Ses lecteurs ont dit : "Un vrai beau personnage, magnifiquement construit, et une écriture qui file sans accrocs" ; "Un roman aux fragrances de grands classiques" ; "Vous peignez les paysages aussi bien que les âmes" ; "L'immersion dans cette France frémissante du 19e est immédiate, le personnage de Constance terriblement attachant, la psychologie des personnages juste et pertinente."... Nous avons voulu en savoir plus.
Anne Loréal, vous êtes ingénieur en mécanique de formation et vous dites que votre envie d'écrire est toute récente. Vous rajoutez « Il me fallait essayer de coucher sur le papier mes rêves pour voir ce que cela pouvait donner ». Qu’est-ce qui a déclenché cette envie… irrépressible apparemment ? Et de quels rêves s’agissait-il ?
Ah, oui, je me rappelle très bien lorsque cette idée m’est venue : un dimanche matin de l’été 2015. Je venais de terminer un roman (Herbjorg Wassmo : le Livre de Dina), et je repensais à mes dernières lectures de l’année : L’insoumise de Martine Desèvre et Suite française d’Irène Némirovski. Je détaillais en esprit ce qui m’avait plu dans ces œuvres et ce qui avait pu me décevoir… même si j’avais passé un excellent moment de lecture, il y avait chaque fois un petit quelque chose que j’aurais souhaité différent : une scène que j’aurais développée autrement, le trait de caractère d’un personnage que j’aurais plus poussé, etc.
J’étais à la recherche de l‘histoire parfaite, celle qui me correspondrait tout à fait.
Mais voilà : depuis Jane Eyre, que j’ai lu et relu plusieurs fois, je reste sur ma faim.
C’est alors que je me suis dit, pour la première fois : pourquoi ne pas l’écrire moi-même ? Après tout, je me suis raconté tellement d’histoires dans ma tête, depuis toujours : des rêves de voyages lointains, d’exploration extraordinaires, d’aventures temporelles (eh oui, le voyage dans le temps, rien de tel pour nourrir l’imaginaire !)
Ce n’était pas les idées qui manquaient…
Et puis, à ce moment-là de ma vie, il me semblait ressentir un sentiment d’accomplissement qui appelait un nouveau projet, un nouveau défi.
J’aurais pu choisir de repeindre le salon, de déménager, de me remettre au dessin, mais cette idée de créer une œuvre, tout à coup, m’a profondément séduite : écrire mon propre roman, celui qui me satisferait en tout point.
Constance Deschanel est donc votre premier roman. Une saga en 4 tomes. Plus de 700 pages ! Saviez-vous dès le départ que votre roman prendrait ces proportions ? Comment l’avez-vous construit ? Comment avez-vous travaillé ?
Pas du tout ! Non, je n’imaginais pas que cette aventure m’aurait emmenée aussi loin. J’ai été toute surprise lorsque j’ai rapidement, en deux jours, écrit les dix premières pages. Je n’avais en tête qu’une vague intrigue au début, qui aurait pu tenir en cinquante pages, mais je prenais goût à donner du corps à mes personnages, à peindre certains paysages précisément, et à donner une suite logique aux événements.
Je vivais les sensations de Constance, je me délectais des découvertes qu’elle faisait en les décrivant minutieusement. Tout cela ne faisait que rallonger mes chapitres !
Quant à la structure, car oui, j’aime les choses structurées, elle m’est venue alors que je terminais la première partie. C’est là que je me suis dit : tiens, la voilà qui quitte un univers pour un autre, c’est donc la fin d’un temps majeur du récit. J’avais déjà en tête les quatre époques principales : le monde familier de la petite province française, le choc de la condition ouvrière, l’aventure outre-Manche et, enfin, l’accomplissement.
Tout est parti de là.
J’ai eu alors l’idée de créer un sommaire, et de donner des titres à mes chapitres : ceux déjà écrits, mais aussi ceux à venir, ce qui m’a guidée dans mon travail. Par soucis d’équilibre, j’ai essayé de ne pas dépasser vingt pages par chapitre, et une dizaine de chapitres par partie.
Votre roman est une fresque historique qui traverse le 19e siècle, de sa ruralité à la révolution industrielle. La cohérence historique y est sans faille. Avez-vous mené un travail de recherches, de documentation ? Comment ? Guidée par votre passion pour l’histoire, ou déjà très érudite sur le 19e en particulier ?
Oui, un travail énorme ! Ceci dit, ce travail de recherche m’a procuré autant de plaisir que celui de l’écriture. C’est là que j’ai pu concilier ma passion pour l’histoire et mon envie de création. J'avoue que
Une foule de questions se sont posées tout à coup : Constance étudie, mais quoi précisément ? Qu’enseignait-on aux jeunes filles du second empire ? Quelle était la situation économique en 1860 ? Comment voyageait-on ? Quelles lignes de chemin de fer existaient à cette date ? Combien de temps cela prenait-il ? Combien cela coûtait-il ? Un salaire d’ouvrier pouvait-il permettre de voyager ? etc.
