Écrire un roman, c’est transformer une idée en aventure littéraire.Chez monBestSeller, nous croyons plus aux envies puissantes, aux élans sincères, à la joie d’écrire qu’à l’ambition de vendre à tout prix.
Un roman, c’est d’abord une aventure intérieure. Un fleuve qu’on remonte. Une forêt qu’on explore. Un cap Horn qu’on affronte seul.
Voici donc quelques repères, forgés par l’expérience, pour vous accompagner dans cette traversée. Nous vous proposons de recevoir cet article comme un viatique fraternel, pour vous aider à écrire le roman qui vous ressemble.
1. Préparer l’écriture de son roman : poser les bases
- Construire sa boussole d’écrivain
On ne part pas à l’aventure sans un minimum d’équipement. Et surtout : sans boussole.
Votre roman, vous ne savez pas encore tout de lui. Il va vous surprendre, bifurquer, vous désorienter peut-être. C’est normal. Mais pour ne pas perdre le Nord, vous pouvez fabriquer votre propre guide intérieur.
Posez-vous ces quelques questions simples :
Pourquoi cette histoire-là et pas une autre ?
Qu’est-ce qui m’obsède dans ce récit ?
Qu’est-ce que j’ai besoin de comprendre, de transmettre, de revivre à travers lui ?
Ces premières intuitions forment votre boussole. Même quand vous serez perdu, elle vous indiquera la direction à suivre.
- Rassembler un univers inspirant
Écrire est un acte solitaire, oui, mais il n’a rien d’isolé.
Dans votre sac à dos, glissez :
des livres qui vous inspirent,
une playlist qui vous met en condition,
une image, une citation, un gri-gri…
Autant d’éléments qui composent l’univers sensoriel de votre roman rêvé. Ils seront là pour raviver l’élan dans les moments de doute.
- Trouver son rythme et son mental d’écrivain
On n’écrit pas tous de la même façon. Certains ont besoin de jongler entre plusieurs projets, d’autres doivent se concentrer sur un seul pour avancer. Il y a les stakhanovistes du matin, les noctambules du dimanche, les hypers organisés et les poètes désordonnés.
Votre rythme, vos contraintes, vos fulgurances : tout est bon à prendre, si cela vous aide à continuer.
N’essayez pas de coller à l’image fantasmée de “l’auteur modèle”. Vous êtes votre propre modèle. Et surtout : respectez-vous.
Donnez-vous le droit à l’erreur. Le droit de ralentir. Le droit de recommencer.
- Objectif ou liberté : quelle méthode d’écriture choisir ?
Certains aiment planifier. D’autres préfèrent se laisser porter.
Demandez-vous simplement ce qui vous motive le plus :
Avoir un plan précis, des étapes, des deadlines ?
Ou laisser votre histoire vous surprendre et dévier de la route prévue ?
« L’incertitude est créatrice, la certitude mortifère. » — Boris Cyrulnik
Et comme le dit Giorgio Agamben :
« Écrire serait si triste si l’on ne déviait jamais de son plan. »
Ne sacrifiez pas votre plaisir d’écrire sur l’autel de la rigueur. Écrivez pour explorer, pas pour obéir.
2. Surmonter les blocages classiques d'un écrivain : comment avancer malgré les obstacles
- Faire face à la page blanche
Au début, tout était limpide. Une idée simple, brillante, presque évidente.
Mais voilà qu’un matin, plus rien ne vient. La phrase ne démarre pas. La scène bloque. Le personnage se tait.
C’est normal.
La panne fait partie du voyage. Elle n’est pas un mur, mais un virage serré. Respirez. Ne dramatisez pas.
« L’inspiration vient en travaillant. » — Igor Stravinsky
Écrivez. Même mal. Même sans y croire. Un mot entraîne l’autre. Une phrase ratée peut en cacher une bonne.
Et surtout, petit conseil d’atelier : ne quittez jamais votre session d’écriture sans amorcer la phrase suivante. Cela vous permettra de redémarrer plus facilement.
- Accepter les temps de pause
Parfois, la meilleure chose à faire est… de tout arrêter.
Un jour, une semaine, un mois. Peu importe. Votre cerveau continue de travailler en sous-main. Ce que vous prenez pour un blocage est peut-être juste un moment d’incubation.
« Take it as it comes. » — Jim Morrison
L’écriture n’est pas linéaire. Elle progresse par à-coups, silences, et rebonds.
Acceptez ces moments de flottement. Ils ne sont pas des échecs, ils sont des étapes.
3. Les trois ingrédients d’un bon roman
Il n’y a pas de roman sans trois choses.
Trois éléments simples, mais cruciaux :
1. Une histoire simple mais forte
Pas forcément spectaculaire. Ni foisonnante.
Une histoire claire, organique, porteuse de tension. Une histoire qui vous hante. Que vous pourriez résumer en une seule phrase — mais qui contient tout un monde.
2. Des personnages incarnés
Ils ne sont pas là pour décorer.
Ils sont le cœur battant de votre récit. Ils parlent, agissent, résistent. Ils ont leurs contradictions, leurs tics, leurs silences.
