
Cher papa, chère maman,
Par cette lettre, je viens vous rassurer. Ma nuit de noces s’est très bien passée.
Les gens s’en font tout un monde, je me demande bien pourquoi.
J’ai découvert le mari que vous m’aviez choisi devant l’autel. Je l’ai trouvé magnifique, pas si âgé que ça mais plus petit que ce à quoi je m’attendais.
Il ne m’a pas adressé la parole et m’a à peine regardé pendant l’office religieux. Je suppose qu’il devait être aussi intimidé que moi.
Après vous avoir embrassé, nous avons quitté la noce Charles et moi, pour rejoindre sa demeure. Je l’ai trouvé magnifique bien que plus petite que ce à quoi je m’attendais.
Durant le trajet vers le domicile conjugal, nous n’avons pas échangé non plus.
En arrivant devant le perron, une domestique, à qui j’ai trouvé très mauvais genre, m’a conduite à la chambre et m’a dit d’un air dédaigneux que Monsieur viendrait quand il aurait terminé ses affaires. Il doit avoir beaucoup d’obligations pour travailler même le soir de son mariage.
Ensuite, j’ai tout fait comme on me l’avait conseillé au couvent des Ursulines que j’ai quitté pour me marier.
Arrivée dans la chambre, j’ai ôté mes habits et mes souliers. J’ai enfilé la chemise de nuit blanche de jeune mariée avec le trou sur le devant, que tante Clotilde m’a confectionnée, puis je me suis allongée sur le lit et j’ai attendu le cœur battant.
Charles est resté un moment dans la pièce à côté, qui se trouve être le salon. Je pense qu’il sermonnait la bonne au sujet de son mauvais comportement envers moi car je l’entendais lui asséner des vulgarités que je n’avais pour la plupart jamais entendues et que je n’oserais pas vous rapporter.
Des coups répétés faisaient bouger mon lit collé contre le mur du salon.
Je présume qu’il lui donnait une correction car cette idiote de domestique poussait de petits cris aigus.
Au bout d’une dizaine de minutes, il n’y a plus eu de bruit. Puis cette impertinente de chambrière est partie en ricanant et en disant « c’est toujours un plaisir de vous servir Monsieur ». Quelle bécasse !
Ensuite Charles est entré dans notre chambre, s’est affalé sur le lit, m’a fait un baiser sur le front, m’a souhaité bonne nuit puis s’est endormi sur le champ.
Le pauvre devait être épuisé, il travaille tant…
Je vous embrasse.
Marie
Sylvie Petitmarie
Vous avez écrit un livre : un roman, un essai, des poèmes… Il traine dans un tiroir.
Publiez-le sans frais, partagez-le, faites le lire et profitez des avis et des commentaires de lecteurs objectifs…
Malgré un sujet difficile c'est très drôle et très frais. Bravo!
@merci, Ibrahim Tembely
Good Book
@Majeras1611 , et oui... les us et coutumes vont et viennent suivant les époques et l'endroit où l'on se trouve ! Merci pour votre commentaire et belle journée.
Merci pour la petite histoire mais très drôle, j' ai bcp aimé, à la fin je m y attendais pas du tout avec : Puis cette impertinente de chambrière est partie en ricanant et en disant " c’est toujours un plaisir de vous servir Monsieur ». Mais a la fois c'est triste en pensant à l'innocence féminine à cette époque.
@Vegas sur Sarthe,papa et maman ont sûrement relu la lettre de leur enfant à plusieurs reprises, afin d'être certains d'avoir bien compris...Merci pour votre commentaire...belle journée.
Nul doute que papa et maman auront été heureux d'apprendre que tout s'est rien passé .. pardon ... que tout s'est bien passé.
Merci @Sylvie Petitmarie pour cette lecture rafraîchissante
@Lamish,j' ai lu qu' une jeune mariée très peu informée(à la fin du 18eme siècle)croyait avoir une souris dans son lit lors de sa nuit de noces,quand son mari entreprit de la caresser.!!!!Merci pour votre commentaire,belle journée à vous également.
@Vladimir Arsène, merci pour votre commentaire.Je me suis bien amusée en écrivant ce texte .Belle journée.
@Michel Canal,merci pour votre sympathique commentaire .En me documentant sur les nuits de noces du début du siècle dernier,je me suis rendu compte que celles- ci ne devaient pas être toujours simples pour les jeunes mariées que l 'on amenait au mariage avec le minimum ,voir pas d"information du tout.Quand ils étaient très jeunes également, (ce qui n 'est pas le cas de mon personnage),la situation des hommes n était pas enviable non plus car il y avait beaucoup d 'attente et de pression de la part des familles vis à vis de leurs performances. Belle journee à vous.
Absolument mirifique...et l'espèce de chute à la fin !
Chère @Sylvie Petitmarie, voilà effectivement une nuit de noces pas banale, et une mariée vraiment une oie blanche.
J’ai beaucoup aimé cette version, très originale. A la réflexion, cette goujaterie fut probablement une réalité dans un milieu où l’homme arrivait au mariage déniaisé par quelque bonne à tout faire accorte ou par les putains du bordel local, tandis que sa femme arrivait parfaitement vierge, parée de son innocence.
Merci pour ce partage sur le thème de la nuit de noces... et bravo !