicide » n’a donc pas de masculin. Par ailleurs, je ne pense pas que quiconque se soit plaint que les mots voyou, tyran, bourreau ou bandit ne possèdent pas de féminin.
Peut-être ne sont-ce là que des effets de mode, mais il nous faut bien reconnaître leur réalité…
Une langue doit évoluer pour ne pas mourir, bien sûr, mais notre langue mérite les bons choix.
Jean-Michel Boschet
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Article très intéressant. Quant au futur de l'écriture, nous vivons déjà plusieurs niveaux de formalisation :
- sms pour certains où la grammaire et l'orthographe se réinventent et évoluent localement,
- emails professionnels avec des formes souvent plus convenues et droits sur des réflexions et des décisions,
- blogs ou commentaires sur les réseaux sociaux avec des réflexions plus ou moins poussées
- et enfin, écriture classique avec de longues dissertations et des pensées (bien) posées.
Avant l'arrivée de l'informatique nous n'avions plus ou moins que trois niveaux d'écritures : les courriers, les articles de journaux et les livres. La richesse croissante des formes d'écriture est à mon sens un bienfait et je vois là la création d'un relief qui n'existait pas.
Soyons riches des différences !
@Jean-Michel Boschet, merci pour votre article
Oui, très bel article qui au passage m’apprend que derrière le nom de Gutenberg, il y a Johannes Gensfleisch… L’écriture inclusive ? Illisible et désagréable à l’œil, je la boude avec parti pris résistant et assumé, je refuse de lire tout texte dont l’auteur l’impose. Les fautes d’orthographe, de grammaire ? En ce qui me concerne, merci antidote… Les réseaux sociaux, particulièrement Twitter, regorgent de personnes qui ne font pas l’effort d’utiliser un simple correcteur d’orthographe et dissimulent leurs fautes, de grossières fautes « d’A… Biiip », derrière des mots raccourcis et des mots SMS alors qu’ils sont souvent abrégés par ignorance. La France ne cesse pas de descendre à tous les niveaux… Nous n’avons pas le « Biiip » sorti des ronces.
Article très intéressant @Jean-Michel Boschet. Un beau travail de recherche historique que j’ai apprécié.
Oui, l’évolution actuelle est inquiétante si la perte de savoir des nouvelles générations se confirme. La faute à l’Education nationale et aux revendications des féministes radicales ? L’écriture inclusive a cependant été très critiquée et interdite dans l’Administration.
Mais gardons espoir. Ces effets indésirables restent marginaux, comparés au nombre croissant d’auteurs qui eux ont à coeur la qualité de leurs écrits. Toutes les époques ont eu leurs tendances, leurs soubresauts, leur désir de se démarquer. Puis tout rentre dans l’ordre, l’évolution ne retient que ce qui représente une amélioration au profit du plus grand nombre, une simplification, une facilitation dans les technologies.
Merci infiniment pour cet article, et merci à monBestSeller de l’avoir publié. Mais effectivement, dommage que pour l’instant (la faute ou la cause à cette période riche en événements accaparant l’esprit autrement : guerre inquiétante à nos portes pouvant dégénérer en 3ème guerre mondiale, élections, soucis du présent et des lendemains...) les auteurs et lecteurs de cette plateforme n’aient pas été plus nombreux à réagir. Peut-être plus tard, tout comme moi qui avais été un temps absent et peu disponible.
Oui, l'histoire de la langue ne passionne finalement pas les masses, de surcroît ici, c'est un triste constat. Ce n'est plus un bien commun, mais l'enjeu d'un individualisme revendicateur et niveleur. Plus d'effort, plus de constance, mais la hargne du mécontent ne sachant qu'aboyer. C'est dur mais c'est la triste réalité, telle que je la perçois. Merci pour votre article !