Un bon personnage ne se décrit pas, il se révèle.
Et souvent, ce sont eux qui vous remettent à écrire, quand tout semble s’effondrer.
3. Une écriture sincère qui vous ressemble
Pas "belle". Pas "littéraire". Juste.
Votre style, c’est le point de contact entre l’histoire, les personnages… et vous. C’est ce lien, ce prolongement.
C’est votre façon unique de dire : voilà ce que je vois. Voilà ce que je ressens.
4. Le premier jet : poser la matière brute
« Les mots qui vont surgir savent de nous des choses que nous ignorons d’eux. » — René Char
Le premier jet est chaotique, brut, imparfait.
Et c’est très bien comme ça.
Vouloir écrire parfaitement du premier coup peut-être une manière de s’autobloquer. Laissez-vous aller, au contraire. Laissez la matière venir. Ce n’est qu’une fois ce premier élan posé qu’on peut vraiment commencer à écrire.
« Donnez-vous la permission d’être chaque fois un débutant. » — Julia Cameron
Faire une pause après le premier jet
Quand le premier jet est terminé, ne vous précipitez pas sur la relecture.
Faites un pas de côté. Changez d’air. Oubliez un peu ce que vous avez écrit.
« On ne peut résoudre un problème avec le même mode de pensée que celui qui l’a généré. » — Albert Einstein
Il faut sortir du texte pour pouvoir le relire lucidement. Ne plus en être l’auteur, mais le lecteur critique.
Cette distance est indispensable pour corriger, réécrire, et — plus que tout — accepter les retours.
5. Relire, corriger, réécrire : les étapes de la maturation
- Lire son roman avec un œil neuf
« Si on savait quelque chose de ce qu’on va écrire avant de le faire, on n’écrirait jamais. Ce ne serait pas la peine. » — Marguerite Duras
Relire son roman, ce n’est pas le relire comme on relit un e-mail. C’est changer d’état. Passer de l’auteur au lecteur. Du créateur à l’observateur. C’est l’exercice le plus complexe de tout le processus. Et pourtant indispensable.
Deux axes sont alors à travailler :
- Travailler le fond
Pourquoi avez-vous écrit ce que vous avez écrit ? Qu’est-ce qui vous a guidé, consciemment ou non ?
La relecture est le moment de mettre en lumière les croyances, les obsessions, les projections qui ont orienté votre plume.
Certaines sont des forces. D’autres peuvent vous aveugler. Reconnaître cela, c’est vous donner les moyens d’aller plus loin.
- Réécrire, c’est écrire pour de vrai
Corriger des fautes, c’est le minimum.
Mais relire, c’est surtout retravailler la phrase jusqu’à la justesse. Certains auteurs réécrivent vingt fois la même phrase. D’autres sabrent des pages entières. La réécriture n’est pas un châtiment. C’est le moment où le texte devient ce qu’il devait être.
« L’écriture, c’est 15% du travail. La réécriture, 85%. » — Marc Levy
Et si ce n’était pas au moment du premier jet que votre texte naissait, mais au moment où vous l’affinez, le relisez, le révélez ?
6. Écrire un roman, oui mais qui vous ressemble vraiment
« Nous sommes tous apprentis dans un métier où personne ne devient jamais maître. » — Ernest Hemingway
Un roman n’est pas un produit. Ce n’est pas non plus une démonstration de force. Un roman est une quête, un brouillon du vrai soi. Et personne ne peut écrire votre roman à votre place.
Voici cinq pistes pour qu’il vous ressemble vraiment :
- Identifier les émotions véhiculées
Un bon roman ne cherche pas à enseigner. Il cherche à faire ressentir.
Peur, joie, colère, mélancolie, tristesse… Demandez-vous quelles émotions portent votre histoire ? Et lesquelles vous savez transmettre avec sincérité.
- Formuler les promesses faites au lecteur
Le roman permet au lecteur de vivre une autre vie par procuration.
Un bon roman ne raconte pas : il fait voyager dans un monde, une mémoire, une blessure, une idée.
Quelle promesse faites-vous à ceux qui vous lisent ?
Que va-t-il vivre à travers votre roman ?
- Comprendre plutôt que convaincre
Un roman n’est pas une tribune. Ce n’est pas le lieu pour défendre une opinion ou juger. C’est un espace d’accueil. Un terrain d’exploration. Une chance de voir autrement, même ce qui dérange. Un univers où le lecteur peut circuler librement, sans avoir à choisir un camp.
- Écrire depuis sa quête
Un roman fort est souvent un roman porté par une identité forte.
Votre sincérité est votre meilleur atout. N’ayez pas peur de vos fêlures, de vos manques, de vos obsessions. Ils vous rendent lisible. Mais, surtout, ne trichez pas. Ce que vous êtes est la matière première de votre roman.
- Trouver sa voix d’auteur
Écrire « à la manière de » est une tentation fréquente. Mais personne ne veut lire une copie. Votre style se situe au-delà d’une technique : un mélange vivant de rythmes, de souffle, de regard.
