Auteur
Du 24 nov 2020
au 24 nov 2020

Ce jour-là je ne me reconnus pas.

Quand le physique vous lâche, une immensité effrayante s'esquisse : un gouffre. Physique et psychique se joignent pour une angoisse infinie, l'horizon bascule un instant à la perspective d'une autre vie.... La participation d'Isabelle Coignard à l'appel à l'écriture monBestSeller. "Ce jour là, je ne me suis pas reconnue"
Quand le physique fait basculer le psychiqueQuand le physique fait basculer le psychique

Ce jour-là je ne me reconnus pas.
Entre doutes, incompréhension et stupeur je regarde derrière moi. Que fais-je ici ? Tant de chemins parcourus pour en arriver là ? Cela valait-il toutes ces peines ? Aujourd’hui j’aspire à la sérénité et j’y travaille tous les jours, un pas à la fois. Alors oui ! cela valait certaines de ces peines vécues, pour vivre ici, ce présent avec LA personne que nous recherchons tous, ma moitié, mon âme sœur, il m’aura fallu attendre d’avoir mes trente-cinq ans pour vivre où et comme je le souhaitais, enfin à un détail près. 

Je me trouve aujourd’hui en situation de handicap, qui, même s’il ne se voit pas beaucoup, est lourd à vivre au quotidien. Après des années de travail où ma tête prenait toujours le pas sur mon corps, ce dernier a décidé de se rebeller et a pris le dessus. Pas facile quand le physique et le psychique se tiraillent.

Ce jour où je ne me reconnus pas vient de là. Le jour où je n’ai plus réussi à bouger parce que j’avais mis mon corps à rude épreuve toute la journée et il me l’a fait payer le soir, le message était clair, il me fallait être plus à l’écoute de mon corps, il me faisait comprendre que je ne pouvais plus lutter contre lui et qu’il me fallait apprendre à me poser, à l’écouter et surtout à le connaître. 

En attendant de percuter, j’avais passé la journée à préparer le quatrième anniversaire de mon fils. Mes garçons me lancent des défis à chacun de leur anniversaire, ils me demandent toujours un gâteau spécial, forme, goût, etc. Il m’a donc fallu une bonne partie de la journée, et de celle de la veille aussi, pour faire celui désiré par mon petit fan de « Mario » qui m’avait demandé de lui faire un « Toad » bonhomme champignon. La petite fête a suivi évidemment, et donc une fois l’excitation retombée, la maison rangée et les enfants couchés, j’eus la mauvaise idée de m’assoir sur le canapé pour attendre le retour de mon bien aimé. 

Ce jour-là je ne me reconnus pas, car après un petit moment, j’ai voulu me lever pour me préparer un café et là…plus rien, mon corps ne voulait plus bouger, j’avais beau essayer de m’y prendre dans tous les sens, impossible, rien ne voulait remuer, les doigts un peu mais à peine, alors là, panique à bord. Mon cher et tendre rentre enfin du travail et me retrouve en pleurs sur le canapé, pas besoin de lui expliquer que je ne peux plus bouger, il le voit très bien. Il vient donc m’apaiser, me consoler et me décider à accepter son aide, pas vraiment le choix, sinon j’allais devoir dormir sur le canapé, alors il me hissa sur le fauteuil de bureau pour avoir plus de facilité à me déplacer, j’arrive à peine à l’aider. J’avais été si heureuse de cette journée et elle se terminait d’une horrible façon, mon corps était déjà parti se coucher en me plantant là. Il a fallu à mon ange gardien, bien du courage et de sang-froid, pour ne pas montrer sa détresse devant la mienne, il m’a aidé à me changer, me brosser les dents, les cheveux, ce fut un cauchemar, si ce n’est pour lui, ce le fut pour moi. 

Avant cet épisode je ne m’étais jamais senti si vulnérable, si pitoyable, je me suis toujours battu, toujours relevé, j’ai eu bien des douleurs que j’ai toujours su surmonter et là, pour une journée et demie de pâtisserie mon corps me lâche ? 

Le lendemain fut douloureux mais je pus de nouveau bouger un peu, je me déplaçais difficilement avec des béquilles mais c’était un mieux. J’ai eu peur la veille au soir, comme jamais, et depuis j’évite ce genre de situation, même si j’avoue que parfois j’ai du mal à lâcher prise. Dans ce cas, j’essaie de me remémorer ce jour où je ne me reconnus pas et j’arrive à me poser un moment pour que mon corps fasse une pause. 

Le physique et le psychique se tiraillent toujours mais avec moins d’ardeur, ils s’apaisent et s’écoutent. Quand ces jours où je ne me reconnus pas seront loin derrière moi, alors mon corps et mon esprit auront atteint cette quiétude qui m’amènera à la sérénité.

 

 Isabelle Coignard

 

Vous avez un livre dans votre tiroir ?

Publier gratuitement votre livre

Vous avez écrit un livre : un roman, un essai, des poèmes… Il traine dans un tiroir.
Publiez-le sans frais, partagez-le, faites le lire et profitez des avis et des commentaires de lecteurs objectifs…

J'adore la vôtre aussi...

Publié le 29 Novembre 2020