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Le 17 avr 2023

Littérature et photographie : une passerelle naturelle

Graphiste, Illustrateur, photographe, réalisateur vidéo, Samuel Hervy écrit aussi des livres. Il a notamment posté « Les rues de Nijnii » sur monBestSeller. Il nous conte ici le passage du pouvoir de l'image au pouvoir de la page, deux arts connexes qui ne sont jamais tout à fait les mêmes, ni tout à fait autres
Littérature et photographie : une passerelle naturelleLittérature et photographie : une passerelle naturelle

Samuel, peux-tu nous dire comment t’est venu le goût pour la photographie ?

Pour des raisons personnelles, j’ai vécu quelques temps en Russie, au début des années 2000. Une période importante de ma vie que j’ai absolument voulu documenter en filmant mon quotidien. Et j’y ai pris goût. Ensuite, j’ai fait des vidéos de voyage. Plus tard, en découvrant Instagram, j’ai pris davantage de photos afin de les partager sur ce réseau. Le petit succès remporté par mes clichés m’a encouragé à continuer.

On dit de toi que tu as une démarche humaine et documentaire. Tu peux nous expliquer cela ?

Au fur et à mesure de ma pratique, j’ai pris conscience du pouvoir immense que peut avoir un cliché. Je pense que chacun peut, à son échelle, être le témoin de son époque, surtout quand il met en scène notre quotidien, et les anonymes qu’on croise au hasard. La période COVID, alors que nous portions tous des masques, a mis ce fait en évidence. En passant de la photographie de voyage à la photographie de rue et de reportage, ce qui m’intéresse désormais, c’est de rendre compte de la réalité brute qui m’entoure, et qui se trouve à portée d’objectif. En plein tumulte social, la période actuelle s’y prête particulièrement.

 

Si j’ai bien compris, tu es venu, en tout cas officiellement, à l’écriture assez récemment. Est-ce quelque chose te manquait dans la photo, ou au contraire est-ce que la photo t’a ouvert une porte vers l’écriture ?

Je pense que mes deux passions correspondent à deux aspirations qui se complètent plutôt bien, mais qui ne se chevauchent jamais tout à fait. Elles sont le fruit de deux états d’esprit entre lesquels je ne cesse de faire des va-et-vient. Lorsque j’écris, cela coïncide souvent avec un besoin de me mettre en retrait du monde, souvent à la campagne, comme dans une bulle. Prendre la plume revient à créer un refuge autant physique que cérébral, dans lequel j’ai l’impression de me débrancher du réel, pour ne laisser place qu’à l’imaginaire. Reprendre mon appareil photo après cela, au contraire, est plutôt lié à mon envie de retrouver le bouillonnement de la ville et de m’y reconnecter.

 

Comment ton inspiration navigue-t-elle entre la rue et la page ?

Au hasard. Comme pour la photo, je me mets à l’affut : chaque scène dont je suis témoin – dans le métro, au supermarché ou dans l’open space – peut être prétexte à illustrer un fait social. J’aime écrire sur le vécu (le mien et celui des autres, dont je reste l’observateur attentif et permanent), et en tirer une description dans laquelle nous pourrions tous, plus ou moins, nous retrouver. Il suffit de regarder autour de soi, et on peut trouver mille histoires à raconter.

 

Ton thème de prédilection en photo de rue est la solitude urbaine, est-ce également un thème que tu développes dans tes écrits ?

D’une certaine façon, oui. Lorsque j’ai écrit « les rues de Nijnii », je voulais évoquer un fait simple et qui touche bon nombre d’entre-nous : l’impression que notre routine nous oblige souvent à mettre nos plus belles aspirations de côté, par nécessité alimentaire et budgétaire, et aussi à cause du temps qui file et nous échappe. En ville, pris dans une sorte de fuite en avant, j’ai constaté qu’un grand nombre d’entre nous doit souvent faire face à un quotidien aliénant de plus en plus dévorant, slalomer sans relâche entre les transports, le travail et la maison. En écrivant l’histoire ordinaire d’un personnage qui reprend son destin en main, je n’ai fait qu’imaginer une réponse parmi d’autres à la frustration chronique que peut engendrer l’impression de voir notre vie nous échapper.

 

J’ai lu dans ta présentation Instagram (au passage, je recommande la visite de ton profil) que tu cherches à « sublimer des scènes ordinaires » à travers ton objectif. Sublimer l’ordinaire, est-ce pour toi une définition possible de l’écriture ?

Cela peut en être une, en effet. J’aime l’idée de partir d’une situation familière ou ordinaire pour en proposer un développement original, avec une trajectoire singulière de lecture, que ce soit pour la rendre sublime, effrayante ou tragique. Ce mécanisme est, je pense, une source inépuisable d’inspiration dans laquelle peuvent puiser à la fois le photographe et l’écrivain.

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Merci @Camille M pour votre message ! C'est heureux d'apprendre que d'autres aussi partagent la même passion pour la photographie et l'écriture, qui représentent finalement les deux faces d'une même pièce. Pour répondre à votre question, en attendant la mise en ligne de mon site, afin de jeter un coup d'œil à mon travail photo, vous pouvez consulter mes deux galeries Instagram sam_street_photographer et samuel_hervy_photographe (cela me permettra en plus de découvrir le votre par la même occasion si vous y avez un compte ;)
Au plaisir

Publié le 24 Avril 2023

Bonjour @Samuel Hervy, et merci pour ce précieux témoignage ! J'affectionne moi-même photographie et écriture, c'est très intéressant ce rapport que vous entretenez entre les deux.
J'aime particulièrement le cliché de la femme assise avec les voitures qui passent à toute vitesse. Où pouvons-nous découvrir vos autres œuvres ?

Publié le 23 Avril 2023