Chaque pas de Constance pouvait s’arrêter sur un détail qui pouvait sonner faux, ou qui aurait pu être inexact, alors je ne pouvais rien laisser au hasard. J’ai passé de longues soirées et des week-end entiers sur internet à constituer une banque de données complète sur cette époque.
En outre, je me suis lancé un défi passionnant en choisissant de décrire le monde industriel. Je connais parfaitement celui de 2017, mais je n’avais aucune idée de ce à quoi ressemblait celui de 1860. J’ai donc dû tout apprendre : les conditions de travail, les horaires, les salaires, la législation du travail, les techniques sidérurgiques existantes à cette date etc.
Je ressors de cette aventure beaucoup plus érudite que lorsque j’ai commencé…
Vos influences littéraires : Jane Austen, les sœurs Brontë, Victor Hugo… Qu’admirez-vous chez eux ? Ont-ils influencé votre inspiration, votre écriture, la construction de votre récit ? Comment ?
Oui, ils m’ont tous indéniablement influencée… Jane Austen pour son humour, les sœurs Brontë pour la justesse des sentiments, et Victor Hugo pour l’art des fresques grandioses et des personnages bien campés.
Qui plus est, le siècle qu’ils décrivent tous avec passion sera la source même de mon inspiration. Quoi de plus fascinant que de constater qu’à une même époque (car seulement quelques dizaines d’années séparent tous ces auteurs), on puisse vibrer de sentiments aussi élaborés et délicats que Lizzie Bennett d’Orgueil et Préjugés, mais, dans le même temps, encore trouver normal de faire travailler des enfants treize heures par jour, dans des conditions que l’on trouve aujourd’hui inhumaines ?
Ils m’ont donc tous inspirée au plus haut point mais plus sur le fond que sur la forme de mon récit.
Votre héroïne, Constance Deschanel, est intrépide, déterminée, courageuse… Dites-nous en un peu plus sur les valeurs et les devoirs qu’elle assume. Et que vous défendez à travers elle ?
Qu’a-t-elle de vous ? Qu’est-ce qui vous a inspiré ce personnage ?
Ce en quoi je crois, avant tout, est le droit de chacun, et de chacune, à choisir sa destinée en toute indépendance. C’est avant tout cette conviction que j’ai transmise à Constance, et c’est là tout le thème du roman : comment faire son chemin dans un monde où l’on vous impose un destin unique, et où votre entourage décide de tout pour vous.
On retrouve cet asservissement de l’homme, et qui plus est de la femme, à l’ordre établi dans toutes les sociétés précédant la seconde guerre mondiale, et jusque dans les années soixante en Europe et aux Etats Unis.
Ce n’est qu’avec l’avènement des mouvements de contestation politique, sociale et culturelle des années soixante (qui ont donné lieu en France à mai 68), que ce carcan a volé en éclats dans les pays occidentaux.
Pour autant, ce personnage ne pouvait être anachronique et il lui fallait garder un pied dans la réalité de son temps. C’est pourquoi elle porte en elle d’autres valeurs fondamentales de l’époque, pour lesquelles j’ai beaucoup d’admiration : le goût du travail, le respect de l’ordre établi, un sens profond de l’honneur.
Je l’ai, de plus, dotée d’une bonne dose de courage nécessaire à son aventure. Il lui a fallu quitter sa famille, son confort, sa sécurité, bref, tout ce à quoi elle pouvait se raccrocher, pour vivre avec force ses convictions, sans aucune garantie de réussite.
J’ai, en ce sens, beaucoup plus de chances qu’elle : j’ai pu embrasser une belle carrière dans l’industrie sans me mettre en danger, et c’est là tout l’extraordinaire progrès de notre époque moderne.
Mais je ne peux résister plus longtemps à vous dire qui a réellement inspiré ce personnage de Constance. Il me faut vous avouer que la couverture de mon roman n’est pas la photo d’une inconnue. C’est une de mes aïeules qui, par son destin exceptionnel a nourri pendant longtemps mon imaginaire. Il s’agit d’une arrière grand tante qui, non contente de prendre le voile sous le nom très imagé de « Marie Immaculée », quitta sa Mayenne natale à vingt et un ans, en 1880, pour partir en mission à Dakar. Elle y est décédée de la fièvre jaune dix ans plus tard, sans avoir jamais revu ni sa famille, ni la France. Ce destin a toujours forcé mon admiration. La voici ci-contre avec l’une des enfants de l’orphelinat dont elle avait la charge.
Vos lecteurs ont souligné la finesse et la précision de votre écriture. Comment avez-vous travaillé votre style ?
Pour tout vous avouer, je crois que je suis encore en pleine recherche de mon style. Je suis très heureuse de constater que cela n’a pas desservi le fond de mon récit, mais il me semble encore écrire comme je parle et il me faut corriger certaines choses : trop de descriptions, trop de virgules ! J’ai aussi beaucoup appris en lisant les commentaires de mes lecteurs sur monBestSeller et en lisant leurs œuvres postées sur le site. Je souhaite encore progresser dans ce domaine...
