Pour illustrer mes propos, une petite anecdote sous forme de devinette. Voilà quelques années, un amoureux de la littérature, doublé d’un grand cinéaste, se promène dans les rues de Paris. Soudain, il aperçoit à quelques mètres de lui un homme et une femme s’embrassant fougueusement dans un taxi.
Stop : c’est fait ! Sous ses yeux vient de se produire l’élément déclencheur de l’un des plus grands films du Cinéma Français. Allez savoir pourquoi, cet homme a imaginé « le bruit de leurs dents s’entrechoquant » à l’origine de son chef d’œuvre. Encore un indice ? Il a rendu célèbre par son adaptation le premier livre d’un jeune homme de 74 ans (tous les espoirs sont permis !). Mais revenons à notre élément déclencheur : de ce choc d’émail sublimé est né… La femme d’à côté de François Truffaut, réalisateur et adaptateur de « Jules et Jim ».
La réalité dépasse la fiction, j’adore quand elle la rejoint. Je vous parle de ce cinéaste car - vous vous en doutiez - il est effectivement l’un des éléments déclencheurs de mon premier roman. À l’origine, une scène de son court-métrage Antoine et Colette m’a profondément marqué pour ressortir des années plus tard, puisque le temps n’existe pas dans l’inconscient.
Antoine a 20 ans, il est amoureux de Colette et décide d’emménager à proximité. La chance lui sourit, un appartement se libère justement en face de chez elle : de son paradis, il peut l’apercevoir lorsqu’elle laisse ses fenêtres ouvertes. Il en va de même pour mon héros, Gabriel, croyant rêver en faisant la connaissance de Marzi, sa nouvelle voisine de palier. Quelle n’est pas sa surprise en constatant sa ressemblance avec une héroïne de série le faisant fantasmer. Seulement voilà, Colette tombe amoureuse d’un autre. Dans une scène banale de la vie quotidienne (d’une grande violence pour moi), il ne dévoile rien de ses sentiments alors qu’il se retrouve nez à nez avec son rival, chez elle. Il en va de même pour Gabriel s’imaginant Marzi s’intéresser de près à un ami. Son imaginaire prend alors le relais et son paradis se transforme en enfer. Hasard ou coïncidence me suis-je demandé en revoyant ce court-métrage après avoir écrit mon livre ?
Hasard ou coïncidence ? Ni l’un, ni l’autre comme nous venons de le voir, j’ai mis du temps à le comprendre. Les psys parlent de synchronicité. Vous, moi, tout le monde est concerné par ces signes que nous pensons être dus au hasard mais qui en réalité, sont logés dans notre inconscient, attendant leur heure pour sortir… tôt ou tard, j’en suis persuadé.
Et vous, quelles sont vos synchronicités ? N’hésitez pas à me les faire partager !
Antony Altman est l'auteur de la romance psychologique DRAM – Mémoire vive. Depuis sa sortie, le roman est dans le TOP 100 d’Amazon en littérature cinématographique. Vous pouvez en découvrir un extrait à lire gratuitement sur monBestSeller.com en cliquant sur le lien indiqué ci-dessous.
Vous avez écrit un livre : un roman, un essai, des poèmes… Il traine dans un tiroir.
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@Anthony Altman, Merci en effet pour cette tribune très intéressante. Je suis tout à fait d'accord, j'ai écrit une nouvelle où je disais qu'il n'y avait pas de hasard seulement des rendez-vous, à mon sens, alors oui aux synchronicités. Il m'est arrivé, à la terrasse d'un café parisien d’observer une jeune femme qui marchait sur le trottoir, son allure, son tee-shirt, sa sensualité, m'ont immédiatement fait penser à un début d'histoire : un jeune homme serait assis là, à ma place, il la verrait s'avancer et... Voilà pour la petite anecdote, pour ne parler que de celle-ci.
Le film dont vous parlez "La femme d'à côté", je l'ai regardé trois fois, c'est un bijou !
Je ne crois pas que l’inspiration soit tout à fait la même chose qu’un « élément déclencheur ». Quant à la synchronicité, je vois plutôt ça comme une suite de causes à effets non discernables dans le temps et l’espace. Pour moi, l’inspiration, c’est le pouvoir qu’ont certains objets ou certaines situations d’activer la mécanique de l’imaginaire. Cette mécanique, plus ou moins puissante, nous la possédons tous, à commencer par les enfants. De ce côté-là, ils sont imbattables. L’élément déclencheur lui, semble être davantage le résultat d’une connexion fortuite entre réel et inconscient. On constate très souvent sa force vive dans un premier roman, un premier écrit. J’ai eu l’occasion de le constater à
« l’insu de mon plein gré » lorsque j’ai écrit ma première novella. Forte de cette connaissance du pouvoir de l’inconscient sur l’écrit, j’ai déroulé mon histoire. Tranquillou. Ce que j’écrivais était de la fiction, point barre. Jusqu’au moment où j’ai bien été obligée de reconnaître que non. L’histoire était bien faite, elle n'avait rien à voir ouvertement avec mon vécu, je pouvais tromper mon monde, mais quant à moi, toute sa symbolique me renvoyait dans les cordes. En une trentaine de pages, j’avais finalement balancé ce qui me pesait sur l’âme. Il m’a fallu des semaines pour m’en rendre compte, et encore un peu plus pour l’accepter. Quoi qu’il en soit, écrire en s’appuyant sur l’imaginaire ou sur la base d’un élément déclencheur, n’est jamais tout à fait innocent. Celui qui tient la plume est toujours planqué quelque part. Ce qui, entre lecteur et auteur, peut devenir un jeu :-)