Amélie Nothomb, le cirque a ses vertus : C'est une marque. Cela vous choque, et bien tant mieux. Trop d’auteurs se focalisent sur une promotion immédiate de leur livre. Sans travailler le fond : leur signature.
Etre auteur, c'est promouvoir une identité d’auteur, un univers littéraire, un genre de prédilection
Une identité d'auteur, c'est un signe de reconnaissance, une garantie, la certitude de retrouver des repères et donc un plaisir. Chaque auteur doit la rendre cohérente, c'est sa marque à long terme, sa griffe. C’est la raison pour laquelle on reviendra vers lui, au lieu d’y tomber par hasard. Regardez Amélie Nothomb : le cirque a quelques vertus, Katherin Pancol et sa story, Marc Levy et ses apparitions (presque) intellectuelles.
S'identifier comme auteur, c'est d'abord se dissocier
Vous êtes un autre quand vous êtes auteur, votre vie se dédouble et vos réseaux doivent probablement se dissocier de votre vie professionnelle ou amicale.
Créer une cohérence sur votre activité littéraire est essentiel. C’est de la conquête pure de lecteurs (et peut être d’éditeurs) et non pas une auto-congratulations entre amis qui rassure.
Exposez vous : dites vos goûts littéraires, racontez votre vie d’écrivain : peines et plaisirs, partagez vos techniques si vous en avez, racontez vos histoires personnelles, mettez vous en danger. C'est une scène.
Les auto-édités sont une confrérie, aidez à faire vivre les auteurs, pas seulement les livres :
Exemple de Courrier caricatural :
Question auteur : pourquoi je ne suis pas (assez lu) sur mBS. Quoiqu’il en soit moi je n’ai pas le temps de lire !
Réponse mBS : CQFD
Pourquoi un livre (fût-il même à succès ?) ne fait pas un auteur ?
Rappellez vous, (pour les plus jeunes), les carrières des grands de la musique et de la chanson : David Bowie, Jimmi Hendrix, Lou Reed, Led Zeppelin, les Beatles et en France Charles Trenet, Claude Francois, jean Ferrat, Indochine...
Qu’ils sortent un album plus faible n’était pas la question, c’etait la constitution de leur œuvre qui importait, aux yeux du public et non pas le produit de l’instant.
On appelait même cela des albums concepts !
Une idée par album, plusieurs albums pour une oeuvre.
Cela est en voie de disparition, et la disparition de l’industrie du CD a accéleré le phénomène du produit.
A leur place : des hits éphémères, essaiment sur les ondes et deezer. Ils émergent en forme de sinusoïdales quelques semaines pour disparaître aussitôt dans le néant.
Seules quelques grandes locomotives du spectacle : une quinzaine mènent la danse comme Rihanna, Britney Spears, jennifer lopez, Lady gaga...je vous laisse énumérer les autres.
Quelques grands (tout est relatif).
Pour les livres, c’est le même phénomène de concentration et de dissolution :
Musso, Levy, Fred Vargas, Nothomb, mais aussi les étrangers Stephen King, Mary Higgins Clark ou Paula Hawkins Elena Ferrante …constituent le coeur atomique du marché. Les 50 premiers auteurs font près de 60 % des ventes de la profession. La plupart sont des personnages, vous noterez.
Les Etoiles filantes sont les livres, les stars sont les auteurs.
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Le sujet de réflexion que j'extrais, pour ma part, de tous ceux que suggère cet article – y compris ceux évoqués par les commentateurs (merci à eux) : c'est vrai, une "image de marque" bien identifiée aide un auteur à faire carrière. Se refuser à proposer une œuvre cohérente constitue même un défaut rédhibitoire aux yeux d'un éditeur. Mais est-il si important de faire carrière et de se vendre ? Écrire doit rester un plaisir en soi. Et le plaisir peut consister à explorer des genres et des styles très différents, sans se soucier de cohérence. En un mot : faites comme vous le sentez ! En revanche, songez à construire une œuvre, fût-elle très diversifiée. Il est essentiel de dépasser le stade du ou des premiers ouvrages et d'exprimer tout ce qui vous habite. En autoédition, où la renommée vient rarement du premier coup, peut-être faudrait-il s'en préoccuper avant même de vouloir partir à la conquête du succès…
@lamish, @Letellier Patrick, @Antoine Loiseul, @abdesselam bougedrawi, et toutes celles et ceux qui liront...