Vous avez décidé d’offrir votre roman en lecture gratuite sur monBestSeller. Qu’en attendiez-vous ? Qu’est-ce que cela vous a apporté ?
Mes attentes ont été tout à fait comblées : je souhaitais recevoir des commentaires, des retours, des avis : en bref une interactivité que l’on ne peut trouver ailleurs. Je n’ai jamais envisagé de réellement publier quoi que ce soit, à des fins mercantiles j’entends, mais je voulais savoir si ce que j’avais écrit avait un sens et était plausible.
A l’origine, je suis tombée sur le site monBestSeller en cherchant des informations sur l’autoédition, car je souhaitais imprimer un exemplaire papier du roman, histoire de voir ce que donnait la mise en page. Internet m’a donné une liste de sites d’autoédition et de plateformes d’édition en ligne, permettant d’avoir des retours sur ce que l’on publie.
Et cela a fonctionné, admirablement bien ! J’en profite pour adresser un grand bravo à l’équipe conceptrice du site : l’idée est brillante à tous points de vue : communautaire à souhait, basée sur un ingénieux business model, et d’un niveau littéraire bien plus élevé que d’autres plateformes de partage en ligne...
Tout ça reposant sur le besoin fondamental de chacun d’avoir un retour sur le travail accompli, que ce soient des félicitations ou des axes de progrès. C’est le B.A.-BA des ressources humaines en entreprise !
Bon, c’est évident, sur monBestSeller, on est tous un peu trop bienveillants les uns avec les autres… Ce n’est pas toujours facile de dire ce qui ne va pas de manière constructive, et un commentaire fourni doit être le résultat d’une analyse approfondie. Pas facile, donc. Mais le site est riche de nombreux lecteurs qui font cet effort, et la probabilité de recevoir des commentaires est très élevée !
Que vous inspire d’être élue Sélection du mois et ainsi nominée au Prix Concours de l’Auteur Indépendant 2017 ?
Honnêtement, je n’en reviens pas ! Comme je l’ai dit plus haut, je souhaitais écrire une histoire parfaite pour moi au départ, et cela s’arrêtait là. Ceci étant dit, je suis encore loin de la trouver parfaite, même pour moi, alors que ce récit soit nominé pour ce concours, c’est inespéré et totalement inattendu !
Je crois que c’est en fait l’aventure du roman qui se poursuit toute seule, comme un enfant à qui on laisse faire ses premiers pas en lui lâchant la main pour la première fois.
Lorsque j’ai posté sur le site la dernière partie, j’ai eu le sentiment d’abandonner un peu Constance : elle devait faire sa vie comme une grande. J’ai même commencé à réfléchir à l’histoire suivante, celle d’un second roman. Mais, apparemment, Constance n’en a pas fini avec moi, et c’est un vrai plaisir !
Propos recueillis par Isabelle de Gueltzl
Vous avez écrit un livre : un roman, un essai, des poèmes… Il traine dans un tiroir.
Publiez-le sans frais, partagez-le, faites le lire et profitez des avis et des commentaires de lecteurs objectifs…
Un vrai Merci pour vos réponses sincères et concrètes chère @Anne Loréal. Votre interview est chaleureuse, constructive et très encourageante... je trouve ! Merci et Bravo pour le travail que vous avez accompli, votre humilité, votre persévérance. C'est que vous êtes impressionnante !
Et puis merci aussi, toujours, aux questions précises de @monBestSeller qui donnent envie d'y aller, d'oser, d'essayer.
Un heureux et tendre moment que de vous lire ici... en attendant de faire la connaissance de Constance.
Mes plus amicales félicitations.
Vera
Chère @Gene MacBreth,
merci à vous pour ce gentil mot très flatteur. Venant de vous qui êtes si prolifique et qui savez changer de style comme d'univers d'une oeuvre à l'autre, cela me touche beaucoup.
Bien à vous,
Anne
@lamish
Chère Michèle,
Un grand merci à vous, à qui rien n'échappe sur ce site et qui avez une capacité de lecture qui m'épatera toujours...vos commentaires toujours bienveillants m'ont accompagnée dès le début dans cette aventure.
Amicalement,
Anne.
Très chère Elizabeth,
Tout pareil: Waouh! Je n'en reviens pas. Merci mille fois pour votre gentil mot.Vos commentaires riches et détaillés, toujours très travaillés, me vont droit au cœur et, tout comme vos articles, contribuent fortement à la richesse du site.
Bien à vous,
Anne
Ma chère Anne Loréal, je suis très heureuse d'avoir l'honneur d'être la première à vous adresser mes plus enthousiastes félicitations ! Waouh ! Quel superbe parcours ! Votre interview est très belle, elle donne beaucoup d'encouragements à ceux qui n'en sont pas où vous êtes... Je vous souhaite plein de bonnes choses désormais. Votre roman, -dont je n'ai pas encore achevé la lecture-, mérite cette nomination.Je vous avais bien dit ce que j'avais ressenti dès le début de ma lecture ! Bon vent à Constance Deschanel, et bon vent à vous aussi, chère Anne Loréal !
Amicalement,
Élizabeth.