25 000 exemplaires vendus en ligne, un premier roman « Mémé dans les orties » dans les librairies… un parcours à faire rêver tous celles et ceux qui veulent écrire. Rencontre avec une jeune auteur qui garde la tête sur les épaules et l’œil émerveillé mais réaliste sur l’auto édition.
J’avais envie d’écrire depuis longtemps mais je n’osais pas. J’ai suivi mon mari en Italie et j’ai décidé de profiter de cette parenthèse pour réaliser ce projet personnel. Au 31 décembre 2013, je me suis donné quatre mois pour écrire. J’ai repris des notes et je me suis lancée. J’avançais tous les matins, chapitre par chapitre, en suivant un plan très détaillé. J’avais peur de la page blanche, savoir ce que j’allais écrire me rassurait. Mon idée était d’avancer vite pour avoir un premier jet à retravailler.
Non, je n’avais pas de contact dans l’univers de l’édition et je n’ai rien dit à personne. La vidéo de Bernard Werber « atelier d’écriture » m’a beaucoup aidée. Ses conseils comme ceux d’écrire pour les autres, de ne pas donner aux lecteurs ce qu’ils attendent, de toucher leur cœur… sont devenus ma Bible. J’ai aussi suivi l’hygiène qu’Anaël Verdier recommande dans Écrire un roman en 100 jours. Et puis, j’ai consulté de nombreux blogs sur l’auto édition.
Les maisons d’édition reçoivent beaucoup de livres. Il n’y avait aucune chance qu’elles publient mon premier roman. J’avais besoin d’avis neutres et objectifs sur mon texte. Je venais de retrouver un travail, j’étais impatiente de faire lire le roman. Nous étions à la veille de l’été, une période qui correspondait bien à mon récit plutôt léger et frais. Je l’ai mis en ligne en juillet sur Amazon à 2,99 euros. Ce prix était bas pour un livre mais je souhaitais qu’un maximum de personnes y ait accès. Il faut aussi savoir qu’Amazon pousse certaines catégories plus que d’autres. Cela me permettait de toucher 70 % du prix du livre, soit 2 euros par livre.
Cela a été assez calme pendant un mois. J’avais bien sûr prévenu ma famille, mes amis. Puis une Brigitte, une Sophie, une Catherine… ont acheté mon livre, l’ont bien noté. Des lectrices m’ont informée qu’il restait des coquilles, des fautes. Elles m’ont proposé de les corriger… C’était très positif. En août, je suis passée numéro 1 de la catégorie littérature humoristique, puis à la fin du mois, le livre est entré dans le top 100 toutes catégories confondues puis dans le top 20… Début septembre, j’ai décidé d’envoyer mon manuscrit à cinq maisons d’édition. J’ai eu la chance d’avoir deux offres en parallèle dont celle de Michel Lafon.
Je les ai rencontrés tous les deux et nous avons discuté pendant trois mois. J’ai finalement choisi Michel Lafon car la maison avait déjà édité Agnès Martin-Lugand et montrait une plus grande ambition pour le livre. L’autre éditeur était plus inquiet.
Oui. J’ai été très accompagnée. Une personne a relu mon texte. Je savais que le début était trop lent, j’avais du mal à couper certaines parties. Nous avons eu un dialogue de qualité.
Je consacre tous mes vendredi à l’écriture de mon deuxième livre. Au départ, j’étais partie sur un style d’histoire très différent du premier mais je me suis recentrée sur ce que je savais écrire : un roman plutôt léger avec de l’humour. Il faut confirmer les lecteurs du premier roman et j’avais besoin aussi de me faire plaisir en écrivant.
L’auto édition m’a apporté une très grande liberté et un rapport direct extraordinaire avec les lecteurs. J’ai choisi la couverture, le prix, la première phrase, le pourcentage de rémunération. Avec un éditeur, je maîtrisais moins d’éléments même si nous avons travaillé d’un commun accord. Mais il y a aussi des difficultés à être seule : personne n’attendait mon travail, ne me relançait, ne me remettait en cause. C’est pour cela que recevoir des avis de lecteurs n’a pas de prix. Même si l’auto édition doit encore améliorer son image.
Il faut écrire des textes de qualité, des histoires pour le lecteur. L’auto édition n’est pas non plus réservée « aux petites histoires qui se lisent bien ». Il existe des romans auto édités qui n’entrent pas dans cette case. L’auto édition gagnerait à traiter des sujets plus sérieux, plus profonds. J’espère que de nouveaux thèmes vont émerger. Nous avons aussi besoin de leaders d’opinion, de prescripteurs, un peu comme les libraires dans l’univers des livres papier. Il reste un travail de promotion des auteurs auto édités à accomplir. Nous ne sommes pas des auteurs du dimanche !
Clémence Roux Deluze
Mémé dans les orties - Aurélie Valognes - Éditions Michel Lafon
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