Fallait-il que j'apporte ma contribution, autant dire mon "grain de sel", à cette communication ? Au moment où j'écris, la question n'est toujours pas résolue en mon cerveau lent... Est-ce un nœud gordien qu'il faudrait trancher d'un glaive rageur et définitif ? une simple querelle scolastique ? Ah ! Que mon clavier n'ait nulle crainte, il ne me trahira point !
Avoir un style, une patte, un mordant, une plume. Tout cela semble d'une telle évidence qu'il n'y a pas à y revenir ! Se proclamer "polygraphe" induit une nouvelle problématique : comment conserver les prérequis en navigant dans différents styles littéraires ? Il est aisé de glisser - suivant l'appréciation des lectrices et lecteurs - d'auteur dissertant d'un problème de société à amuseur public ; de "persifleur érudit" à "sinistre pion" ; d'écrivain soucieux du détail historique à "donneur de leçon"... Ces qualificatifs - tant flatteurs que blessants - ne devraient pas nous détourner de notre but principal : s'affirmer comme étant une individualité dans l'écriture marquée par l'emploi de certains mots, de certaines tournures de phrases ; autant dire par une sémantique que par une sémiotique propres à chacun ; c'est effectivement une "marque" ; c'est aussi un labeur long et fastidieux.
Reconnaissance ou pas ? Imiter - sans grand talent - ceux qui "ont réussi"... Jouer des réseaux sociaux afin d'atteindre le fameux buzz... Camoufler une basse opération commerciale derrière un pseudo témoignage destiné à "faire chialer dans les chaumières"... Ou... Ou quoi ? Balancer ses tripes dans des fictions respirant le réel vécu ; témoigner d'une foi au détour d'une nouvelle ; raconter ceux que l'on a rencontrés... En gardant le loisir de présenter toutes ces émotions dans le plaisir qui est le nôtre : l'écriture.
Quant à "devenir un produit", j'ai un peu de mal à en admettre la possibilité... Si un jour, il m'arrivait d'entendre dans la rue un quidam proclamer - que la Divine Providence fasse que cette Aube Glorieuse advienne - "J'ai acheté le dernier Boris Phillips" sur le même ton qu'il aurait pu affirmer "J'ai lu tout Amélie Nothomb" ; je me sentirais floué dans mon identité d'auteur. Et puis surtout, vexé : n'ayant guère de goût pour l'ésotérisme verbal des dialogues socratiques ; je préfère - tel le bon Saint Eloi - être toujours vivant.
J'ai lu, plus haut, qu'il était question de Mozart dans son éternité. Quoi Mozart ? Pourquoi Mozart ? Comment cela, Mozart ? Je vais me permettre un bémol : tout dépend du chef d'orchestre ! Soit, je ne suis pas doué de l'oreille absolue ; seulement, Wolfgang Amadeus dirigé par Karajan aura toujours pour moi l'insoutenable légèreté d'une division blindée se ruant dans la forêt des Ardennes avec préparation d'artillerie lourde... Il en est de même de nos partitions : à nous d'être et de rester le maestro qui saura donner la note et le tempo donnant l'envie d'être lu !
En espérant n'être pas trop sorti du sujet.
Amicalement et avec humour.
Philippe.
C'est le temps d'une construction patiente qui importe. Les assaults d'auteurs égo-centrés qui ont le melon font plutôt fuir les lecteurs. Mettez vous à leur place.