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Du 21 avr 2021
au 21 avr 2021

Le chant du coq

Orgueil et gain, c'est la ritournelle de la vie. Et quand Madame Duchamps se sent coupable, c'est qu'elle se sent responsable de ne pas être intervenue. Mais cela fait-elle d'elle une simple Fausse coupable ? C'est la question qu'on se pose. Mise en scène et décor de Claudine Laclare dans ce court récit "Le chant du coq" pour l'appel à l'écriture monBestSeller.
Des coqs survitaminés, une mort mystérieuseDes coqs survitaminés, une mort mystérieuse

« C’est toujours la même histoire ! Je lui avais pourtant dit de vérifier la fermeture de son poulailler ! »
Eléonore Ducamps était hors d’elle : il était à peine huit heures en ce samedi matin 10 novembre et toute la basse-cour de son voisin d’en face avait envahi son jardin, picorant ses fleurs, labourant ses parterres fraîchement semés. Elle enfila rapidement un manteau au-dessus de son pyjama, chaussa ses bottes en caoutchouc et traversa la chaussée pour l’avertir. Entrée par le portail entrouvert, elle s’avança d’un pas décidé jusqu’à l’enclos. C’est alors qu’elle découvrit le drame : le corps de Gérard Champion, reconnu meilleur éleveur de coqs de combats de la région, s’étalait comme un pantin, les yeux grands ouverts ; un filet de bave rougeâtre s’écoulait de sa bouche et allait se perdre dans le col de sa chemise.

Eléonore, choquée, se mit à hurler et ameuta tout le voisinage avant de s’affaler au pied du premier arbre venu. La police fut aussitôt appelée.

Quand les secours arrivèrent, c’était un désastre. Les coqs agressifs s’en prenaient aux visiteurs et le commissaire Bontemps eut bien du mal à faire dégager les badauds indésirables. Il était de mauvaise humeur, le week-end s’annonçait et il avait un cadavre sur les bras. Il ronchonnait en attendant le légiste, tout en se dirigeant vers Eléonore, prostrée au pied de son hêtre.

– Madame, c’est vous qui avez découvert le corps n’est-ce pas ?

Elle avait les yeux gonflés, reniflait bruyamment et regardait le policier d’un air hagard. Il s’accroupit près d’elle et d’une voix qu’il voulut plus conciliante, reformula la question :

– Madame, pouvez-vous essayer de m’expliquer ce que vous avez vu avant de découvrir le cadavre de ce pauvre Monsieur Champion.

N’obtenant toujours pas de réponse, il se releva, ordonna à l’un de ses subordonnés de s’occuper du témoin, et sans cesser de bougonner, se rapprocha du corps. Le médecin légiste venait d’arriver : la mort remontait à environ 6 heures ce matin. Un empoisonnement, de toute évidence. La scène de crime était peu exploitable : entre la basse-cour qui allait et venait sans maître et sans frontières, et les curieux du quartier qui avaient labouré le terrain, on avait peu de chance de trouver des indices.

Henri Bontemps rentra au commissariat. Mort naturelle ou meurtre crapuleux ? Et dans ce cas, qui avait pu ôter la vie à Gérard Champion qui semblait apprécié de tout le village ?

A 15 heures, le rapport du légiste arriva : Gérard avait été empoisonné au cyanure. Il en avait ingurgité une bonne dose probablement mélangée à son repas du vendredi soir qu’il avait dû prendre vers vingt et une heures.

En fin de journée se présenta Eléonore Ducamps. Elle avait retrouvé ses esprits et offrit au commissaire la clé de l’énigme :

– Madame Ducamps, vous étiez aux premières loges, votre témoignage sera capital dans l’élucidation du meurtre de votre voisin. Je vous écoute.

Elle se tenait sur sa chaise droite comme un i, les coudes serrés, les mains croisées sur ses genoux.

– Finalement, Gérard, c’est moi qui l’ai tué.

Le commissaire bondit sur son siège ;

— Comment ça ? C’est vous qui avez empoisonné Monsieur Champion ?

Le calme qu’elle affichait quelques minutes avant avait laissé la place à de nouveaux sanglots. Le commissaire lui apporta un verre d’eau, histoire de la soulager et de précipiter les aveux. L’affaire venait de prendre une tournure intéressante ; elle serait vite résolue, le coupable s’étant livré et ayant avoué. Le policier brûlait d’impatience mais il se maîtrisa et d’une voix douce, pria Eléonore de poursuivre.

— Gérard avait un secret que j’étais seule à connaître. C’était un passionné. Il fallait que ses coqs soient les meilleurs et surtout qu’ils gagnent dimanche, au grand tournoi coqueleux du 11 novembre. Alors, pour augmenter les performances des animaux, il leur administrait du « Coqactif », un complément alimentaire bourré de poudre d’amandes d’abricots.

– Et alors ?

– C’est du cyanure.

– Du cyanure ? Pour les coqs ? Ne me dites pas qu’il mangeait la même chose que ses volailles !

– Si ! Il disait que ce qui était bon pour eux, l’était pour lui, qu’ils partageaient la même aventure. Mais comme il pesait plus de cent kilos, il augmentait considérablement les doses pour lui. Je savais que cela finirait mal !

Eléonore se remit à sangloter bruyamment. Henri conclut qu’elle n’était coupable de rien et la fit raccompagner chez elle.

L’affaire était résolue. Toujours la même histoire, pensa-t-il, passion, orgueil et gain… Gérard Champion en avait perdu la vie et était réduit au silence pour toujours. Ses coqs en pleine santé attendaient un nouveau patron…  

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L'ironie de la vie est qu'on ne sait jamais ou elle nous même exactement !! On finit l'histoire avec un sourire au coin en espérant ne pas tomber dans le piège

Publié le 27 Avril 2021

On a beau dire '' l'orgueil de la performance '' à tout prix ! .. peut nous rendre fou..
Morale de cette histoire? Pour la génération actuelle, méfiez-vous ..si vous ne voulez pas
mourir bêtement !!!

Publié le 25 Avril 2021

Ben ça c'est une mort bête ! Quel idiot...
Se sentir coupable d'une situation contre laquelle on ne pouvait rien, c'est ça le vrai cyanure...

Publié le 24 Avril 2021