Que vous aimiez les phrases longues, où l’écriture vive, peu importe.
Ce qui compte, c’est la cohérence intérieure entre ce que vous dites, et comment vous le dites. Et c’est en écrivant que le style se forme. Ne cherchez pas à plaire. Cherchez à vous entendre avec vous-même.
Voilà, nous espérons que cet article saura vous inspirer. N’hésitez pas à laisser un commentaire pour témoigner de votre expérience de romancier et roma
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Merci pour ce texte très inspirant. Pour ma part, j'essaie d'écrire chaque jour, même si ce n'est que quelques lignes, car je pense que l'inspiration vient en travaillant. Et puis, je pense qu'une journée sans écrire est une journée perdue.
@Michel Laurent - ex Joker380
Je ferais les mm remarques et je procède quasiment de la mm façon... j'écris sous hypnose, c'est l'histoire qui me guide... le plan, la logique, s'imposent d'eux-mêmes... et j'avoue que la page blanche, je connais pas, c'est plutôt le contraire : limiter ma frénésie, mes ambitions...
On nous parle de boussole, de préparation, de playlists inspirantes et de grigris pour écrire un roman. Peut-être, mais en ce qui me concerne, c’est plutôt le sujet qui décide de venir me chatouiller un matin, sans prévenir, entre le café et la deuxième tartine. Pas le temps de bâtir un plan ou de remplir mon sac à dos de citations motivantes. L’histoire s’invite, je la suis. Quant à la fameuse page blanche, elle ne me fait pas peur : c’est souvent elle qui a le plus de choses à dire, à condition de lui laisser la parole. Le plan millimétré ? Très peu pour moi : l’aventure est justement dans les déviations imprévues. Enfin, parler de "maturation" ou de "travail du fond", c’est bien joli… mais la réécriture, cela consiste d’abord à traquer les coquilles, les phrases trop longues et les élans lyriques un peu douteux de mon moi hypertrophié de la veille. Bref, chez moi, c’est le sujet qui tient la plume et moi qui fais office de secrétaire, en espérant ne pas trop déformer sa dictée.
Mille MERCIS pour ce très bel article si riche, si inspiré.
Article très intéressant,
bien construit, documenté, exhaustif...
Merci pour les citations d'auteurs...
Pour écrire, je me permettrai de dire
qu'il faut avoir vécu, aimé, pleuré...
être tombé, s'être relevé...
et surtout, aimer la vie, l'amour, l'amitié...
Le reste coule et court
comme une source
fraiche et tumultueuse...
Merci pour cet article. Je ne saurais pas expliquer pourquoi mais ça m'a vraiment fait du bien de le lire, il m'a remotivée au terme de mon processus d'écriture.
Oui sans désir rien n'est possible, avec lui rien n'est impossible !
J'ai aimé cette phrase : mais, surtout, ne trichez pas. @Sylvie de Tauriac
Article très intéressant, riche et complet, offrant un joli tour d’horizon de la création littéraire, avec de magnifiques références. La citation de Marc Levy sur la réécriture m’a fait sourire : quand je le lis, j’ai souvent l’impression de lire un premier jet. Que retirer de toutes ces réflexions ? Peut-être l’idée que créer, écrire un roman, est un processus complexe, vivant — que le cœur du roman palpite pendant que vous jetez vos phrases sur le papier. Je crois à l’inspiration, oui, mais je crois encore plus à la transpiration. Je crois davantage au courage et à la persévérance qu’au talent pur. Tout ce que j’ai lu dans cet article me semble juste et sincère. Quant à la recette miracle, je crois qu’on peut tous s’accorder pour dire qu’elle n’existe pas.
Bonne séance d’écriture à tous !
Anthony
Merci, @monBestSeller, pour cet article très intéressant. Comme le souligne @Bruno' Bonheur, qui est aussi valable pour moi, « après l'écriture du premier jet : "Il faut sortir du texte pour pouvoir le relire lucidement. Ne plus en être l’auteur, mais le lecteur critique.
Cette distance est indispensable pour corriger, réécrire, et — plus que tout — accepter les retours. »
Chaque auteur a sa technique, ses habitudes, mais tous ces repères énoncés sont tellement vrais...
MC
J'ai trouvé cet article intéressant. Merci.
Vous notez qu'il y a un moment important qui est une sorte de séparation qu'il faut opérer avec soi-même après l'écriture du premier jet : "Il faut sortir du texte pour pouvoir le relire lucidement. Ne plus en être l’auteur, mais le lecteur critique.
Cette distance est indispensable pour corriger, réécrire, et — plus que tout — accepter les retours."
C'est intéressant, mais je pense que c'est une manière de dire qui simplifie. A mon avis, le processus de création est un tout où l'on est à tout moment écrivain et lecteur. Il n'y a pas vraiment de "sortie du texte" : on est habité par le texte et on habite le texte à tout moment du processus.
En revanche, le moment de séparation qui fonde le texte, c'est celui où l'on décide que c'est terminé, terminé pour de bon. Alors on pose devant soi beaucoup plus qu'un texte : une part de sa vie, quelque chose de vraiment authentique.