Aujourd’hui acheter un livre signifie bien souvent acheter un livre de poche et ce sera de plus en plus vrai. C’est un livre sur 3 et 631 Millions de Chiffres d’affaire en 2021. Le livre de poche a 70 ans, Folio 50 ans, et la collection 10/18 60 ans… leurs progressions continuent : 31 % en 2021 (en volume).
Et pourtant l’histoire du livre de poche a mal commencé...
Henri Filippachi en est le précurseur. Pensé par beaucoup comme étant le livre des étudiants sans le sou, il a en fait révolutionné le monde de la lecture et du libraire. Avec détracteurs à l’appui.
Des écrivains et des intellectuels comme Henri Michaux ont parlé de nivellement de la culture par le bas. Julien Gracq, l’un de ses plus ardents adversaires, refusait que ses livres paraissent en format poche, assimilé pour lui à des «produits de grande consommation"
Et regardez ce témoignage qui devient hilarant aujourd’hui sur la volonté de protéger une culture de classe basé sur le leitmotiv. Le poche fait lire un tas de gens qui n’avaient pas besoin de lire (cliquer ici)
Le livre de poche : une porte d’accès à la culture
Des écrivains comme Pagnol, Giono, Prévert ont vu l’intérêt d’une grande démocratisation des textes et des auteurs de haut niveau. C’est «le plus puissant instrument de culture de la civilisation moderne» déclarait l’un d’eux. Et on assimilait ce lancement à la puissance de la radio ou de la télé, une véritable popularisation du savoir, le positionnant paradoxalement comme un outil de lutte contre les écrans.
Genèse du livre de poche
Pour mener à bien son affaire, Filippachi a associé avec lui de grands éditeurs, tels qu’Albin Michel, Calmann-Lévy, Grasset, Gallimard, qui lui apportaient les grands fonds éditoriaux de la littérature française et étrangère dont il aura besoin pour réussir. C’est ainsi qu’en février 1953 paraissent les premiers Livre de Poche: Koenigsmark, de Pierre Benoit (n° 1), Les Clefs du royaume, d’Archibald Joseph Cronin (n° 2), Vol de nuit, d’Antoine de Saint-Exupéry (n° 3)… Les exemplaires sont vendus 2 francs, soit le prix d’un ticket de métro.
Pour Claude Gallimard, l’un des intérêts du livre de poche était de faire vivre le fonds de la maison de manière durable et donc d’exploiter la richesse de son catalogue». Ce qui n’était pas nécessairement l’idée originelle d’Hachette. La marque «Folio» est officiellement déposée en mars 1971. En moins de deux années, l’ensemble des titres du fonds Gallimard, précédemment parus au Livre de Poche, sont repris chez «Folio» L’époque a bien changé.
Désormais, paraître en poche est un gage de qualité et de succès
Désormais, paraître en poche est un gage de succès, presque une forme de couronnement, même. C’est la certitude de toucher un plus large public (avec une diffusion plus étendue en grandes surfaces spécialisées…), d’entrer dans les écoles, et de «vivre» des cycles bien plus pérennes…
Les raisons du succès du livre de poche : le prix, d’abord, le prix ensuite et enfin le prix.
Mais le livre de poche s’inscrit dans un mouvement culturel plus large. des changements de couvertures, de nouvelles éditions en cas d’adaptation au cinéma, de titres parfois, ou une préface, un dossier d’analyse…
Le poche est vivant, il ne s’agit pas seulement de reprendre le grand format, On améliore la diffusion, on élargit les circuits.
Sa durée de vie est bien plus longue, et plus dynamique. Cette «seconde vie» du livre, l'exploitation du fond des éditeurs permettent aux acheteurs de guetter tous les auteurs qu’ils ont raté à leur sortie ou pour lesquels ils avaient hésité.
Les auteurs qui«tombent» dans le domaine public sont aussi une manne céleste.
Parfois même des livres font une carrière modeste en collection et explosent en poche .
Qui a quelque chose contre cette relance culturelle permanente même si c'est aussi une relance commerciale ?
» Rapprochement Editis-Hachette : l'univers de l'édition demain